Les chevaux de vingt ans ou plus font désormais régulièrement l’objet de consultations - La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006

Informations démographiques et médicales sur le cheval âgé

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Une équipe a analysé les caractéristiques des vieux équidés et a répertorié les affections les plus rencontrées.

Chez l’homme, la période gériatrique débute lorsque 75 à 80 % de l’espérance de vie sont atteints. Chez le cheval, la durée de vie n’a pas été évaluée et a longtemps été conditionnée par des données économiques. Les auteurs qui étudient le cheval âgé considèrent toutefois que la période gériatrique commence aux alentours de vingt ans. D’après le département américain de l’Agriculture, les vieux chevaux représentent 7,5 à 20 % de la population équine totale aux Etats-Unis.

Les hongres sont davantage représentés que les juments et les étalons

Les dossiers médicaux de 467 chevaux reçus à l’université de Tufts (Massachusetts) sont examinés. Tous les animaux ont vingt ans ou plus le jour de la consultation. 85 % ont entre vingt et vingt-neuf ans et 15 % entre trente et quarante-cinq ans, soit un âge moyen de vingt-quatre ans. Les races les plus rencontrées sont, par ordre décroissant de fréquence, le pur sang, le quarter horse, le morgan, l’appaloosa et l’arabe. Les poneys représentent 15 % de l’effectif. Les hongres sont plus nombreux (57 %) que les juments (39 %) et les étalons (4 %).

Les affections diagnostiquées atteignent le système digestif pour 54 % des chevaux, les appareils musculaire et ostéoarticulaire dans 24 % des cas et l’appareil respiratoire dans 16 %. Les affections endocrines (11 %), oculaires (11 %) et cardiovasculaires (7 %) sont moins fréquentes. Des maladies touchant la peau, le système nerveux ou hémolymphatique et l’appareil uro-génital sont également mises en évidence de façon plus occasionnelle.

L’impaction du gros côlon devance la strangulation du petit intestin par un lipome

Lors de signes de colique, les affections du gros côlon sont plus fréquentes que celles du petit intestin (45 % contre 40 %). L’impaction du gros côlon est le trouble le plus courant. Il est mis en relation avec la diminution prouvée de l’aptitude du tractus digestif à digérer les protéines brutes, le phosphore et les fibres chez un cheval vieillissant insuffisamment vermifugé tout au long de sa vie. La présence d’une maladie dentaire chez le vieux cheval peut aussi apporter sa contribution à la diminution de digestibilité. Le lipome, créant une lésion du petit intestin par strangulation, est responsable de presque la moitié des coliques du petit intestin. L’augmentation de l’incidence de l’étranglement du petit intestin par un lipome avec l’âge du cheval est prouvée. Les lésions gastriques (ulcères, néoplasies) sont moins représentées (moins de 20 % des causes de colique).

Une affection articulaire dégénérative est présente dans 40 % des troubles locomoteurs

Un cheval sur quatre est présenté pour l’évaluation d’un trouble locomoteur. Dans ce groupe, un individu sur trois présentait une affection localisée au niveau du doigt (diagnostic de fourbure dans 86 % des cas). Les autres problèmes concernent les articulations du boulet, du tarse et du carpe.

Le troisième groupe des maladies le plus fréquemment diagnostiquées affecte le système respiratoire (16 % des cas). Les chevaux souffrent d’affections variées comme l’obstruction récurrente des voies respiratoires (6 % de l’effectif total), la pneumonie ou des maladies des voies respiratoires supérieures. Dans l’anamnèse de pneumonie figure souvent une obstruction œsophagienne unique ou répétée, associée ou non à une maladie dentaire.

Le dysfonctionnement pituitaire constitue le trouble endocrinien le plus fréquent

Chez un vieux cheval sur dix, un dysfonctionnement de la glande pituitaire est mis en évidence sur la base de l’observation de l’hirsutisme et de la détection d’un taux plasmatique augmenté d’ACTH, ou d’après la découverte d’une glande hypertrophiée à l’autopsie. Dans 33 % des cas, la fourbure est aussi présente. Les autres troubles endocriniens concernent les glandes thyroïdes et surrénales.

Hormis le dysfonctionnement pituitaire et le lipome étranglant, un néoplasme est identifié chez un cheval sur dix, le plus souvent un épithélioma spinocellulaire affectant le pénis, l’œil ou encore les systèmes digestif et respiratoire. Les mélanomes et les lymphosarcomes sont rares.

Tous systèmes confondus, les six diagnostics les plus souvent établis sont donc le dysfonctionnement pituitaire (10 % des cas), le lipome strangulant (7 %), la fourbure (6 %), l’obstruction récurrente des voies respiratoires (6 %), l’impaction du gros côlon (5,5 %) et les ulcères gastriques (5,5 %). Bien entendu, la répartition des différentes affections rencontrées dans cette étude est susceptible de changer selon la région ou la clientèle étudiée. Par exemple, les juments étant plus représentées dans un groupe de vieux chevaux d’une région d’élevage, la cause des coliques est alors fréquemment la rupture de l’artère utérine.

Les auteurs ont poursuivi leur investigation par une enquête visant à comparer une population de chevaux âgés à une population de jeunes chevaux vivant dans les mêmes conditions. Ils prouvent que le risque d’un historique de colique, de troubles dentaires, d’un dysfonctionnement pituitaire et de tumeurs est plus important chez les animaux âgés de plus de vingt ans. En revanche, aucune relation n’est mise en évidence entre l’âge et les affections oculaires, la fourbure, la diarrhée, les allergies, les maladies du système respiratoire, l’anomalie de la fonction thyroïdienne ou les fractures d’os. Cette étude conforte les mesures déjà entreprises par nombre de propriétaires de vieux chevaux, à savoir porter une attention particulière aux soins dentaires et à l’hygiène gastro-intestinale avec un programme nutritionnel et de vermifugation adapté à l’état de l’animal, ainsi qu’une optimisation de ses conditions de vie.

BIBLIOGRAPHIE

  • • M.M. Brosnahan et M.R. Paradis : « Demographic and clincal characteristics of geriatric horses : 467 cases (1989-1999) », J. Am. Vet. Med. Assoc., 2003, vol. 223, n° 1, pp. 93-98.
  • • M.M. Brosnahan et M.R. Paradis : « Assessement of clinical characteristics, management practices and activities of geriatric horses », J. Am. Vet. Med. Assoc., 2003, vol. 223, n° 1, pp. 99-103.
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