La qualité de la lumière produite conditionne le choix d’un otoscope - La Semaine Vétérinaire n° 1238 du 23/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1238 du 23/09/2006

Otoscopes et ophtalmoscopes

Gestion

S’ÉQUIPER

Auteur(s) : Raphaële Dupré

L’ophtalmoscope, qui fait également partie de l’équipement minimal de chaque vétérinaire, au même titre que l’otoscope, est à peine plus onéreux, mais toutefois plus complexe.

Un otoscope est constitué d’un manche contenant une source d’énergie (piles ou batteries rechargeables), d’une loupe, d’une source de lumière et de spéculums interchangeables de diamètre variable permettant de s’adapter à la taille du conduit auditif externe et de l’examiner.

L’examen du conduit auditif à l’aide d’un otoscope est un moyen d’évaluer l’intégrité de celui-ci, ainsi que son degré d’atteinte en cas de maladie. Il permet de détecter une hyperplasie épidermique lors d’otite chronique, la présence éventuelle de nodules, de tumeurs, de papillomes ou de polypes, ou plus simplement d’évaluer une otite. Il autorise d’autre part la visualisation, dans la plupart des cas, de la membrane tympanique et la détection des éventuelles déchirures (se manifestant par des points noirs), d’un bombement en cas d’otite moyenne, d’un épaississement ou d’une opacité de la membrane en cas d’inflammation chronique. En outre, il permet de détecter les corps étrangers (type épillets) et facilite leur extraction.

L’examen otoscopique, outre une bonne détersion du conduit auditif (pouvant être réalisée sous anesthésie générale dans certains cas), nécessite l’utilisation d’un otoscope de bonne qualité, émettant une lumière puissante et offrant un large champ de vision.

La lumière produite est le point crucial : elle doit être puissante et focalisée pour permettre un examen dans de bonnes conditions. Les otoscopes dont l’ampoule occupe la partie centrale en occultant une partie du champ de vision ne sont pas les plus efficaces. La meilleure solution est une lampe, de préférence halogène, située dans le manche et fournissant une lumière transmise par des fibres de verre sur les pourtours du spéculum. Les piles doivent être changées régulièrement afin que l’appareil garde toute son efficacité.

L’otoscope peut offrir différentes possibilités d’utilisation

Outre la qualité de la lumière, les spéculums doivent être de bonne qualité, d’un diamètre adapté au conduit examiné, en plastique ou en métal, mais toujours faciles à nettoyer. Certaines têtes d’otoscope sont fendues et des spéculums, eux-mêmes ouverts, adaptables, permettent de faire passer des instruments ou des sondes.

Par ailleurs, divers instruments peuvent s’adapter sur certaines têtes d’otoscope, permettant une plus large utilisation de cet appareil simple et relativement peu coûteux : des spéculums vaginaux, des porte lampes, des loupes, etc.

Il peut donc être utile d’opter pour un appareil de bonne qualité qui offre un large choix de possibilités d’utilisation et minimise d’autant l’obligation de s’équiper d’autres instruments spécifiques comme des spéculums vaginaux, des lampes d’examen, etc.

Cet instrument fait partie de l’équipement minimal du praticien, mais son choix peut être conditionné par la pratique : dans tous les cas, la puissance de la lumière et le champ de vision sont des critères importants.

L’ophtalmoscope est plus complexe, mais de coût similaire

L’ophtalmoscope, un autre appareil d’équipement minimal, est plus complexe, même si son utilisation reste simple et de pratique courante. Son coût est à peine plus élevé cependant.

Un ophtalmoscope se définit comme un outil permettant d’éclairer et d’examiner le fond d’œil. Il peut être direct et indirect, l’utilisation de chacun étant complémentaire. Le premier, outre l’examen du fond d’œil, permet d’éclairer et d’examiner toutes les structures transparentes du globe oculaire ainsi que l’iris.

En pratique, son principe repose sur l’envoi d’un faisceau lumineux sur le fond d’œil de l’animal qui, une fois réfléchi par ce même fond d’œil, est perçu à travers la tête de l’ophtalmoscope par l’opérateur sous la forme d’une image droite. L’ophtalmoscope se compose, comme l’otoscope, d’un manche fournissant une source d’énergie (piles ou batteries) et d’une tête qui représente l’ophtalmoscope proprement dit. Un rhéostat placé sur le manche permet de faire varier l’intensité de la lumière émise.

La tête contenant une ampoule, de préférence halogène, envoie la lumière à travers un condensateur qui rend le faisceau lumineux plus puissant et étroit. Grâce à un prisme, la lumière est ensuite émise vers l’animal. Elle contient aussi un disque, appelé “disque de Rekoss”, qui permet d’interposer entre le praticien et l’animal des lentilles dont la puissance varie entre - 20 et + 20 dioptries en général (certains ophtalmoscopes possèdent une lentille + 40 qui sert de loupe).

