Les agents pathogènes « bougent », les praticiens de la filière avicole s’adaptent

Traditionnellement, le Groupe français de l’Association mondiale vétérinaire d’aviculture (GF-AMVA) place la matinée du mercredi du Space (Salon des productions animales-Carrefour européen) sous le signe des actualités concernant les affections aviaires, issues tant du terrain que de la recherche.

Durant la dernière édition, le programme, dense et varié, était inspiré par l’abondante actualité de l’année écoulée, à la fois épidémiologique, clinique, réglementaire, politique et médiatique. 2006 a donné lieu au bilan de la prévalence des salmonelles dans les élevages européens de poules pondeuses. Notre confrère Gilles Salvat, directeur de l’Association française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de Ploufragan, a présenté une rétrospective des actions menées en France depuis 1982 qui ont permis aux élevages de notre pays, producteur notable d’œufs, d’atteindre l’un des meilleurs niveaux d’Europe. A ce titre, la fiabilité du système de surveillance assuré par les vétérinaires sanitaires et les professionnels est éprouvée. En ce qui concerne les salmonelles, l’émergence des sérotypes Hadar, Infantis et Virchow en élevages de poulets de chair pourrait entraîner l’extension de la lutte contre ces stérotypes de salmonelles dans les élevages de reproducteurs. Parmi les échéances européennes, octobre 2006 est celle du début de “l’enquête salmonelle” en filière dinde et mars 2007 celle relative à la viande de poulet de chair. Quant à la question de l’utilisation des vaccins vivants, actuellement interdite, notre confrère indique que « la vaccination, si elle est autorisée, doit être réservée à des élevages de haut niveau sanitaire ».

« Nos certitudes sont remises en question quant à l’herpès virose du canard »

Au cours du printemps et de l’été derniers, notre confrère Thierry Gavaret, de Labovet Conseil, a été confronté à des manifestations atypiques de l’herpès virose du canard. Classée maladie rare, la peste du canard était jusqu’alors connue pour ses formes spectaculaires, avec 100 % de mortalité uniquement dans les lots d’animaux en prégavage. Les cas identifiés dans les Pays-de-la-Loire et les zones de production de foie gras sont caractérisés par des mortalités atypiques (jusqu’à 8,5 et 9 %). « L’absence de lien avec l’avifaune sauvage ainsi que la survenue des cas cliniques dans des régions sèches remettent en cause le scénario épidémiologique classiquement décrit », a expliqué Jean-Luc Guérin, maître de conférences à l’école vétérinaire de Toulouse⁽¹⁾. Notre confrère a présenté les protocoles diagnostiques, les pistes de recherche et de gestion de cette peste. « Le site d’élevage multiple serait un mode de production à risque », estime-t-il. D’autre part, l’herpès virus du canard pourrait être un agent immunodépresseur important.

La solidarité internationale est l’un des maillons de la prévention sanitaire

« Vingt et un épisodes d’influenza aviaire ont été recensés depuis 1959 et l’épisode actuel est le plus grave », a rappelé Jean-Luc Angot, directeur adjoint à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Ce dernier a présenté la dynamique de cette panzootie « qui trouverait son origine dans l’épisode d’influenza de Hong-Kong en 1997 ». La réapparition récente de foyers en Thaïlande, au Viêtnam et en Chine réaffirme, s’il en était encore besoin, les fondements de la lutte contre l’influenza aviaire, soit une lutte à la source, animale, avec la détection précoce des cas, une réaction rapide et l’indemnisation des élevages atteints. La vaccination se justifie lorsque la maladie devient endémique. A ce titre, les fonds de l’OIE destinés à la peste bovine pourront permettre l’achat de vaccins pour l’Afrique.

L’historique et les résultats des actions françaises en lien avec le risque et le cas d’influenza aviaire ont été décrits par Joël Francart, inspecteur de la santé publique vétérinaire à la Direction générale de l’alimentation (DGAL). « Des approches plus fines sont nécessaires pour protéger la faune domestique de la faune sauvage », a-t-il indiqué, sans que l’auditoire en apprenne davantage…

Soulignons qu’aucune information relative aux enseignements opérationnels issus des nombreux exercices français de simulation d’épizootie d’influenza aviaire n’a été communiquée. Enfin, la matinée a été trop courte pour permettre à notre consœur Virginie Michel, vétérinaire à l’Afssa de Ploufragan⁽²⁾, d’exposer pleinement l’expérience épidémiologique acquise dans la Dombes.

• (1) Unité pédagogique des productions animales, élevage et santé avicoles et cunicoles.

• (2) Unité d’épidémiologie et de bien-être avicole et cunicole.