L’élévation de la température rectale traduit un état de stress

La déshydratation et le stress thermique sont des paramètres essentiels à prendre en compte pour les équidés de travail, en particulier dans les pays chauds. Une étude⁽¹⁾ qui porte sur cent trente équidés de travail au Pakistan vise à standardiser la réalisation et l’interprétation du test du “pli de peau” pour la mesure de la déshydratation ainsi qu’à objectiver les signes biologiques témoins d’un stress thermique. L’objectif est de fournir aux propriétaires des moyens concrets pour prévenir la déshydratation de leurs animaux. Pour cela, les associations entre la persistance du pli de peau et les paramètres hématologiques, les signes cliniques, la soif et l’état de fatigue sont évaluées. Le stress thermique est, quant à lui, observé en corrélation avec la mesure de la température rectale. Il se définit par la présence d’au moins l’un de ces critères : augmentation de la fréquence ou de l’amplitude respiratoire, hochements de tête, dilatation des narines ou apathie.

Les résultats montrent que chez les chevaux comme chez les ânes, le comportement associé au stress thermique est significativement corrélé à une augmentation de la température rectale. Les propriétaires pourraient utiliser ce paramètre biologique simple pour objectiver ce stress.

Il n’y a en revanche pas d’association significative entre une persistance anormale du pli de peau et l’hématocrite, le taux de protéines totales et l’osmolalité sanguine chez les chevaux, alors que cette dernière est significativement diminuée chez l’âne.

Les équidés âgés de plus de quinze ans ont une persistance du pli de peau plus fréquente que les plus jeunes. Les chevaux très fins (score corporel de 1/5) ont une positivité du test plus fréquente par rapport aux animaux plus corpulents. Ce constat n’est pas vrai chez les ânes. Cette corrélation entre animaux âgés, maigreur et persistance du pli de peau indique que ce test ne peut être valide chez les chevaux de travail qui servent de modèle à cette étude. Il l’est en revanche pour les ânes chez qui sa positivité est associée à une baisse d’osmolalité.

Les analyses de sang ne permettent pas de valider le test du pli de peau. De plus, un hématocrite bas n’est pas forcément attribuable à une déshydratation, car l’anémie et l’hypoprotéinémie sont fréquentes dans les pays en voie de développement, en lien avec une malnutrition, une parasitose interne ou encore une diminution de l’érythropoïèse à la suite des efforts quotidiens pendant de longues périodes.

La mesure de la température rectale et le comportement associé au stress thermique seraient ainsi les seuls moyens de prévenir la déshydratation chez les équidés en indiquant un besoin de repos et de désaltération. Le test du pli de peau reste néanmoins réalisable chez l’âne.

• (1) J.C. Pritchard, A.R.S. Barr, H.R. Whay : « Validity of a behavioural measure of heat stress and a skin tent test for dehydration in working horses and donkeys », Equine vet. J., 2006, vol. 38, n° 5, pp. 433-438.