L'incontournable butorphanol est (enfin) disponible à Versailles

La seule nouveauté majeure du congrès équin de Versailles, organisé du 11 au 14 octobre dernier, concerne le lancement par Fort-Dodge de Torbugesic®, une solution injectable à 1 % de butorphanol. Les vétérinaires équins français attendaient depuis longtemps ce morphinique injectable lancé en 1980 aux Etats-Unis et dans les années 1990 dans la plupart des pays européens limitrophes de la France. Il ne sera donc plus nécessaire de “flirter” avec la légalité des importations de médicaments vétérinaires pour pouvoir pratiquer la médecine ou la chirurgie équine sans faire souffrir inutilement l'animal, conformément aux « données actuelles de la science ».

Le butorphanol est un agoniste-antagoniste de la morphine. Il agit comme un agoniste des récepteurs κ, ce qui est à l'origine d'une analgésie puissante et d'une sédation. En revanche, il s'agit d'un antagoniste des récepteurs µ, ce qui le conduit à ne pas présenter les effets secondaires d'excitation ou de dépression respiratoire décrits avec la morphine. Le butorphanol ne fait ainsi pas partie des médicaments classés comme stupéfiants. Toutefois, son administration intraveineuse est exclusivement réservée aux vétérinaires. Le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP) de Torbugesic® en France ne mentionne qu'une seule indication contre les douleurs abdominales associées aux coliques. La dose d'emploi est alors de 100 µg/kg (1 ml/ 100 kg). Le score douloureux diminue vite, en quelques minutes, tout comme la tachycardie et la tachypnée. L'un des atouts du butorphanol est alors sa courte durée d'action : de deux ou quatre heures seulement. Il n'a donc pas d'effet masquant en cas d'évolution défavorable de la colique qui nécessiterait une intervention chirurgicale. Les associations avec les antispasmodiques, les AINS à durée d'action plus longue sont possibles, ainsi qu'avec les α2agonistes, en diminuant les doses dans ce dernier cas.

La majeure partie des publications concernent la neuroleptanalgésie et l'utilisation de ce morphinique dans les protocoles de sédation ou de chirurgie. Le butorphanol est alors presque toujours employé à une dose plus faible (25 µg/kg, soit 0,25 ml/100 kg) et en association avec des α2agonistes à dose plus faible : le plus souvent la romifidine, Sedivet® (40 à 80 µg/kg) ou la détomidine, Domosedan® (10 µg/kg).

Les protocoles sont toutefois aussi nombreux que les vétérinaires. Outre la qualité de l'analgésie et de la sédation, les bénéfices sont multiples, notamment le confort du chirurgien qui intervient sur un cheval calme, la diminution des effets secondaires des α2agonistes comme l'hyperesthésie (notamment aux mouches), la diminution des quantités globales d'anesthésiques, ainsi qu'un réveil et un relevé nettement plus faciles et sécurisants si le cheval est opéré en position couchée.

Au Royaume-Uni, le butorphanol est aussi indiqué chez les chiens (100 à 200 µg/kg en association avec un α2) ou des chats (400 µg/kg surtout pour l'analgésie postopératoire).

Du côté des autres laboratoires pharmaceutiques, les nouveaux médicaments restent rares. Boehringer Ingelheim a obtenu une extension d'indication pour la solution injectable à 20 mg/ml de méloxicam (Metacam®) pour les coliques des chevaux.

Une journée précongrès était consacrée à la rhinopneumonie

Merial, pour sa part, sponsorisait une journée européenne précongrès consacrée à la rhinopneumonie. A cette occasion, le laboratoire a développé ses nouveaux concepts pour les vaccins du futur. A plus brève échéance, Merial propose de nouveaux usages pour l'oméprazole Gastrogard®, le seul médicament contre les ulcères gastriques des chevaux. A court terme, une extension d'AMM devrait valider une dose de 1 mg/kg pour la prévention des ulcères. Un protocole est aussi proposé en anesthésiologie en réalisant des administrations d'oméprazole la veille de l'intervention, le jour même et le lendemain.

Le closantel “hors AMM” contre la fasciolose

Du côté des antiparasitaires et des endectocides, Janssen propose depuis quelques mois Furexel® Combi, une pâte orale d'ivermectine et de praziquantel similaire à Eqvalan® Duo (Merial). Plus original, Janssen apporte quelques données bibliographiques sur l'utilisation du closantel (Seponver®) contre la fasciolose chez les équidés.

Chez Virbac, la seringue Eraquell® à base d'ivermectine est désormais dosée pour un cheval jusqu'à 700 kg, comme celle d'Equimax® avec le praziquantel, alors que les seringues des concurrents sont dosées pour des chevaux de 600 kg ou moins. Ce laboratoire propose une déclinaison de sa gamme de dermatologie canine (Allerderm®) à la dermatologie équine. Le premier produit est un shampoing Equimyl® à base d'extraits colloïdaux d'avoine et de chitosanide en utilisant la technologie des sphérulites. Le flacon de 500 ml permet de réaliser environ dix shampoings, surtout chez les chevaux qui présentent des gales de boue, des dermites allergiques estivales (DERE), etc.

Une pléthore de produits sans AMM

Les nouveautés étaient beaucoup plus nombreuses du côté des produits sans AMM. Audevard présentait ainsi, pour son produit Ekyflex® Repair, deux études cliniques en double aveugle contre placebo sur l'efficacité de la chondroïtine, la glucosamine et l'acide hyaluronique.