Bruxelles entend “éduquer” les médias quant à la transmission des informations - La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1243 du 28/10/2006

Grippe aviaire. Couverture journalistique du risque pandémique

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

L’émergence et la propagation de l’épizootie de grippe aviaire due au virus H5N1 HP nous ont permis de faire un certain nombre d’observations quant à la diffusion de l’information dans ce domaine, et nous devons désormais en tirer des leçons », estime Philippe Tod, porte-parole du commissaire européen chargé de la Santé et de la Protection des consommateurs. « Il est important, pour nous, de contribuer à l’éducation des médias et, avec eux, à celle du grand public, et d’obtenir que les médias européens soient en mesure de transmettre au mieux et au plus vite les informations indispensables si une pandémie humaine de grippe aviaire arrive un jour. Car, au moment venu, il sera trop tard pour faire de la pédagogie de base », ajoute-t-il. Ces propos ont été recueillis par l’envoyé spécial du Monde(1) lors d’un séminaire organisé par la Commission européenne à Bruxelles, les 16 et 17 octobre derniers, auquel ont participé les représentants de trente-deux médias des différents pays de l’Union européenne.

« Des politiques éditoriales privilégiant le sensationnalisme contre la pédagogie »

Philippe Tod pointe du doigt des « dysfonctionnements de communication, tant du côté des médias que de la Commission ». Il évoque ainsi des politiques éditoriales privilégiant le sensationnalisme d’une éventuelle pandémie au détriment de la pédagogie. Il relève une série de confusions dans les termes employés pour définir les épidémies animales (épizooties) et humaines (pandémies), voire parfois une confusion avec la grippe saisonnière. « Cela ne facilite ni la compréhension par le grand public des phénomènes actuels ni l’évaluation raisonnée des risques. »

« Force est de reconnaître que nous sommes dans une situation complexe, puisqu’il nous faut communiquer à l’avance sur des incertitudes [en ce qui concerne une éventuelle pandémie humaine de grippe d’origine aviaire Ndlr], explique, pour sa part, Marie-Paule Benassi, directrice de l’information à la Direction générale de la santé et de la protection des consommateurs. Nous souhaitons que les médias soient en mesure d’agir au mieux dans la diffusion de l’information de manière à limiter les effets de panique collective et à aider la population. »

Le traitement de la presse quotidienne se rapproche-t-il de celui de la presse magazine ?

En 2004, en 2005 et en 2006, force est de constater que les articles, voire les “une” des grands quotidiens nationaux ont avantagé l’alarmisme, certainement plus vendeur que la pédagogie. Le Figaro a ainsi titré : « Grippe aviaire : premiers morts aux portes de l’Europe » (janvier 2006), Le Monde : « L’épidémie devient extrêmement dangereuse » (février 2004), Libération : « Grippe aviaire : la France sur ses ergots » (octobre 2005) ou encore « Oiseaux de malheur » (janvier 2004). Le vocabulaire employé évoque un danger imminent, la guerre, etc. Pour parler du risque pandémique, il semble que la plupart des médias grand public ont choisi de traiter l’information sous l’angle de la prospective (opter pour un scénario à partir d’une situation existante), plutôt que pour celui de la prévision, qui relève du pronostic. Certes, la frontière entre ces deux types de traitement est étroite, mais, pour la presse quotidienne nationale, le risque est de “glisser” vers la presse magazine, traditionnellement encline à la “spectacularisation” et à la dramatisation de l’information, comme le remarque à juste titre Gaëlle Bohé, journaliste, dans une analyse pour l’Observatoire des médias. Il est alors logique que devant les articles alarmants, les lecteurs s’inquiètent.

La lutte contre la maladie à sa source, animale, ne semble guère intéresser les médias

En 2005 et en 2006, la presse grand public a pratiquement toujours occulté le volet animal de la grippe aviaire. Or la lutte contre cette zoonose, à sa base, chez les volailles, est essentielle pour réduire le risque pandémique potentiel chez l’homme. C’est ce que ne cessent de répéter l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et la Food and Agriculture Organisation (FAO) depuis le début de l’épizootie en Asie, fin 2003. En “écartant” cet aspect primordial, les médias incitent, consciemment ou non, les experts de la santé humaine à se montrer alarmistes et les bailleurs de fonds à investir dans des moyens de protection humaine (masques, antiviraux) au détriment de l’éradication du H5N1 HP chez les volatiles.

  • (1) Le Monde du 18/10/2006.

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