La blue tongue touche quatre premiers bovins français - La Semaine Vétérinaire n° 1236 du 09/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1236 du 09/09/2006

MRC. Fièvre catarrhale ovine confirmée en France continentale

Actualité

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

L’arbovirose a passé la frontière française. Trois cas ont été diagnostiqués dans les Ardennes et un dans le Nord. Pour l’instant, seuls des bovins sont concernés.

Un œdème des membres antérieurs et une démarche raide étaient les seuls symptômes observés chez la première vache française révélée positive vis-à-vis de la fièvre catarrhale ovine, également appelée blue tongue. « C’est parce que j’exerce en Belgique, où des cas de blue tongue viennent d’être diagnostiqués, que je suis particulièrement vigilant quant à cette maladie », témoigne Bernard Gauthier, praticien à Couvin. Notre confrère a mis en évidence le premier cas de fièvre catarrhale en France continentale, à Brognon, dans les Ardennes. « L’éleveur m’a contacté parce que son animal, une génisse de deux ans de race pie rouge, présentait des œdèmes au niveau des membres antérieurs, ainsi qu’une raideur. Le premier examen clinique, le 22 septembre, n’a rien mis d’autre en évidence. Quatre jours plus tard, l’état général de l’animal, qui salivait beaucoup, s’était dégradé. Mais aucune lésion n’était notée dans la cavité buccale. » Néanmoins, la Direction départementale des services vétérinaires (DDSV) a été alertée et des prélèvements sanguins ont été réalisés. Quelques jours plus tard, le 30 août, des analyses sérologiques et virologiques confirmaient l’atteinte du bovin par la blue tongue.

Un deuxième cas clinique a été mis en évidence le 5 septembre dernier à Tailly (Ardennes). L’animal, un taurillon issu d’un troupeau laitier, a également développé des symptômes de la maladie : perte d’appétit, abattement, jetage, larmoiement et salivation.

Habituellement, l’infection se manifeste principalement chez les moutons

Ces cas cliniques français soulignent l’originalité de l’épizootie qui s’observe dans le nord de l’Europe depuis le 17 août dernier. Les animaux qui présentent des signes de la maladie sont non seulement des ovins, mais également et surtout des bovins. Habituellement, l’infection se manifeste principalement chez les moutons, et affiche un taux de mortalité de 2 à 20 %. Chez les autres ruminants domestiques, elle passe généralement inaperçue. Les bovins, quant à eux, jouent le rôle de réservoir.

Sur les onze premiers foyers mis en évidence en Belgique, sept concernaient des troupeaux bovins (780 animaux au total) et quatre des élevages ovins (133 animaux). 45 bovins ont présenté des symptômes de la maladie, au lieu de 7 moutons seulement. Les principaux signes cliniques observés dans ces premiers foyers bovins étaient des ulcères de la bouche et de la sialorrhée, des ulcères de la muqueuse pituitaire et du jetage, de l’œdème et un érythème des mamelles, un œdème des membres et des boiteries. Le virus en cause est de sérotype 8, qui n’avait jamais été identifié en Europe jusqu’à présent. Le vecteur, un moucheron piqueur du genre Culicoides, n’a pas encore été identifié avec précision.

« La maladie n’a aucune incidence sur la qualité des denrées »

Le ministère de l’Agriculture, dans un communiqué, encourage les détenteurs de ruminants à notifier des symptômes suspects à leur vétérinaire sanitaire « pour une détection précoce de l’affection ». Il souligne également que « cette maladie ne touche que les ruminants. Elle n’affecte pas l’homme et n’a strictement aucune incidence sur la qualité des denrées ». Sur le terrain, l’épizootie européenne a réactivé la surveillance passive. Les suspicions cliniques se multiplient.

Deux autres cas ont été mis en évidence dans le nord-est de la France, les 31 août et 1er septembre derniers. Le premier a été diagnostiqué dans un cheptel de vaches laitières à Beaurieux (Nord), le second chez un bovin laitier à Hierges (Ardennes). Ces deux animaux n’ont pas développé de symptômes de la maladie. Ils ont été dépistés dans le cadre d’une surveillance sérologique. En effet, celle-ci a été renforcée depuis le début de l’épizootie.

Des prélèvements sanguins sont effectués dans des troupeaux bovins des départements de l’Aisne, des Ardennes, de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle, de la Moselle et du Nord, qui sont à proximité de la zone frontalière et localisés en zone écologique humide, favorable aux insectes. Ces analyses ont permis de mettre en évidence les deuxième et troisième cas français. Des prélèvements sont également réalisés chez des ruminants importés, originaires des régions infectées des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Allemagne et de la France.

  • Source : Federal Agency for the Security of the Food Chain.

Départements et arrondissements réglementés

• Zone de protection (100 km autour du foyer) :

- Ardennes : tout le département ;

- Aisne : arrondissements de Laon, de Saint-Quentin, de Soissons, de Vervins ;

- Marne : arrondissements de Reims, de Châlons-en-Champagne, de Sainte-Menehould, de Vitry-le-François ;

- Meurthe-et-Moselle : arrondissement de Briey ;

- Meuse : tout le département ;

- Moselle : arrondissements de Metz-ville, de Metz-campagne, de Thionville-est, de Thionville-ouest ;

- Nord : arrondissements d’Avesnes-sur-Helpe, de Cambrai, de Douai, de Valenciennes.

• Zone de surveillance (150 km autour du foyer) :

- Aube : tout le département ;

- Aisne : arrondissement de Château-Thierry ;

- Marne : arrondissement d’Epernay ;

- Haute-Marne : arrondissements de Saint-Dizier, de Chaumont ;

- Meurthe-et-Moselle : arrondissements de Toul, de Nancy, de Lunéville ;

- Moselle : arrondissements de Boulay-Moselle, de Château-Salins, de Forbach ;

- Nord : arrondissements de Dunkerque, de Lille ;

- Oise : arrondissements de Clermont, de Compiègne, de Senlis ;

- Pas-de-Calais : arrondissements d’Arras, de Béthune, de Lens ;

- Seine-et-Marne : arrondissements de Meaux, de Provins ;

- Somme : arrondissements d’Amiens, de Montdidier, de Péronne ;

- Vosges : arrondissement de Neufchâteau.

Source : ministère de l’Agriculture.

J.-P. G.

150 foyers de blue tongue

Au 4 septembre dernier, 150 foyers de blue tongue (sérotype 8) avaient été comptabilisés dans le nord de l’Europe : 69 en Belgique, 34 aux Pays-Bas, 43 en Allemagne et 4 en France. Depuis la découverte du premier cas clinique, à Kerkrade (Pays-Bas), le 17 août, l’épizootie ne cesse donc de s’étendre. En France, elle reste pour l’instant cantonnée à la frontière belge.

La Corse a déjà subi trois vagues épizootiques, en 2000 et 2001 (sérotype 2), en 2003 et 2004 (sérotype 4) et en 2004 (sérotype 16).

Source : ministère de l’Agriculture.

J.-P. G.
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