La flore vaginale est résistante lors de troubles reproductifs - La Semaine Vétérinaire n° 1240 du 07/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1240 du 07/10/2006

Sphère génito-urinaire de la chienne

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Carole Ballin

Des écouvillons vaginaux sont prélevés chez 81 chiennes d’élevage présentant des troubles de la reproduction pour réaliser une culture bactériologique.

La comparaison entre la flore bactérienne vaginale de chiennes saines et celle de chiennes souffrant de troubles de la reproduction fait l’objet d’un faible nombre d’études. Pourtant, le rôle des bactéries aérobies génitales dans l’infertilité et d’autres troubles est suspecté. L’incidence bactérienne lors de vaginite, ou encore le caractère primitif ou secondaire lorsqu’il y a colonisation, sont autant d’éléments à approfondir. Par ailleurs, les éventuelles conséquences de la “sur-utilisation” de l’antibioprévention par les éleveurs canins restent méconnues.

Si 60 % des chiennes “saines” présentent des bactéries dans le vagin antérieur et près du col de l’utérus (Johnston et coll., 2001), elles sont 90 % à en abriter dans leur vagin postérieur. Parmi ces bactéries, E. coli est majoritaire, mais Streptococcus sp., Pasteurella multocida, Staphylococcus sp., Proteus sp., Corynebacterium sp., etc., sont également retrouvés. Les bactéries observées dans l’utérus pendant le proœstrus et l’œstrus sont également présentes dans le vagin antérieur (Watts et coll., 1996). Un écouvillon vaginal, de préférence humidifié, permet de les identifier. Toutefois, l’inverse ne se vérifie pas : les bactéries décelées dans le vagin antérieur ne sont pas forcément présentes dans l’utérus.

Des bactéries anaérobies sont aussi retrouvées. Cependant, leur incidence apparaît moins claire. Des Bacteroïdacea ont été isolées dans 55 % des prélèvements vaginaux réalisés chez des chiennes saines (Baba et coll., 1983). D’autres anaérobies, comme Lactobacillus sp., Bifidobacterium sp., Clostridium sp., Corynebacterium sp., ont également été identifiées. Quant aux mycoplasmes et aux ureaplasmes, ils sont communément présents dans le vagin de chiennes “saines”. Ils jouent probablement un rôle non négligeable dans l’apparition de troubles de la reproduction.

Les cultures mixtes sont prédominantes dans le vagin des chiennes “saines”. Deux à quatre souches différentes sont en général notées, mais jamais en quantité abondante. En effet, les populations de bactéries Gram positif et Gram négatif s’autocontrôlent. En cas de pertes vulvaires, les souches isolées sont moins nombreuses, mais la concentration bactérienne a tendance à être plus élevée. Effectuer une quantification bactérienne est donc essentiel. Une culture est classiquement considérée comme significative si une ou deux bactéries différentes sont isolées (Bjurström 1993). Cependant, si une culture pure est souvent considérée comme anormale, elle est observée chez 18 % des chiennes saines. Cela explique une certaine difficulté d’interprétation en pratique.

Il est communément admis que l’infection génitale peut générer de l’infertilité

Chez les chiennes subfertiles ou infertiles, les cultures pures sont plus souvent identifiées au niveau du vagin cranial (Meyer, 1983). Il existe un “seuil de pathogénicité” au-delà duquel toute bactérie aérobie opportuniste peut présenter un avantage compétitif et devenir pathogène, ou pénétrer dans l’utérus.

Les bactéries dans l’utérus sont susceptibles de générer des endométrites et des placentites. Ainsi, il se peut que la diminution de surface d’échanges placentaires provoque une résorption embryonnaire précoce ou un avortement. De nombreuses bactéries sont retrouvées dans l’utérus après un avortement, mais s’agit-il de sa cause primitive ou d’un envahissement secondaire ?

Lors de mortalité néonatale, E. coli est souvent retrouvée dans le vagin de la mère. Cette même bactérie est fréquemment identifiée à la fois dans le vagin et dans le cadavre des nouveau-nés. Cette constatation soulève la question de l’intérêt des lavages vaginaux avant la mise bas. De même, une antibioprévention avant la naissance ou encore l’utilisation de vaccins autologues se justifient-elles ? Une antibioprévention n’est-elle pas susceptible de favoriser le développement excessif de bactéries pathogènes ?

Le lait ne semble pas être une source importante de contamination lors de mortalité néonatale. Les bactéries du lait de chienne et celles présentes dans les organes de son chiot mort-né sont différentes.

Une étude a consisté à prélever des écouvillons vaginaux chez 81 chiennes d’élevage présentant des troubles de la reproduction en vue de la réalisation de cultures bactériologiques pour déterminer l’incidence des infections bactériennes vaginales lors de tels troubles, caractériser la flore bactérienne aérobie présente dans le vagin cranial de chiennes atteintes et étudier la sensibilité des bactéries identifiées à différents agents anti-infectieux.

Les chiennes proviennent de 65 élevages et présentent notamment de l’infertilité, des pertes vulvaires anormales, une résorption embryonnaire confirmée à l’échographie, un avortement tardif, etc. Elles font l’objet d’un écouvillonnage vaginal postcervical réalisé à l’aide d’un spéculum bivalve. Une mise en culture est effectuée vingt-quatre heures après le prélèvement. La bactérie est identifiée et quantifiée avec l’attribution d’un score de 0 (pas de pousse) à 5 (pousse abondante à l’état pur). Vingt-trois anti-infectieux sont ensuite utilisés pour tester l’antibiosensibilité in vitro de toutes les bactéries identifiées (voir graphique). Une sensibilité correcte aux agents usuels (céfalexine, amoxicilline, triméthoprime-sulfamides, etc.) est observée. Cependant, la sensibilité à la marbofloxacine ou à l’enrofloxacine est nettement plus élevée (supérieure à 90 %).

Le résultat de la culture bactérienne est positif pour 59 chiennes sur 81 étudiées (soit 69,1 %). Une seule bactérie est identifiée chez 38 chiennes sur 81 et deux souches différentes sont notée chez 18 chiennes sur 81. Quantitativement, les cultures positives en pousse abondante (score 4 ou 5) concernent 26 chiennes (46,4 %). Lorsque le score s’élève à 4 ou 5, les quatre principaux groupes de bactéries identifiées sont, par ordre de fréquence décroissante : E. coli, Streptococcus canis, Streptococcus hémolytique (groupe C) et Staphylococcus intermedius. Par ailleurs, E. coli reste la bactérie prédominante lors d’infertilité. Pseudomonas sp. est isolée dans 10,7 % des cas.

Si l’identification d’une ou de deux bactéries seulement en score 4 ou 5 dans cette étude est considérée comme anormale, un tiers (26/81) des troubles de la reproduction seraient liés à une infection bactérienne. Ces résultats, assez élevés, peuvent être modulés par la non-humidification des écouvillons et l’absence de recherche sur les bactéries anaérobies ou les mycopasmes.

Les bactéries identifiées restent majoritairement sensibles à l’enrofloxacine ou à la marbofloxacine. Toutefois, une résistance à ces deux anti-infectieux est observée dans deux cas. Dans l’un, la résistance concerne tous les antibiotiques testés, l’autre fait preuve d’une sensibilité à la céfalexine et à l’amoxicilline.

CONFÉRENCIER

Alain Fontbonne maître de conférences à l’école d’Alfort.

Article réalisé d’après la conférence « Nouveautés en antibiothérapie des animaux de compagnie », présentée le 22 septembre 2006 à Paris.

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