Détartreurs et polisseurs doivent entrer en action avant que la parodontite s’installe - La Semaine Vétérinaire n° 1234 du 15/07/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1234 du 15/07/2006

Hygiène buccale

Gestion

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Auteur(s) : Raphaële Dupré

Le détartrage est l’un des éléments fondamentaux de la prévention et du traitement des gingivites et de la maladie parodontale.

Partant du principe qu’une parodontopathie active ne se développe pas autour d’une dent propre, l’hygiène buccale est un élément clé de la prévention et du traitement des affections des gencives. Elle passe en particulier par la réalisation de détartrages/polissages fréquents et bien conduits.

La flore buccale peut devenir délétère et aboutir à une parodontopathie

La cavité buccale est soumise à l’influence chronique de facteurs extérieurs qui agissent sur les tissus bucco-dentaires : bactéries, aliments et traumatismes masticatoires. Dans ce milieu constamment sujet à des agressions extérieures, l’écologie buccale permet de garder un statut sain grâce à des mécanismes de protection complexes. Des éléments mécaniques (épithélium de la muqueuse buccale, flux salivaire, surface dentaire), chimiques (sécrétions salivaires et fluide gingival) et des réponses inflammatoires et immunitaires forment un système de défense performant qui permet de conserver un état d’équilibre sans symptôme clinique, malgré une infection chronique par des bactéries naturellement présentes dans la cavité buccale. Mais lors du vieillissement ou de maladies, cet équilibre peut être rompu et aboutir à des parodontopathies.

Ces dernières, infections bactériennes du tissu qui entoure les dents, sont provoquées par une accumulation importante de bactéries sur le bord gingival, en partie induite par un manque d’hygiène orale. La flore bactérienne commence à se transformer de bactéries aérobies Gram positif immobiles en bactéries anaérobies plus mobiles et Gram négatif. Au fur et à mesure que cette flore augmente, une gingivite apparaît. Le métabolisme bactérien et les mécanismes de défense de l’hôte provoquent une nécrose tissulaire qui conduit peu à peu à la perte du soutien parodontal. La parodontopathie est la cause principale de la perte des dents chez le chien.

Deux formes de parodontopathie existent, la gingivite et la parodontite. La première est l’inflammation des tissus gingivaux hors ligament parodontal et n’atteignant pas l’os alvéolaire. Elle est induite par la plaque bactérienne. Elle est couramment à l’origine d’une haleine fétide, cette dernière déclenchant généralement la consultation. A ce stade, la gingivite est réversible à condition d’instaurer une hygiène dentaire convenable. Si elle n’est pas traitée, elle aboutit à la parodontite. Après des années d’évolution de la plaque dentaire, de tartre et de gingivite, la parodontite s’installe, provoquant une perte irréversible du soutien dentaire. Les dents atteintes sont mobiles, une gingivite simultanée est le plus souvent présente, ainsi que du tartre sous-gingival.

Un nettoyage soigneux est la clé de voûte du traitement de la maladie parodontale

La parodontite est à traiter par un nettoyage soigneux au-dessus et en dessous de la ligne des gencives. L’existence d’une poche parodontale de plus de 4 mm doit conduire à pratiquer des gingivectomies permettant d’accéder à la surface de la racine pour la nettoyer.

Le tartre lui-même n’est donc pas à l’origine de la maladie parodontale, puisqu’il n’est que le produit de la minéralisation de la plaque dentaire. Il ne contient que des bactéries mortes. Mais la rugosité de sa surface joue un rôle secondaire important, car elle favorise l’accumulation de cette plaque dentaire.

Le traitement et la prévention des maladies parodontales passent donc par un détartrage soigneux. Il faut enlever le tartre, mais aussi traiter toutes les lésions gingivales présentes et les éventuelles lésions dentaires qui favorisent les dépôts tartriques.

