Lors d'écoulements vulvaires anormaux, l'utilisation du vaginoscope est indispensable - La Semaine Vétérinaire n° 1239 du 30/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1239 du 30/09/2006

Pathologie bovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Anne Thébault

L'examen de l'appareil génital par voie transrectale doit toujours être complété, au minimum, par un examen des voies génitales postérieures à l'aide d'un vaginoscope.

Les appareils génital et urinaire sont les sources principales des pertes vulvaires pathologiques. Une métrite puerpérale aiguë, une métrite chronique, une vaginite, une cystite, une pyélonéphrite, des hémorragies utérines ou vaginales ainsi que certaines affections générales doivent être envisagées. Le praticien dispose de nombreux moyens diagnostiques et thérapeutiques pour gérer cette situation.

Avant tout examen, il convient de recueillir de façon précise le maximum de commémoratifs : âge, déroulement de la dernière gestation (mise bas, délivrance, évolution puerpérale, etc.) ou de la gestation en cours. Il est nécessaire de s'intéresser également à l'environnement de l'animal (alimentation, entretien, soins, etc.).

Un examen général et externe de l'appareil génital est un préalable indispensable

L'examen général permet de mettre en évidence les affections qui ont une symptomatologie facile à identifier (péritonite, babésiose ou leptospirose). La présence de fièvre ne constitue qu'un élément indicateur d'une infection en l'absence d'autres signes cliniques. Il convient en revanche de se montrer attentif aux manifestations de douleur. L'observation de la miction permet quelquefois de déterminer l'origine des pertes (urinaires ou génitales).

En plus de l'inspection du tiers proximal de la queue et de la pointe des hanches, il est nécessaire de soulever la queue de la vache et de palper sa face inférieure pour y rechercher des traces de mucus ou de croûtes de sécrétion.

L'examen porte ensuite sur la vulve : les lèvres sont relativement grandes si la vache est en chaleurs. Une asymétrie peut être due à des hématomes, des abcès ou des blessures. La fermeture de la fente vulvaire est incomplète en cas de déchirure, de formation kystique par rétention au niveau des glandes de Bartholin. Le dernier point à vérifier est l'aspect des poils au niveau de la commissure inférieure de la vulve : secs, humides ou collés ensemble par du mucus et/ou des excréments.

Taille, consistance, contractilité, mobilité et contenu de l'utérus doivent attirer l'attention

La palpation transrectale est l'un des examens les plus pratiqués en médecine courante. Elle repose pourtant sur des critères subjectifs comme la taille ou la consistance d'un organe. En raison des variations individuelles importantes liées à l'involution utérine, la détermination précise de la taille, de la symétrie et de la consistance des cornes et du col n'est pas facile. Il existe cependant des évaluations codifiées qui contribuent à réduire la part de subjectivité du diagnostic et permettent la comparaison entre les animaux, ou entre plusieurs examens du même animal.

Dans le cadre de pertes vulvaires, il convient de s'intéresser particulièrement à deux éléments :

- le col : une augmentation de volume symétrique évoque une inflammation diffuse ou un avortement ; une augmentation de volume asymétrique évoque plutôt un abcès, une blessure ou une formation cicatricielle ;

- l'utérus : en plus de sa taille, la recherche porte essentiellement sur sa consistance et sa contractilité (œdème et une contractilité importantes : chaleurs ; consistance pâteuse : inflammation aiguë grave ; consistance ferme : formation cicatricielle à la suite d'une inflammation chronique ou d'une modification tumorale ; crépitation au-dessus de la séreuse : phlegmon gazeux), sa mobilité (diminuée en cas d'adhérences) et son contenu (mucus, sang, pus, gaz, urine). Pour préciser le contenu de l'utérus non gravide, il faut saisir une corne et palper, avec précaution. En cas de présence d'un embryon dans l'utérus, il convient de préciser, si cela est possible, s'il s'agit d'un fœtus vivant ou mort (mort récemment, momifié, macéré ou emphysémateux).

