« Une consultation comportementale ne protégerait que de la récidive » - La Semaine Vétérinaire n° 1238 du 23/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1238 du 23/09/2006

Entretien. Georges Sarre, ancien rapporteur à l’Assemblée de la loi du 6 janvier 1999

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

La Semaine Vétérinaire : De récents accidents provoqués par des morsures de chiens ont relancé le débat sur le renforcement ou la modification de la loi du 6 janvier 1999. Pensez-vous qu’il est utile d’y porter les aménagements proposés par le ministère de l’Intérieur (procédure de jugement plus rapide, etc.) et en verriez-vous d’autres ?

Georges Sarre : Il peut être utile de modifier ponctuellement la liste des chiens classés en première catégorie pour l’étoffer, par exemple si de nouveaux types de chiens venaient à être présents sur le territoire, ou à causer des accidents graves et multiples. Toutefois, la nécessité première est d’appliquer la loi, car l’augmentation des accidents est la conséquence, surtout, d’un relâchement. L’objectif, rappelons-le, est l’extinction de certains types de chiens. Nous en sommes loin. Une meilleure application implique également que les maires contrôlent la présence des chiens dangereux dans leur commune, comme la loi leur en donne le devoir et le pouvoir. Dans les petites municipalités, cela est parfaitement faisable et éviterait bien des drames. Je pense également que la surveillance policière doit être renforcée, notamment en ce qui concerne les infractions comme l’absence de laisse et de muselière, ou en matière de contrôle de l’obligation de déclaration, d’assurance, de vaccination, de stérilisation et de tatouage. Ceci étant, il ne faut pas minorer non plus, dans les accidents survenus, la part de responsabilité des propriétaires : un chien d’attaque ne doit pas être laissé en liberté, en compagnie d’enfants en bas âge, même si l’animal est en conformité avec la loi.

S. V. : Etes-vous favorable à l’instauration d’une consultation comportementale pour les chiens mordeurs, réalisée par des vétérinaires, afin de statuer sur leur dangerosité potentielle ?

G. S. : Je n’y suis pas favorable, pour deux raisons. D’une part, parce que ladite consultation interviendrait après un accident, de sorte qu’elle ne protégerait que de la récidive, mais pas de l’accident lui-même. D’autre part, parce qu’une loi n’est applicable et appliquée que si elle fixe des principes généraux, clairs et simples. Elle ne doit pas faire du cas par cas la règle. La loi de 1999 fixe deux catégories, avec une liste énumérative d’espèces concernées : cela suffit amplement. Outre le surcroît de travail que cette mesure donnerait aux vétérinaires, qui seraient sans doute soumis à une forte pression des maîtres pour qu’ils déclarent leur animal non dangereux, cette idée est difficile à mettre en œuvre sur le plan juridique. Les propriétaires des chiens jugés dangereux ne manqueraient pas d’aller au contentieux et de contester le jugement du vétérinaire, y compris, sans doute, en mettant en jeu sa responsabilité.

S. V. : La mairie de Paris vient de faire le bilan d’une baisse de près de 20 % du nombre de chiens détenus par les Parisiens. N’est-ce pas le stigmate d’un excès de contraintes autour de la détention d’un chien dans la capitale (amende élevée lors de déjection canine, etc.) ?

G. S. : Je ne partage pas votre avis. Tout d’abord, l’état de malpropreté des rues de Paris est tel qu’il justifie entièrement et le nombre, à mes yeux encore insuffisant, et le montant des amendes pour déjections canines. Ensuite, je ne vois pas quelles contraintes spécifiques à Paris ont été introduites, depuis quelques années, en matière de détention de chiens. Cette tendance a donc d’autres causes, au premier rang desquelles, sans doute, la crise du logement, le fait que nombre de personnes vivent dans des appartements exigus et qu’elles réalisent que ce n’est pas un cadre de vie approprié pour un animal, ce en quoi, d’ailleurs, elles ont raison. Ajoutez-y une baisse du pouvoir d’achat des ménages et vous avez probablement l’explication de cette constatation statistique. Je vous rappellerai tout de même que la municipalité parisienne a refusé d’introduire une taxe sur les chiens. Il est donc impossible de dire qu’elle mène une politique de brimades à l’égard des détenteurs d’animaux de compagnie.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr