Le risque est jugé négligeable par l’Afssa, pour l’instant

En cette saison de migrations automnales, un arbre décisionnel des mesures à prendre selon une échelle d’évaluation du risque de contamination par le virus de l’influenza aviaire H5N1 HP des volailles domestiques par la faune sauvage voit le jour. L’avis de l’Afssa du 12 septembre dernier, rendu public le 4 octobre, répond aux ministères de l’Agriculture et de la Santé qui avaient saisi l’agence le 25 août 2006.

Une grille d’analyse des risques, d’après des indicateurs épidémiologiques durant les périodes de migration, lui avait été soumise conjointement par les deux ministères. L’Afssa a émis un avis favorable à propos de cette grille, recommandant toutefois de l’assortir de quelques modifications. Elle souligne par ailleurs que « ce schéma d’aide à la décision devra systématiquement tenir compte des informations disponibles afin d’identifier d’éventuels décalages entre une situation réelle et une situation prévue ». La définition des niveaux de risque est donc susceptible de subir une évolution, elle ne peut être considérée comme étant définitive pour les mois à venir.

La situation actuelle correspond au niveau 1b, mais l’évaluation peut changer à tout moment

« Des communiqués récents font état de cas d’infection de l’avifaune sauvage par le H5N1 HP dans le sud de la Sibérie occidentale sur des lieux de rassemblement et de reproduction d’anatidés. Ces informations ne permettent pas d’évaluer avec précision la situation actuelle. Bien qu’aucune information ne fasse état de la contamination d’anatidés dans des zones de rassemblement et de départ, dans le nord de la Sibérie, d’anatidés susceptibles de migrer par le couloir est Atlantique vers l’ouest de l’Europe et d’hiverner en France, il convient de ne pas oublier que des cas de H5N1 HP ont été identifiés jusqu’à la fin du printemps dernier dans l’avifaune sauvage présente dans cette région et qu’une interrogation subsiste quant à la persistance du virus dans l’environnement et dans ce réservoir animal. Compte tenu de ces doutes sur la possible présence de cas dans ces zones de départ et de migrations, le risque d’introduction directe du virus par l’avifaune sauvage sur le territoire national peut être considéré [au 4 octobre dernier] comme négligeable, ce qui correspond au niveau 1b de la grille d’évaluation des risques. » L’Afssa précise que cette évaluation est susceptible d’être remise en cause à tout moment, car considérée comme instantanée, et qu’elle est par ailleurs limitée, étant donné que des informations actuellement absentes peuvent modifier l’analyse du risque.

L’agence ajoute qu’après octobre, période de plein effet des migrations des ansérifomes, il faudra aussi prendre en considération d’éventuels mouvements non migratoires d’oiseaux aquatiques sensibles (cygnes et fuligules) au sein de l’Europe, observés au cours de l’automne et de l’hiver derniers en raison de températures particulièrement basses.

A chaque niveau de risque défini, des mesures de protection des volailles domestiques sont proposées⁽¹⁾. Ainsi, aux niveaux 1a et 1b, la surveillance des mortalités d’oiseaux sauvages, la surveillance active des oiseaux sauvages et domestiques (particulièrement les colverts), l’interdiction d’utiliser les eaux de surface, la protection de l’alimentation et de l’abreuvement, des mesures de bisosécurité pour les détenteurs d’appelants et la vaccination dans les parcs zoologiques sont les mesures requises (actuellement en vigueur) sur tout le territoire.

Confinement dès le niveau 2b dans quarante-six zones à risque total au niveau 3b

Le niveau 2a requiert un renforcement de la surveillance active et passive des oiseaux sauvages. Il est proposé, dès ce niveau, d’interdire les courses de pigeons voyageurs avec départ ou survol d’un pays où des cas sont apparus dans la faune sauvage, de même que le transport des appelants. Au niveau 2b, il est recommandé de renforcer la surveillance des élevages non confinés, sur la base de critères d’alerte (mortalité, chute de consommation ou de production d’œufs, etc.) et dans les zones à risque particulier⁽²⁾ (quarante-six), de procéder au confinement volailles de basses-cours, des oiseaux d’ornement et des volailles domestiques, ainsi qu’à la vaccination des oiseaux d’ornement qui ne peuvent être confinés.

Dès le niveau 3a, un confinement de tous les élevages de volailles devrait être mis en œuvre dans les zones à risque particulier (dont le nombre passe à 98) et sur tout le territoire pour le niveau 3b. La vaccination des élevages ne pouvant être confinés est proposée dès le niveau 3a. L’interdiction d’appelants pour la chasse serait limitée à la zone écologique touchée au niveau 3a et concernerait l’ensemble du territoire au niveau 3b.

En conclusion, l’Afssa signale que « l’introduction du virus H5N1 sur le territoire national peut avoir d’autres sources que la faune sauvage et qu’il est donc difficile, a priori, de prévoir la totalité des situations épidémiologiques pouvant constituer une menace d’épizootie d’influenza aviaire ».

• (1) www.afssa.fr/Ftp/Afssa/37609-37610.pdf

• (2) Liste des zones à risque consultable dans le document www.afssa.fr/ftp/afssa/33917-33953.pdf