Que pensez-vous d’une visite comportementale des chiens mordeurs ? - La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006

Entre nous

FORUM

Une procédure officielle devrait régir l’évaluation

Vincent Coupry, praticien à Cholet (Maine-et-Loire)

Je suis tout à fait favorable au projet d’associer une consultation de comportement aux trois “visites mordeur” obligatoires. Il me semble cependant que certains écueils sont à éviter pour que cette consultation soit bénéfique pour tous. Il est important, en premier lieu, que cette visite ne soit pas réalisée par n’importe quel vétérinaire. Pour éviter de graves erreurs, il est préférable que le praticien possède un minimum de compétences sur le sujet. De même, je ne pense pas qu’il soit judicieux de faire réaliser cette consultation par le praticien habituel de l’animal, même s’il s’agit d’un vétérinaire comportementaliste. Il existe alors trop de liens avec le propriétaire pour que le jugement du vétérinaire soit objectif. Ce dernier peut en effet avoir tendance à minimiser l’agression commise par l’animal d’un bon client ou, au contraire, à noircir le tableau face à un propriétaire difficile.

C’est pourquoi je pense que cette évaluation du comportement de l’animal à la suite d’une morsure devrait être régie par une procédure officielle. Ainsi, il serait imaginable que la Direction des services vétérinaires (DSV) dispose d’une liste de vétérinaires volontaires pour réaliser ces consultations (lesquels devraient avoir reçu une formation obligatoire d’un jour ou deux). Lorsque la DSV recevrait les certificats d’animaux mordeurs, elle pourrait envoyer un courrier au propriétaire, l’obligeant à se rendre à une consultation de comportement chez un vétérinaire imposé. Si les pouvoirs publics s’en donnaient la peine, ils pourraient régler eux-mêmes la consultation au praticien. De plus, afin d’éviter tout souci lié à notre responsabilité, à la suite de l’expertise, le préfet ou le directeur de la DSV pourrait préciser au propriétaire les mesures à prendre (port de muselière obligatoire ou euthanasie dans les cas les plus graves, par exemple). Celles-ci devraient être obligatoires et donner lieu à des sanctions sévères en cas de récidive ou de non-respect.

La visite contient un volet comportemental implicite

Frédéric Gobillot, praticien à Colombes (Hauts-de-Seine).

Nous recevons moins d’un animal “mordeur” par semaine. Dans cette catégorie, il faut considérer deux entités distinctes. D’une part, la “visite mordeur” stricto sensu, demandée par un tiers (agressé, médecin ou police), assez rare, et d’autre part, la visite initiée par le propriétaire face à un comportement “mordeur” de son animal. Le second groupe est naturellement plus réceptif à une visite comportementale. Au-delà du désir d’être rassuré sur le risque pour la personne mordue, le propriétaire cherche à comprendre l’attitude de son animal et, si le diagnostic indique une prédisposition du chien à être “mordeur”, il est souvent prêt à entreprendre un traitement.

La question du bien-fondé d’une visite comportementale associée à la consultation mordeur se pose plus nettement pour le second groupe. Elle me semble indispensable. C’est une évidence liée à notre responsabilité d’individu (et pas seulement de vétérinaire). Dans notre clinique, nous essayons de sensibiliser les propriétaires à l’utilité d’une thérapie, approchant déjà la pathologie lors des rendez-vous mordeurs et commençant à donner quelques conseils (ré)éducatifs. Finalement, la “visite mordeur” contient implicitement ce volet comportemental. Il reste que certains propriétaires sont totalement hermétiques à nos arguments, sûrs de pouvoir régler le problème eux-mêmes, voire totalement inconscients du danger. Augmenter le nombre de visites obligatoires ne changera rien pour ceux qui n’ont pas été sensibilisés par les trois premières. L’obligation ne fait pas la fonction.

Quant à référer à un spécialiste, comme pour toute maladie, c’est à chacun de connaître les limites de ses compétences et d’en user au cas par cas. Cependant, peut-être est-ce une option pour ces propriétaires “aveugles” face au danger que représente leur “gentil toutou”.

Une consultation comportementale permettrait de sensibiliser les propriétaires et de les inviter à accepter un traitement

Olivier Mallet, praticien à Pégomas (Alpes-Maritimes).

Dans le cadre de mon activité généraliste, je réalise relativement peu de “visites mordeur”, une dizaine par an environ. Les propriétaires de ces animaux me sont le plus souvent envoyés par l’hôpital voisin à la suite des consultations des personnes mordues. Ils viennent en général contraints et forcés et ne se sentent pas concernés par l’attitude agressive de leur animal.

Ils minimisent souvent les faits et ne modifient pas leur comportement vis-à-vis de leur chien. Ce ne sont généralement pas des clients potentiels pour des consultations de comportement.

Aussi, je trouve judicieux d’associer une consultation comportementale aux trois “visites mordeur” obligatoires. Une seule consultation ne serait certainement pas suffisante, mais permettrait de sensibiliser les propriétaires et de les inviter à poursuivre un traitement comportemental. Ces consultations devraient être réalisées par des vétérinaires qui possèdent un minimum de bases théoriques et pratiques en la matière. Elles sont en effet nécessaires pour conduire une consultation comportementale avec ce type de maîtres. Le discours à adopter doit différer de celui qui peut être tenu avec un client particulièrement impliqué dans l’éducation de son animal, et éviter par exemple de se montrer trop directif. Il est ainsi possible d’envisager une formation des vétérinaires généralistes, du type de la formation en radiocompétence.

Cela permettrait d’éviter tous les soucis liés aux éventuels problèmes de responsabilité en cas de récidive de l’animal.

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