L'examen vaginal permet de déterminer l'origine des pertes, urinaires ou génitales

L'examen vaginal, réalisé à l'aide d'un vaginoscope ou d'un spéculum, est indispensable de façon à établir l'origine des pertes (urinaires ou génitales) et constitue une méthode plus exacte de diagnostic des infections utérines que la palpation transrectale de l'utérus ou l'examen externe. Il offre, par rapport à l'examen bactériologique, l'avantage d'être moins onéreux et plus pratique, tout en étant aussi fiable.

Lors de cet examen, il convient de noter l'aspect de la face postérieure du col, son degré d'ouverture, la couleur de la muqueuse, le degré d'humidité (accumulation de mucus, de sang, de pus) et les lésions particulières (blessures, tumeurs, abcès, hématomes, kystes, etc.). Les sécrétions sont recueillies dans la main et observées par transparence à la lumière, en écartant les doigts. Ainsi, il est possible de repérer de légers troubles (flocons de pus, etc.).

Le prélèvement urinaire doit être réalisé le plus stérilement possible. La protéinurie et la pyurie seront recherchées.

Les prélèvements bactériologiques sont réalisés par écouvillonnage de la cavité utérine ou biopsie de l'endomètre. Ils sont réservés à quelques cas spécifiques comme les métrites enzootiques ou résistant à des traitements classiques. L'exactitude de cet examen est remise en question par certains auteurs qui n'attribuent que peu de valeur au résultat d'un seul prélèvement chez un animal.

En revanche, l'examen bactériologique par prélèvement du contenu utérin est indispensable pour faire la distinction entre pyomètre, mucomètre et hydromètre.

L'endométrite est généralement suspectée via un examen échographique

L'examen anatomo-pathologique par biopsie, coûteux, qui consiste à prélever un fragment de muqueuse pour la réalisation d'un examen histologique ou bactériologique, est d'un intérêt limité en médecine bovine. Le diagnostic d'infection utérine ne peut être posé que si deux ou trois prélèvements sont effectués chez le même animal. Toutefois, les prélèvements étant particulièrement localisés, les images observées peuvent ne pas représenter l'état réel de la muqueuse utérine.

L'endométrite est habituellement suspectée par un examen échographique, qui permet la mise en évidence de liquides utérins avec des particules échogènes en suspension. La facilité du diagnostic dépend de la quantité de liquide présent et donc du degré de l'endométrite. Le diagnostic doit, de toute façon, être confirmé par un examen vaginal. En cas de pyomètre, de mucomètre ou d'hydromètre, la quantité de liquide utérin est importante et, dans certains cas, un épaississement de la paroi utérine peut être mis en évidence. La distinction entre ces affections se fait alors par un examen bactériologique.

Le traitement de la métrite puerpérale aiguë diffère selon les symptômes généraux

Le traitement de la métrite puerpérale aiguë doit être le plus précoce possible. Il varie selon les symptômes observés.

En l'absence de symptômes généraux, le traitement repose sur l'instauration d'une antibiothérapie locale (oblets de chlortétracycline ou d'amoxicilline ou suspension intra-utérine de pénicilline plus de l'aminoside ou de la colistine) et l'administration de PgF2α ou analogue.

Si les symptômes généraux sont peu marqués, le traitement précédent est complété par une antibiothérapie générale par voie intramusculaire (pénicilline plus dihydrostreptomycine) pendant trois à cinq jours et des anti-inflammatoires le premier jour en cas d'hyperthermie(1).

Si les symptômes généraux sont très marqués, le traitement est légèrement différent. L'antibiothérapie locale est alors remplacée par des lavements utérins avec un antiseptique dilué (Lotagen® à 2 %) si l'ouverture du col le permet. L'antibiothérapie générale est administrée par voie intraveineuse (pénicilline et aminosides sodiques ou céphalosporines) pendant trois à cinq jours ; des anti-inflammatoires sont prescrits pendant trois à cinq jours(1). L'animal est mis sous perfusion. Des PgF2α ou analogue sont administrés quelques jours plus tard. Le traitement anti-infectieux par voie locale est parfois contesté, car il présente des inconvénients. D'une part, la concentration atteinte dans les différents secteurs de l'appareil génital est variable (et donc inférieure aux concentrations minimales inhibitrices, CMI) et d'autre part, la mise en place de l'anti-infectieux manuellement peut être l'occasion d'introduire de nouveaux germes dans l'utérus.

