Lors d’acidose ruminale latente, l’animal est en état de déséquilibre inconstant - La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1241 du 14/10/2006

Métabolisme des ruminants

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

L’acidose latente est de type butyrique ou de type propionique selon l’intensité de la baisse de pH.

L’installation de l’acidose latente dans un troupeau a un impact négatif sur les coûts de production et donc sur la rentabilité financière des élevages », expliquent les auteurs d’une étude bibliographique sur ce phénomène(1). L’acidose ruminale est la conséquence d’un déséquilibre entre une production excessive d’acides provenant des fermentations microbiennes et les facteurs de compensation pouvant limiter les effets de cette production, comme la nature de l’écosystème microbien, la production de molécules à pouvoir tampon issues de l’insalivation ou la distribution de substances tampon. Le déséquilibre peut être irréversible lors d’acidose aiguë. Lors d’acidose latente, il s’agit d’une alternance entre un état d’équilibre et une situation de déséquilibre.

Une augmentation de la proportion de concentrés dans la ration

Les périodes de transition sont des phases à risque. En effet, elles font intervenir des changements quantitatifs et qualitatifs de la ration. Il s’agit principalement de la période autour du vêlage chez la vache laitière haute productrice, ainsi que du démarrage des jeunes ruminants à l’engraissement. « Dans ces deux situations, la forte augmentation des besoins alimentaires de l’animal pour couvrir ses besoins de production s’accompagne d’une part d’une hausse des quantités ingérées globales et d’autre part d’un accroissement de la proportion de concentrés dans la ration (…), et ce, au détriment de celle du fourrage », expliquent les chercheurs. Ainsi, il s’ensuit une diminution de la rumination, de la production de salive et donc des substances tampons d’origine salivaire qui arrivent dans le rumen.

L’acidose peut également être observée en dehors des transitions alimentaires, plus particulièrement pour les vaches en milieu de lactation ou les bovins en fin d’engraissement qui ingèrent de grandes quantités de nourriture.

Les fermentations ruminales s’orientent d’abord vers le butyrate

Lors d’acidose latente, le rumen est dans un état de déséquilibre inconstant. Le pH ruminal est proche des valeurs physiologiques inférieures, mais il subit souvent des variations de forte amplitude. Les valeurs de pH minimales pour définir une acidose latente varient entre 5 et 5,5 pour certains auteurs, entre 5,2 et 5,6 pour d’autres ou bien sont inférieures à 6. Contrairement à l’acidose aiguë, la concentration ruminale en lactate reste faible (moins de 10 nM) au cours de l’acidose latente. « L’augmentation de l’acidité du milieu ruminal serait essentiellement liée à celle de la concentration ruminale en acides gras volatils (AGV), bien que ceci ne soit pas systématique », selon les scientifiques. En ce qui concerne la proportion relative des différents AGV ruminaux, la proportion d’acétate diminue généralement durant l’acidose latente au profit, selon les cas, d’une augmentation de la proportion de butyrate et/ou de propionate. Les chercheurs supposent que les fermentations ruminales s’orientent d’abord vers le butyrate puis vers le propionate, au fur et à mesure que le pH ruminal diminue dans la gamme caractéristique de l’acidose latente (6 à 5).

L’écosystème microbien est modifié. Ainsi, il a été rapporté une diminution des activités des principales enzymes impliquées dans la dégradation des parois végétales. Par ailleurs, le nombre de protozoaires peut augmenter, plus particulièrement lorsque le pH ruminal reste supérieur à 5,5, avec une prédominance du genre Entodinium. Quand le pH est compris entre 5 et 5,5, il est observé, à l’inverse, une diminution de la population de protozoaires.

Les éventuelles complications sont les abcès hépatiques et la fourbure

Les ruminants atteints d’acidose latente présentent des symptômes plus diffus, moins caractéristiques que lors d’acidose aiguë. L’une des premières conséquences de l’acidose ruminale est une perturbation de la motricité ruminale. Cela s’accompagne d’une fluctuation de l’appétit pouvant aller jusqu’à l’arrêt de la prise alimentaire.

Des épisodes de diarrhée peuvent être observés, plus marqués chez les petits ruminants que chez les bovins. Une météorisation est possible. L’acidose provoque également une inflammation de l’épithélium ruminal et même une détérioration de l’intégrité de la paroi du rumen. Les éventuelles complications infectieuses et locomotrices sont les abcès hépatiques, fréquemment associés à la ruminite, surtout chez les taurillons et les agneaux à l’engrais, ainsi que la fourbure.

« L’acidose métabolique n’est pas nécessairement liée à l’acidose ruminale latente, précise l’équipe scientifique. Toutefois, elle est une complication de l’acidose ruminale aiguë pour laquelle une accumulation importante de lactate dans le rumen est observée. »

Un régime acidogène entraîne en premier lieu une chute du taux butyreux liée à la diminution de la sécrétion d’acides gras. Par ailleurs, la production laitière baisse de manière temporaire, parallèlement aux quantités ingérées lorsque la vache est en situation d’acidose. En production de viande, il est probable que l’état acidotique de l’animal puisse être relié à une diminution de la vitesse de croissance.

Les auteurs de l’étude constatent que les données manquent sur la relation quantitative entre les phénomènes d’acidose et les diminutions de quantités ingérées et les performances des animaux. Ils encouragent les travaux de recherche à s’orienter dans cette voie.

  • (1) C. Martin et coll. : « Mécanismes d’apparition de l’acidose ruminale latente et conséquences physiopathologiques et zootechniques », Inra Productions animales, 2006, vol. 19, n° 2, pp. 93-108.

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