L’achat d’un bélier répond à des exigences zootechniques, génétiques et sanitaires - La Semaine Vétérinaire n° 1240 du 07/10/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1240 du 07/10/2006

Petits ruminants

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

L’isolement et le traitement de l’animal, un contrôle de son identité, de ses performances et du statut du troupeau d’origine sont les premières étapes. Un examen clinique précise l’état sanitaire du bélier.

Si les intervenants de l’élevage s’accordent sur l’importance de la gestion sanitaire et zootechnique des achats d’animaux, la pratique en la matière est souvent fort éloignée des consensus partagés. Les pratiques d’achat des béliers ne dérogent pas à cet état de fait et se limitent fréquemment à une prise de sang. Pourtant, « acheter un bélier, c’est investir pour la production de 100 à 300 agneaux ou agnelles de reproduction », a expliqué notre confrère Pierre Autef, vétérinaire à Bellac (Haute-Vienne), lors du congrès de la SNGTV organisé à Dijon en mai dernier. « Généralement, les éleveurs misent sur un effectif de béliers pléthorique pour pallier d’éventuelles insuffisances », a-t-il ajouté. Néanmoins, selon notre confrère, ils sont de plus en plus nombreux à prêter attention au respect des contraintes liées à leurs exigences zootechniques, sanitaires et à l’organisation de la quarantaine. Le champ d’exercice de la visite d’achat du bélier est plus large que son examen clinique. En effet, le contrôle de l’identification et l’interprétation des documents qui attestent des performances zootechniques de l’animal sont également des éléments fondamentaux qui entrent dans le champ de compétence des vétérinaires sanitaires.

La quarantaine est à la fois un lieu d’adaptation zootechnique et sanitaire

Outre la prévention d’éventuelles contaminations, l’isolement du bélier acheté dans un local de quarantaine permet une meilleure gestion de la transition alimentaire du ruminant et des comportements de dominance entre mâles à la suite de l’introduction d’un nouveau reproducteur. Une ration à base de bon foin et d’eau rendra la transition alimentaire aisée.

Selon notre confrère, les traitements systématiques, curatifs et préventifs qui accompagnent l’entrée en quarantaine du bélier sont particulièrement importants. A ce titre, ceux contre les strongles gastro-intestinaux, l’agent de la gale psoroptique, la maladie des abcès caséeux ou les teignes sont recommandés. « Il conviendra de veiller à ne pas introduire de souches de strongles résistants en mettant en œuvre un traitement à base d’avermectines et/ou de lévamisole », a précisé Pierre Autef. Selon le statut sanitaire des troupeaux vendeur et acheteur, un protocole de vaccination personnalisé du bélier devra être raisonné et réalisé avant l’introduction de l’animal dans le troupeau. L’historique des vaccinations et des affections observées dans l’élevage vendeur devra alors être connu. La tâche est aisée lorsque le vétérinaire sanitaire est le même pour les deux troupeaux, mais plus difficile lorsque ce n’est pas le cas.

Identité de l’animal et documents d’accompagnement doivent concorder

Les documents qui accompagnent l’animal attestent des performances futures de l’élevage. A la visite d’achat, le praticien peut être amené à délivrer un conseil quant à leur interprétation(1).

La concordance entre les certificats d’origine et de qualification d’une part, et les boucles auriculaires et les tatouages de l’animal d’autre part doit être vérifiée. Pour qui s’est déjà livré à cet exercice, l’expérience montre que les discordances sont loin d’être rares. Il en est de même pour la correspondance entre les certificats sanitaires et l’identification de l’animal.

Les analyses sérologiques individuelles sont insuffisantes pour attester du statut sanitaire

En matière de garanties sanitaires, le contrôle sérologique vis-à-vis de la brucellose est réalisé chaque année chez tous les sélectionneurs. De plus, « il est maintenant possible d’acheter un bélier issu d’un élevage qualifié “officiellement indemne de Visna Maedi”, car de nombreuses Unités nationales de sélection et de promotion de la race (UPRA) se sont engagées dans un protocole visant à obtenir la qualification », a expliqué Pierre Autef.

Le contrôle de la sensibilité génétique à la tremblante(2) des béliers doit également faire l’objet d’une attestation ou être mis en œuvre à l’occasion de l’achat. Actuellement, le génotypage est obligatoire pour tous les animaux qui appartiennent à un élevage ovin sélectionneur. Au regard de son efficacité et de sa rapidité, le choix de la voie mâle d’élimination de l’allèle de sensibilité a été privilégié.

