Appareils génital et urinaire sont les sources principales des pertes vulvaires pathologiques - La Semaine Vétérinaire n° 1238 du 23/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1238 du 23/09/2006

Pathologie bovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Anne Thébault

Une métrite puerpérale aiguë, une métrite chronique, une vaginite, une cystite, une pyélonéphrite, des hémorragies utérines ou vaginales sont à envisager lors d’écoulements vulvaires anormaux.

Tout écoulement vulvaire ne traduit pas systématiquement un processus pathologique : la présence de sécrétions utérines au cours de la période d’involution ou de mucus pendant les chaleurs est, par exemple, normale. En revanche, l’apparition d’un liquide purulent et/ou hémorragique au niveau de la vulve en dehors des périodes d’involution ou de chaleurs doit faire l’objet d’un examen approfondi.

La métrite aiguë se manifeste dans les deux semaines post-partum

La métrite puerpérale aiguë (encore appelée lochiomètre, métrite septicémique, métrite aiguë, métrite toxique, endométrite suraiguë, endométrite aiguë ou encore infection utérine précoce) correspond à une infection de l’utérus survenant dans les deux semaines qui suivent le vêlage. Elle fait généralement suite à des manœuvres obstétricales (accouchement dystocique), à une délivrance manuelle ne respectant pas les règles d’hygiène, à une non-délivrance ou encore à un avortement.

Les germes impliqués sont le plus souvent Arcanobacterium pyogenes, les colibacilles (E. coli) et les anaérobies Gram négatif.

Les symptômes sont essentiellement locaux :

- un écoulement en quantité importante au niveau de la vulve, brun au début, puis devenant blanc jaunâtre, purulent, épais et malodorant (voir photo 1). Il prend une couleur rouge en cas de métrite gangréneuse ;

- un vagin et un utérus congestionnés ; l’utérus involue lentement et reste distendu pendant plusieurs semaines ;

- des adhérences utéro-viscérales et/ou utéro-pariétales ;

- une palpation transrectale douloureuse.

Les symptômes généraux sont généralement présents, mais ils sont plus ou moins marqués : hyperthermie (plus de 39,5 °C), abattement, anorexie, baisse de production laitière, efforts expulsifs avec la queue relevée, acétonémie, arthrite, déplacement de la caillette, etc.

Quatre degrés de métrite chronique peuvent être distingués, selon leur sévérité

La métrite chronique correspond à une infection de l’utérus plus ou moins discrète qui se manifeste plus de deux semaines après le vêlage. Elle fait suite à une contamination trop importante au moment du vêlage, à une non-délivrance ou à un déficit immunitaire (lui-même induit par des carences alimentaires). Les germes impliqués sont le plus souvent des anaérobies Gram négatif (Fusobacterium necrophorum, Prevotella sp., Porphyromonas sp., Bacteroides sp.) ou Arcanobacterium pyogenes. Plus rarement, la métrite peut provenir d’une contamination par Brucella avortus (brucellose), Coxiella burnetti (fièvre Q), Listeria monocytogenes (listériose), Leptospira (leptospirose), Campylobacter fetus (campylobactériose) ou Chlamydia psittacci (chlamydiose). Une maladie d’élevage intercurrente d’originale virale est possible (rhinotrachéite infectieuse bovine ou diarrhée virale bovine).

Classiquement, quatre degrés sont distingués dans les métrites chroniques (voir le tableau en page 46).

Les hémorragies utérines sont rares pendant la gestation. Elles peuvent survenir en cas de momifications fœtales, en relation avec des décollements placentaires plus ou moins importants. Les écoulements sont alors de courte durée, car le col se referme rapidement. Cela explique le faible taux d’infection lors de momification fœtale chez la vache. Il est possible d’envisager deux autres possibilités, qui sont beaucoup moins fréquentes :

- en cas de macération du fœtus, si le col s’ouvre, l’utérus est rapidement envahi par des germes pyogènes, ce qui conduit à une transformation purulente du contenu utérin. Les efforts expulsifs périodiques de la vache entraînent alors un rejet discontinu d’un liquide purulent dans lequel se retrouvent des fragments fœtaux ;

- en cas d’emphysème fœtal, les troubles généraux de la péritonite s’accompagnent d’écoulements vulvaires sanieux et purulents, et d’une odeur fétide.

Lors de vaginite nécrotique ou gangréneuse, l’état général est altéré

Les écoulements purulents observés au niveau vulvaire peuvent être dus à des vaginites dont les origines sont multiples.

Ainsi, six causes majeures sont observées :

- traumatismes du vagin ou de la vulve à la suite du part ;

- propagation de métrite aiguë (contamination par les pertes utérines) ou de cystite ;

- surinfection à la suite d’une maladie systémique, telle que la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) ;

- présence de germes pyogènes proches des agents responsables des métrites ;

- infection par le bacille de la nécrose ou par des clostridies (pour les vaginites à symptômes généraux) ;

- infection ascendante lors de tumeurs, de prolapsus, de kystes prolabés des glandes de Bartholin, d’abcès localisés au niveau du col ;

Les vaginites peuvent donc survenir indifféremment pendant la gestation ou après le part.

Les symptômes sont assez caractéristiques : inflammation du vagin, de la vulve et de l’utérus, pourtour de la vulve souillé par des pertes purulentes, odeur nauséabonde, dos voûté, efforts expulsifs et vive douleur locale. Dans le cas particulier des vaginites nécrotiques ou gangréneuses, l’état général altéré se traduit par une hyperthermie et une diminution de la production.

Les hémorragies vaginales sont rares pendant la gestation. Elles proviennent de lésions traumatiques, de tumeurs ulcérées au niveau du col ou du vagin, ou de la rupture de dilatations variqueuses des vaisseaux (cette rupture ne présente généralement aucun caractère de gravité). En revanche, dans le post-partum immédiat, en raison de la disposition particulière de l’artère vaginale, les hémorragies sont assez fréquentes. Il ne s’agit pas vraiment de “pertes”, mais plutôt d’un jet saccadé de sang rouge.

En cas de pertes souillant la vulve et l’arrière-train, il est nécessaire d’envisager la possibilité d’une cystite (inflammation de la vessie) ou d’une pyélonéphrite (inflammation du bassinet et du rein). L’origine de ces deux affections est la même : les germes responsables de l’infection sont Corynebacterium, Enterococcus, les colibacilles, les staphylocoques, les streptocoques, Pseudomonas. Elles font souvent suite aux infections puerpérales, de façon sporadique, parfois enzootique, mais elles peuvent bien évidemment exister en dehors du part.

Coliques et hyperthermie, mictions fréquentes et douloureuses, hématurie et pyurie, douleur à la palpation sont les symptômes de la cystite (voir photo 2 en page 44). Dans le cas de la pyélonéphrite, les signes cliniques ne se limitent pas à la vessie, mais atteignent aussi les reins et les uretères. S’ajoute donc une palpation des reins et des uretères douloureuse, un pH urinaire supérieur à 8,5, une bactériurie, la présence de polynucléaires et de cellules épithéliales dans les urines, une neutrophilie, une anémie, une augmentation du taux de fibrinogènes et des taux d’urée et de créatinine, ainsi que des symptômes généraux (anorexie et déshydratation).

Par ailleurs, certaines affections générales (babésiose, leptospirose) peuvent mimer des pertes vulvaires sanguines en raison de la présence d’hémoglobine dans les urines. Ces maladies possèdent une symptomatologie typique qui leur est propre (troubles généraux, ictère).

  • La suite de l’article (diagnostic et traitement) sera publiée dans le prochain numéro.

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