La cornée est ainsi visualisée avec la lentille + 20 et les anomalies (comme des ulcères, la présence de néo-vaisseaux, un œdème, des dépôts, etc.) peuvent être détectées. La chambre antérieure est observée à + 15 (évaluation de la turbidité du milieu et de la profondeur de la chambre), l’iris entre + 15 et + 12 (aspect, couleur, déchirures, etc.). Le cristallin est observé, à + 12 pour sa face antérieure et à + 8 pour sa face postérieure, le vitré entre + 8 et 0 (hémorragies, zone de liquéfaction, inflammation avec turbidité, etc.) et le fond d’œil entre + 1 et - 15 (inflammation, hémorragies, décollement rétinien, atrophies, etc.).

La myopie ou l’hypermétropie de l’opérateur est à prendre en considération pour régler le disque de Rekoss.

Un autre disque permettra, lui, de faire varier la taille des spots lumineux (voire de créer une fente pour certains) et d’interposer des filtres colorés ou une grille. Le filtre vert donne une lumière dépourvue de rouge qui rend plus aisée la détection des vaisseaux, le filtre rouge améliore l’observation des hémorragies et le filtre bleu cobalt permet de mieux visualiser la fluorescéine. Quant à la grille, elle facilite la localisation des lésions du fond d’œil et l’évaluation de leur taille.

L’ophtalmoscope direct permet donc d’observer une petite surface rétinienne et l’image obtenue est droite et facile à interpréter. Son coût est peu élevé et il autorise la réalisation d’un examen oculaire complet. Toutefois, dans les situations où les milieux observés sont troubles, la lumière est faible et l’observation du fond d’œil est rendue difficile, même lorsque l’ampoule est halogène. D’autre part, l’examen de la rétine périphérique est pratiquement impossible. Enfin, la vision monoculaire ne permet pas d’apprécier facilement les reliefs.

L’ophtalmoscope indirect est complémentaire de l’ophtalmoscope direct

Pour toutes ces raisons, l’ophtalmoscope indirect est complémentaire du précédent, même si son coût est légèrement plus élevé. Son principe est simple : une source lumineuse, le plus souvent montée sur un casque, envoie un puissant faisceau vers l’œil de l’animal. Lorsque le praticien interpose, entre l’œil observé et lui-même, une lentille convergente plan convexe, il reçoit le faisceau réfléchi et obtient une image inversée dont le relief est rendu par la vision binoculaire. L’agrandissement dépend de la puissance de la loupe : une loupe de 20 dioptries permet d’obtenir une image agrandie quatre ou cinq fois et une loupe de 30 agrandit moins l’image, mais offre un champ de vision plus large.

Dans la pratique, le vétérinaire se place à une distance d’environ 75 cm de l’œil et porte un casque qui comporte la source lumineuse et une paire d’oculaires. Il interpose une lentille entre lui-même et l’animal, à quelques centimètres de l’œil. Par cette méthode, le fond d’œil est visible pratiquement dans sa totalité, y compris la rétine périphérique.

D’autre part, les deux mains sont libres pendant l’examen, ce qui permet de maintenir l’animal. L’examen se faisant à distance, il est plus aisé lorsque ce dernier est agité ou agressif.

La source de lumière est puissante et permet de passer des milieux troubles, l’examen est rapide grâce au large champ de vision, même en comparant les deux fonds d’œil, et la vision binoculaire donne la perception de reliefs et l’appréciation des lésions en dépression (colobome papillaire dans l’anomalie de l’œil du colley, par exemple) ou en relief (œdème papillaire ou encore décollement rétinien).

En revanche, l’image inversée nécessite une certaine habitude pour parvenir à localiser les lésions à leur place véritable.

Les deux méthodes d’examen, et donc les deux instruments, ophtalmoscope direct et indirect, sont complémentaires. Le premier peut être utilisé dans un premier temps pour évaluer le fond d’œil et son état pathologique éventuel. Dans un deuxième temps, l’ophtalmoscope direct permet de regarder l’ensemble des structures du globe oculaire avec plus de précision (dans les deux cas, il est utile d’utiliser un mydriatique).

Les ophtalmoscopes et les otoscopes sont dans tous les cas des instruments indispensables dans la pratique quotidienne. Leur coût modéré ne doit pas pour autant dispenser le praticien d’une bonne étude des possibilités de chaque appareil (et en particulier des otoscopes), afin d’optimiser leur utilisation au quotidien.

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