Les analyses sérologiques individuelles, utilisées pour la recherche des anticorps dirigés contre les agents pathogènes responsables de la chlamydiose, de la salmonellose, de la fièvre Q, de la paratuberculose, ne permettent pas de conclure sur le statut de l’animal acheté au regard de ces affections. Il correspond en effet à celui du troupeau d’origine. Seules des analyses sérologiques réalisées selon un échantillonnage tenant compte de la prévalence de la séropositivité supposée, de la taille du troupeau et de la répétition des analyses sont à même de garantir le statut du troupeau d’origine et donc celui du mâle acheté. « Un échantillon d’une dizaine de femelles adultes prélevées entre deux semaines et deux mois après la mise bas permet une bonne approche du statut sanitaire de l’élevage d’origine. »

L’état sanitaire du reproducteur est précisé par les examens à distance et rapproché

Phénotype, boiteries, troubles nerveux, vivacité du bélier, expression des signes cliniques de polypnée et de dyspnée (témoins des pneumonies) peuvent être évalués par un examen à distance en trois temps : au repos, au cours d’un déplacement et après le déplacement.

Lors de l’examen rapproché, l’intégralité de l’animal, dans ses moindres détails, du bout du nez jusqu’au bout de la queue, doit être prise en considération. La bouche, la tête, la toison et le corps, les membres et les pieds, ainsi que l’appareil respiratoire sont ainsi examinés successivement.

L’examen de la bouche permet d’estimer l’âge de l’animal, de vérifier l’occlusion incisives-bourrelet gingival, de diagnostiquer des affections dentaires et des lésions d’echtyma. Concernant l’occlusion, une légère prognathie supérieure est à préférer à l’inverse.

L’absence de jetage nasal doit être la règle.

Les oreilles, pour leur part, peuvent révéler la présence de gale psoroptique. Elles peuvent également être le siège d’otite ou d’hématome.

Au niveau des yeux la kératoconjonctivite peut être soignée, la présence d’ulcères cornéens doit être considérée comme rédhibitoire.

Eczéma facial, ecthyma, teigne, dermatite staphylococcique sont dépistés par l’examen de la peau et des jonctions cutanéo-muqueuses de la tête, ainsi que celui de la toison et du corps. Des plaies sternales de décubitus sont recherchées.

« La conformation et la fonctionnalité des membres et des pieds sont essentielles pour l’avenir reproducteur du bélier, a expliqué notre confrère. Un animal doté de mauvais aplombs sera impitoyablement tenu à l’écart. » Les onglons doivent être durs et ne présenter aucune anomalie de croissance. « Les affections les plus fréquentes sont le piétin et la dermatite verruqueuse interdigitée, commune chez les béliers de race lourde » (voir photo 2).

L’intégrité de l’appareil reproducteur doit être examinée avec minutie

L’examen spécifique de l’appareil génital est fondamental. Il s’effectue chez un animal en position assise. En extériorisant le pénis, le vétérinaire pourra vérifier l’intégrité de l’appendice vermiforme. Cette manipulation ne présente normalement pas de difficulté. Des lésions ulcératives au niveau de la jonction cutanéo-muqueuse sont le signe d’echtyma contagieux ou de balanoposthite ulcéreuse (voir photo 3). Cette dernière, encore appelée vulvovaginite ulcéreuse chez la brebis (voir photo 4), est transmise lors des saillies. Les conséquences sont des retards de gestation, des lésions bourgeonnantes à l’extrémité de la verge, une hématurie, une polakiurie, puis une insuffisance rénale mortelle.

Le dépistage des hernies inguinales se réalise en palpant le scrotum à deux mains. La taille des testicules peut être évaluée de la même façon. Le périmètre scrotal varie généralement de 25à 35 cm. C’est un bon indice de la capacité du bélier à produire du sperme. La palpation des testicules pourra permettre de dépister une orchite, inflammation qui peut être accompagnée d’adhérences et de douleur. L’induration ou l’augmentation de l’épididyme sera le signe d’une épidydimite.

Si l’examen amène à suspecter une atteinte infectieuse des testicules et de ses annexes, une recherche des principaux agents abortifs doit être mise en œuvre : Brucella ovis, Brucella melitensis, Salmonella abortus ovis, Chlamydia psittaci, Coxiella burnetti. « L’examen du sperme est difficile en routine », a conclu notre confrère.

En raison de la préparation de la lutte, qui nécessite un flushing d’une durée d’environ six semaines, l’achat devra être suffisamment précoce pour une saison de reproduction du bélier optimale.

  • (1) La liste et l’interprétation des index utilisés pour un bélier destiné à la production d’agneaux de boucherie ou à la production d’agneaux de renouvellement sont consultables dans Le Point Vétérinaire, vol. 31, n° 206, avril 2000.

  • (2) www.inst-elevage.asso.fr/html1/IMG/pdf/tremblante_-_texte. pdf www.gds38.asso.fr/Web/gds.nsf/8cb279f7ace047aac1256c0f004cf0d5/929ea68cb6c0a181c1256e66005c4166 ! OpenDocument

POUR EN SAVOIR PLUS

• Fiches ovines 2006, cédérom édité et commercialisé par la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Il propose photos, vidéos et descriptions détaillées des affections.

• Le Point Vétérinaire, vol 31, n° 206, avril 2000.

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