Une plaie de morsure chez un porc-épic est traitée par cicatrisation par seconde intention - La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006

Conflit entre congénères

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Emmanuel Risi

Un porc-épic mâle issu d’un parc zoologique est amené en consultation pour une large plaie de la cuisse.

La plaie est traitée dans un premier temps avec une application locale d’antiseptique (povidone iodée, Vétédine®, à raison d’une application quotidienne pendant cinq jours). Quelques jours après l’arrêt du traitement, un nouveau conflit provoque une aggravation des blessures.

A l’examen clinique à distance, une large lésion cutanée et musculaire de la cuisse droite, ainsi qu’une suppuration des tissus lésés sont observées. L’animal présente une boiterie franche. L’appétit et les réactions de défense sont cependant conservés. L’examen rapproché est impossible sans une tranquillisation poussée. Le porc-épic est anesthésié à l’aide d’une injection intramusculaire de médétomidine (Domitor®, 50 µg/kg) et de kétamine (Chlorketam®, 10 mg/kg). Des lésions plus graves et profondes sont alors mises en évidence (voir photo 1). L’ensemble de la peau de la face latérale du membre postérieur droit est déchiré, ainsi que celle qui recouvre le bassin et le premier quart du flanc. Les muscles vaste latéral et fessiers superficiels sont également déchirés en partie. Le reste de l’examen clinique ne révèle rien d’anormal.

L’emploi d’un lambeau simple monopédiculé d’avancement est envisagé

Un parage des plaies musculaires et cutanées est décidé. Une suture directe est prévue dans certaines régions. L’anesthésie fixe est complétée à l’isoflurane après l’intubation de l’animal à l’aide d’une sonde de 5 mm. Un cathéter intraveineux est placé dans la veine céphalique et le porc-épic est perfusé tout au long de l’intervention (Ringer lactate, 10 ml/kg/h). L’analgésie est gérée par l’administration de morphine (0,5 mg/kg par voie sous-cutanée). Le porc-épic est placé en décubitus latéral gauche et les marges de la plaie sont épilées manuellement. La peau est nettoyée à l’alcool, désinfectée par trois passages successifs de povidone iodée puis rinçée avec cette dernière, diluée au 10e. Une zone de peau recouvrant les côtes est rasée et préparée stérilement pour la réalisation du lambeau cutané.

Les parages cutané et musculaire sont réalisés en éliminant l’ensemble des tissus nécrosés. Après écouvillonnage des zones purulentes de la plaie, des rinçages abondants avec de la povidone iodée diluée permettent de diminuer la charge bactérienne. Le lambeau cutané est effectué en disséquant la peau saine adjacente, avec son derme et l’hypoderme, jusqu’à l’aponévrose des muscles sous-jacents. La peau semble très friable et fragile à la dissection. Pour les zones où l’élasticité de la peau le permet, une suture est réalisée (points simples au fil monofilament décimale 3). Les marges du lambeau sont suturées de la même façon.

Afin de favoriser la cicatrisation par seconde intention, une couche de pansement humide est réalisée (tulle gras). Un épais bandage, à l’aide d’une couche de coton, de bandes crêpes et d’une bande collante est mis en place. Il englobe les épines dorsales rabattues sur le dos de l’animal. Le réveil est rapide après quelques minutes sous oxygène et lampe chauffante.

Le lendemain, le pansement a été complètement retiré par l’animal et la base du lambeau cutané s’est déchirée (voir photo 2). Une nouvelle anesthésie permet de nettoyer de nouveau la plaie et de confirmer la finesse et la fragilité de la peau, qui se déchire à la simple traction. Le lambeau est alors retiré totalement et une surface musculaire importante est laissée à l’air libre.

Une cicatrisation par seconde intention est envisagée pour l’ensemble de la plaie

Les divers pansements réalisés se sont tous montrés inefficaces du point de vue de la tenue sur les épines (pansement collé, d’Alfort, au miel, etc.). Malgré les risques infectieux liés à l’environnement, la plaie est laissée à l’air libre pour une cicatrisation par seconde intention. Durant la première intervention chirurgicale, une injection intraveineuse de marbofloxacine (5 mg/kg) est réalisée. Elle est poursuivie par voie intramusculaire dans la cuisse en attendant les résultats de l’antibiogramme. Celui-ci révèle la présence de trois souches de bactéries en quantité très importante : Proteus vulgaris, Staphylococcus aureus et Escherichia coli, toutes sensibles à la marbofloxacine. Le traitement antibiotique est alors poursuivi pendant trente jours consécutifs.

Tous les quatre jours, pendant quatre semaines puis une fois par semaine pendant un mois, le porc-épic est tranquillisé à l’aide de médétomidine (50 µg/kg) et de midazolam (2 mg/kg) pour un nettoyage stérile de la plaie. Les tissus nécrosés et chéloïdes sont retirés, des irrigations à la povidone iodée diluée sont effectuées et de la poudre anti-infectieuse est appliquée (voir photo 4). Au cours du traitement, les marges de la plaie se rapprochent progressivement avec la formation d’un tissu de granulation et une épidermisation de la surface. Les soins sont poursuivis sous tranquillisation une fois tous les quinze jours. La cicatrisation complète par seconde intention est effective quatre mois plus tard (voir photo 5).

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