Le pronostic est réservé à sombre : la vache atteinte de métrite puerpérale aiguë risque la péritonite (avec occlusion intestinale) ou une embolie septique (entraînant une arthrite, une néphrite, une salpingite, etc.). Sa fertilité peut être compromise si des adhérences persistent. Par ailleurs, la baisse d'appétit est souvent à l'origine de complications telles que l'acétonémie, des déplacements de caillette, etc.

Le traitement de la métrite chronique diffère selon son degré de sévérité (voir tableau ci-dessous).

Le pronostic est plutôt favorable pour les vaginites seules, sauf gangréneuses

Le traitement de la vaginite seule (sans symptômes généraux) repose sur des lavages effectués à l'aide d'une solution antiseptique diluée (Lotagen® à 2 % ou chlorexidine à 0,05 %).

Lorsque la vaginite est associée à une métrite, celle-ci est à traiter en priorité, en y ajoutant une désinfection locale du vagin. En cas de vaginite accompagnée de symptômes généraux, la désinfection locale à l'aide d'antiseptiques est associée à l'administration d'un antibiotique actif sur les germes anaérobies par voie générale et à celle d'un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS).

Il est possible de prévenir l'apparition des vaginites en apportant une hygiène rigoureuse à la réalisation de toutes les interventions obstétricales et en soignant sans délai les lésions qui font suite au part : suture, désinfection, antibiothérapie de couverture (pénicilline) lors de lésions importantes. Il faut également lutter contre les maladies d'élevage, par exemple la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR).

Le pronostic est plutôt favorable dans le cas de vaginites seules, mais le retard de fécondation, si le diagnostic ou le traitement sont trop tardifs, se traduit par des pertes économiques. En revanche, le pronostic est réservé pour les vaginites gangréneuses.

Le traitement de la cystite repose sur une acidification des urines (chlorure d'ammonium dans l'aliment : 10 g/100 kg, matin et soir) et un traitement antibiotique (bêtalactamines, pénicilline, amoxicilline, ceftiofur, etc.) pendant dix jours. Le traitement de la pyélonéphrite n'est entrepris que si les taux d'urée et de créatinine sont favorables (les formes trop avancées sont incurables). Il repose sur une acidification des urines, un traitement antibiotique pendant trois semaines et une réhydratation à l'aide de Ringer lactate. Lors d'hémorragies, il est nécessaire de recourir aux produits hémostatiques et à la ligature/cautérisation lorsque cela est possible (situation accessible). Lorsque des pertes vulvaires sont observées chez les vaches, le praticien doit toujours compléter l'examen de l'appareil génital par voie transrectale, au minimum, par un examen des voies génitales postérieures réalisé à l'aide d'un vaginoscope.

Une attention soutenue et une méthode rigoureuse sont nécessaires pour mettre en évidence les éléments sémiologiques qui permettront d'établir un diagnostic et un pronostic aussi exacts que possible, afin d'envisager la solution thérapeutique la plus appropriée.

  • (1) Les anti-inflammatoires sont à utiliser avec précaution car ils favorisent les retards d'involution utérine.

BIBLIOGRAPHIE

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  • • D. Bencharif et D. Tainturier : « Les métrites chroniques chez les bovins » Le Point Vétérinaire, 2005, vol. 36, numéro spécial “Reproduction des ruminants : maîtrise des cycles et pathologie”, pp. 72-77.
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  • • S. Petit (eds), Dictionnaire des médicaments vétérinaires, 13e édition, 2005, Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 1 765 pages.
  • • G. Rosenberger : Examen clinique des bovins. Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 1979, 526 pages.
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