Les génisses laitières représentent une charge importante pour l’éleveur

Les génisses sont généralement présentes en élevage laitier pour remplacer les vaches réformées. Souvent, elles sont aussi nombreuses que les vaches en lactation. Leur élevage représente un coût de 6 à 43 € par 1 000 l de lait produit, selon les exploitations, avec une moyenne de 30 €. Lors des Journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV), qui se sont déroulées du 17 au 19 mai dernier à Dijon, notre confrère Philippe Arzul a insisté sur l’importance d’une optimisation de ce stock animal improductif pour améliorer la rentabilité de l’entreprise laitière.

Le coût de renouvellement s’élève à 30 € en moyenne

Le taux de renouvellement (nombre de génisses introduites par rapport au nombre de vaches présentes) moyen s’établit en France à 32 % et varie de 8 à 52 %. Celui-ci dépend, bien entendu, du taux de réforme (la plus grande part pour cause de mammite ou d’infécondité), du nombre de génisses élevées et des opportunités de vente en génisses amouillantes ou en vaches en lactation.

A partir de ces éléments, un coût de renouvellement peut être calculé⁽¹⁾. Il est en moyenne de 30 € (ce qui représente 10 % du coût de production du litre de lait) avec des écarts allant de 6 € à 43 € pour les postes les plus déficitaires.

Le coût de production d’une génisse laitière dépend de l’âge au vêlage

Le deuxième facteur à évaluer est le coût de production de la génisse laitière. Il dépend étroitement de l’âge au vêlage. Le coût moyen est de 910 € avec un vêlage à vingt-six mois et de 1 194 € à trente-deux mois. Cette différence est essentiellement due au coût du fourrage supplémentaire. « Des efforts à ce niveau peuvent permettre de dégager une marge importante vu les écarts rencontrés », précise notre confrère.

La stratégie de renouvellement permettrait d’économiser 15 000 € par an sur 500 000 l

Il convient donc d’essayer de réduire le coût d’élevage des génisses en en élevant moins, en diminuant le taux de renouvellement à 25 % par une meilleure maîtrise sanitaire, en faisant vêler plus tôt et en abaissant le coût alimentaire. Il faut également chercher à augmenter les recettes en réduisant le taux des pertes de veaux, en faisant des croisements industriels pour majorer les prix du veau, en valorisant davantage les réformes bouchères, en vendant des vaches laitières plutôt que des vaches bouchères et en valorisant des génisses vendues pour la génétique. Différentes stratégies peuvent alors être employées pour diminuer le coût du renouvellement.

La première est de ne plus élever de génisses en achetant toutes les vaches de renouvellement à l’extérieur, tout en réduisant le taux de renouvellement. Cette stratégie est intéressante, mais impose une maîtrise drastique des risques sanitaires à l’introduction, l’idéal restant une coopération avec un autre élevage qui fournit l’ensemble des vaches de renouvellement.

La seconde stratégie est de faire vêler à vingt-quatre mois, tout en réduisant le taux de renouvellement, et de réaliser un croisement d’une partie du cheptel avec une race à viande pour une valorisation des veaux obtenus.

La troisième option consiste à faire vêler à vingt-quatre mois et à vendre des vaches en lactation pour dégager des bénéfices sur les réformes.

Ces stratégies de renouvellement sont simplement des pistes intéressantes à envisager. Chaque élevage a sa propre spécificité qui devra guider le praticien vers la meilleure piste à suivre (selon les bâtiments disponibles, la main-d’œuvre, le niveau sanitaire de l’exploitation, le marché local de la viande, etc.).

Dans tous les cas, « il est important de s’occuper de l’élevage des génisses, car il influe largement sur le bénéfice de l’exploitation », selon Philippe Arzul. L’optimisation du renouvellement peut faire gagner de 20 à 30 € par 1 000 l de lait vendu, ce qui représente jusqu’à 15 000 € par an sur un quota de 500 000 l.

• (1) Le calcul du coût de renouvellement est égal au coût de production de la génisse moins le prix de vente de la vache de réforme divisé par le nombre moyen de lactation multiplié par la production moyenne annuelle.