Un décalage existe entre les dangers perçus et les risques réels liés aux animaux - La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006

Santé publique. Intégration de l’animal en milieu urbain

Actualité

Auteur(s) : Valentine Chamard

La plupart des municipalités se déclarent sereines quant aux risques potentiels imputables à l’animal.

Le 2e observatoire des métropoles a eu lieu le 18 octobre dernier à Paris. Il était organisé par l’Association française d’information et de recherche sur l’animal de compagnie (Afirac), dont la vocation est d’étudier le phénomène social que constitue la cohabitation entre l’animal familier et l’homme. Cette conférence, ciblée sur les questions suscitées par les enjeux de santé publique liés à la présence de l’animal en ville, s’adressait en particulier aux élus locaux, qui entendent à la fois appliquer le principe de précaution à l’égard de la population et se prémunir eux-mêmes contre toute mise en cause de leur responsabilité personnelle.

La réunion a débuté par l’analyse des réponses à un questionnaire envoyé en septembre dernier aux municipalités de plus de vingt mille habitants. Les communes qui y ont répondu se sont en majorité (69 %) déclarées sereines vis-à-vis des risques potentiels de santé publique imputables à l’animal, malgré “l’épisode grippe aviaire” qui a “secoué” l’opinion publique et a nécessité des mesures adaptées (la moitié des communes ayant répondu ont indiqué avoir formé leurs agents techniques en matière d’influenza aviaire). Les préoccupations des villes ont essentiellement trait à la présence du chien (agressions, nuisances sonores, déjections) et aux oiseaux (grippe aviaire et surpopulation).

Yves Delaire, avocat, a rappelé les pouvoirs conférés au maire dans le cadre de la loi de 1999 relative aux chiens dangereux, avec la modification apportée en 2001 qui permet qu’un vétérinaire soit mandaté. Il a également souligné le retour sur le devant de la scène des chiens dangereux, évoqués dans le projet de loi Sarkozy sur la prévention de la délinquance.

Notre consœur Barbara Dufour, épidémiologiste à l’école d’Alfort, est intervenue sur les risques perçus et les risques réels, en particulier liés à l’influenza aviaire. Elle a insisté sur le décalage entre la sur médiatisation de cette maladie des oiseaux (qui a véhiculé la perception d’un risque élevé) par rapport au danger réel (cent cinquante morts en quatre ans sur des millions de personnes particulièrement exposées).

La gestion de la crise “grippe aviaire” a été tant centrale que délocalisée

Richard Goffette, chef du bureau de la santé animale à la Direction générale de l’alimentation (DGAL), a expliqué pourquoi l’Etat a un rôle à jouer (danger pour l’homme, gravité économique causée par la fragilisation des filières de production animale et répercussions sur le commerce international) et a rappelé ses missions en matière de santé publique liée aux animaux. Il a expliqué les moyens juridiques d’action et les moyens techniques et a décrit la démarche mise en place par l’Etat pour la gestion de l’influenza aviaire, notamment en réaction aux avis de l’Afssa (vingt-six au total concernant la maladie, de septembre 2005 à juin 2006) : importation d’oiseaux et dérivés interdite, surveillance des mortalités d’oiseaux sauvages (le rôle des laboratoires vétérinaires départementaux a été souligné dans le cadre des autopsies et des recherches virologiques chez 3 307 oiseaux) et protection des élevages. Il a également précisé que des mesures ont été instaurées pour intervenir rapidement en cas de nouvelle crise (stock national de vaccins, formation de 2 100 vétérinaires sanitaires, exercices d’entraînement dans les directions départementales des services vétérinaires, etc.). La crise “grippe aviaire” a ainsi fait l’objet d’une gestion interministérielle tant centrale que délocalisée, en lien avec divers acteurs (Afssa, vétérinaires sanitaires, fédérations de chasseurs, etc.), ainsi que d’une adaptation aux dispositions réglementaires de la communauté européenne.

Notre confrère Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) a, pour sa part, insisté sur le rôle du vétérinaire, placé au cœur de la politique de prévention auprès du public en tant que relais d’opinion. Il a également souligné que les confrères sont au service des élus en apportant leur expertise (conseil technique, participation à la vie politique locale pour 5 % d’entre eux) et a précisé que la profession n’est pas assez sollicitée par les collectivités territoriales, bien que « l’organisation de la profession et ses connaissances permettent de travailler avec les collectivités, pour le bien-être des animaux ». Il a également expliqué ce qu’est le mandat sanitaire, qui lie le vétérinaire au préfet. Il a enfin insisté sur l’implication de la profession dans les discussions relatives aux chiens dangereux.

La biodiversité est plus grande dans les villes que dans les campagnes

Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a, lui, souligné le rôle majeur qu’ont joué les associations, dont celle qu’il préside, dans la gestion de la grippe aviaire, notamment en collaboration avec Bird Life International, pour étudier l’impact des flux migratoires des volatiles et des déplacements humains quant à la diffusion de la maladie. Il a également mentionné que, contrairement à une idée reçue, les oiseaux, qui servent d’indicateurs de biodiversité, s’épanouissent actuellement mieux en ville qu’à la campagne (27 % d’oiseaux en moins en quinze ans dans les campagnes).

En guise de conclusion, notre consœur Geneviève Gaillard, députée des Deux-Sèvres, a insisté sur le fait que la place de l’animal dans la société est le parent pauvre des préoccupations politiques. Les élus locaux, que la loi responsabilise en cas de difficultés, prennent davantage de mesures répressives, comme la suppression des aires destinées aux chiens, que préventives. Et les abattages massifs se font dans l’indifférence générale.

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