L’Europe veut éradiquer Salmonella Enteritidis et S. Typhimurium à 2 % chez les pondeuses

La Commission européenne est partie, depuis 2003, à la chasse aux salmonelles dans les élevages de volailles. En 2006, c’est chez les poules pondeuses que Bruxelles veut les éradiquer à moins de 2 %, après avoir commencé la traque chez les reproducteurs, et avant de la poursuivre en 2007 chez les poulets de chair, en 2008 chez les dindes et les porcs charcutiers, et en 2009 chez les porcs reproducteurs.

Depuis le 1^er août dernier, un nouveau règlement européen⁽¹⁾ fixe un objectif de prévalence à 2 % au maximum de cheptels de poules pondeuses contaminés par Salmonella Enteritidis ou S. Typhimurium. En Europe, elle est actuellement de 30 % pour Salmonella spp., 20 % pour S. Enteritidis (18,2 %) et S. Typhimurium (2,4 %), les deux sérovars inclus dans l’objectif de 2 %. Mais ces moyennes ne reflètent pas la grande diversité des résultats. Jusqu’à 80 % des cheptels sont en effet contaminés au Portugal ou en Pologne, alors que la Suède ou la Finlande affichent des prévalences proches de 0 % (^{voir graphique}).

Premier producteur, la France affiche 8 % de prévalence en S. Enteritidis et S. Typhimurium

La France, premier pays européen par le nombre de poules pondeuses (74 millions), présente d’assez bons résultats, même s’ils sont encore loin de l’objectif de 2 %. Environ 17,2 % des troupeaux présentent une contamination par Salmonella spp., 3,9 % par S. Enteritidis, 4,3 % par S. Typhimurium. Selon l’enquête européenne de prévalence, les sérovars les plus fréquemment isolés sont S. Enteritidis (51,33 % des souches isolées), S. Infantis (8,31 %), S. Typhimurium (5,24 %), etc.

Pour atteindre son objectif, Bruxelles met surtout en avant les sanctions commerciales pour les exploitations contaminées.

Les œufs de cheptels contaminés seront interdits avant 2010

Depuis 2003, la réglementation européenne prévoit qu’à partir de 2010, « les œufs provenant de cheptels contaminés ne pourront pas être commercialisés comme œufs de table et devront subir un processus de stérilisation avant de pouvoir servir à la fabrication d’ovoproduits ». Mais l’échéance est trop lointaine pour Bruxelles. La Commission souhaite parvenir à un accord dans les tout prochains jours sur une nouvelle date couperet bien plus proche.

Un autre règlement⁽²⁾, paru le 2 août, rend obligatoire la vaccination contre S. Enteritidis chez les poules pondeuses dans les pays les plus contaminés (prévalence supérieure à 10 %), au plus tard le 1^er janvier 2008, et au moins pendant la phase d’élevage. L’enquête de prévalence montre que dans les lots vaccinés contre S. Enteritidis (n = 1 505), seulement 4 % des prélèvements sont positifs. En revanche, dans les lots non vaccinés, bien plus nombreux (n = 13 979), le taux atteint 12,9 %. Toutefois, les exploitations où il est établi que S. Enteritidis n’est pas présente pourront déroger à cette vaccination.

Les antibiotiques, sauf exception, sont interdits contre les salmonelles aviaires

A contrario, selon le nouveau règlement européen, les antibiotiques « ne constituent pas une méthode de lutte contre les salmonelloses chez les volailles ». Ils sont ou seront donc exclus des programmes nationaux officiels de lutte contre les salmonelles dans tous les cheptels : reproducteurs, poules pondeuses ou, à l’avenir, volailles de chair.

En effet, les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les salmonelloses aviaires, selon l’enquête. En outre, « les risques d’antibiorésistance sont augmentés ». Enfin, les antibiotiques peuvent masquer une contamination et donc nuire au dépistage des salmonelles.

Toutefois, des dérogations à l’interdiction sont aussi prévues, lors de salmonellose clinique, ou au « cas par cas ». L’utilisation des antibiotiques sera alors toujours « surveillée » par l’autorité compétente, probablement les DSV en France. Cette interdiction d’emploi des antibiotiques s’applique aux programmes nationaux de lutte contre les salmonelles. Pour le moment, de tels programmes officiels concernent les cheptels reproducteurs. Pour ces dernier, l’objectif fixé l’an dernier est de descendre, d’ici à la fin de l’année 2009, en dessous de 1 % pour cinq sérovars : S. Enteritidis, S. Hadar, S. Infantis, S. Typhimurium et S. Virchow. Aujourd’hui, l’objectif affiché de 2 % chez les pondeuses, pour deux sérovars (S. Enteritidis et S. Typhimurium) devra aussi être atteint sans antibiotiques. En France, ces salmonelloses des reproducteurs ou des poules pondeuses font partie des maladies légalement réputées contagieuses (MLRC). La déclaration obligatoire d’infection devrait alors permettre des mesures de police sanitaire qui excluront l’antibiothérapie, sauf cas exceptionnels.

• (1) Règlement (CE) n° 1168/2006 du 31/7/2006 (JO 1^er/8/2006).

• (2) Règlement (CE) n° 1177/2006 du 1^er/8/ 2006 (JO 2/8/2006). La liste des textes réglementaires européens figure sur Planete-vet.com