Un “détartrage” comprend donc en fait un détartrage supra-gingival proprement dit avec la suppression du tartre sur les quatre faces de la couronne (soit à la curette, soit à l’appareil à ultrasons) et un détartrage sous-gingival, le plus important, toujours sur les quatre faces, qui se termine dans tous les cas à la main avec une curette sous-gingivale (par exemple une curette de Gracey).

Le polissage avec une cupule dentaire et une pâte abrasive ne doit pas être négligé. Cet acte, en lissant la surface dentaire, empêche en effet l’adhésion de la plaque et la reformation de tartre.

Lors de parodontite, le détartrage doit s’accompagner du curetage et de la désinfection des poches parodontales et, éventuellement, d’une gingivectomie, d’une gingivoplastie, de la fixation des dents mobiles qui peuvent être laissées en place (moins de 75 % des structures de soutien atteintes) et de l’extraction des dents qui sont trop mobiles.

L’achat d’un détartreur est indispensable, mais l’équipement varie selon l’utilisation

Pour éviter la maladie parodontale, l’instauration d’une hygiène buccale est donc indispensable. Elle passe notamment par un brossage régulier, une modification de l’alimentation (les animaux nourris avec des croquettes développent moins de problème, car elles ont un effet mécanique de nettoyage), mais aussi des nettoyages préventifs réguliers pour éviter l’apparition de la gingivite. Les détartrages sont proposés tous les trois mois à un an, d’après l’âge de l’animal et sa prédisposition.

Que ce soit dans une structure généraliste ou dans une clinique où la dentisterie fait partie des spécialités proposées, un équipement adéquat est indispensable pour pouvoir réaliser des détartrages efficaces. Les appareils à ultrasons proposés disposent d’un équipement plus ou moins complet et les options sont plus ou moins nombreuses. Leur achat, ainsi que celui des pièces supplémentaires nécessaires à la pratique de la dentisterie sont à raisonner selon l’utilisation courante qui en est faite.

Des modèles relativement basiques, tournés essentiellement vers la pratique courante de détartrages “simples” conviennent parfaitement aux structures généralistes. Le Suprasson P5, par exemple, avec une plage de puissance étendue, s’adapte à tous les types de détartrage. Il est livré avec une pièce à main autoclavable équipée d’un insert de détartrage. S’il est possible d’y adapter des limes d’endodontie, il est cependant avant tout conçu pour une utilisation courante. En outre, il n’offre pas la possibilité de réaliser un polissage.

Beaucoup plus complet, le détartreur polisseur Cocoon Spray dispose d’un micro moteur qui peut recevoir un ensemble divers de pièces à main. Un contre-angle de polissage (en option) peut s’y adapter. Cet appareil permet aussi le fraisage, la coupe de dent et la petite ostéosynthèse, à condition d’y adjoindre les pièces à main et les contre-angles adaptés, tous en option. En effet, le Cocoon Spray n’est livré qu’avec une pièce à main et un insert de détartrage.

Pour sa part, le Cocoon Hygienist propose, outre un détartreur ultrasonique et un micro moteur avec un spray intégré (optionnel) permettant, entre autres, le polissage, une seringue à trois fonctions : air, eau et spray air/eau. Le fonctionnement de ce système nécessite un compresseur, en option. Ce détartreur polisseur existe également “avec lumière”. Elle est intégrée au micro moteur pour un meilleur confort d’utilisation et s’éteint trois secondes après le relâchement de la pédale. Son principal intérêt réside dans la large de gamme de contre-angles et d’inserts adaptables, qui permettent de réaliser un grand nombre d’actes de dentisterie.

Quel que soit le modèle, le détartreur nécessite l’ajout d’une pompe à eau pour pouvoir fonctionner. L’achat d’un appareil doit donc aussi tenir compte du nombre de pièces non fournies et nécessaires dans le cadre de l’utilisation recherchée.

Si le prix d’achat du détartreur lui-même est fixe, le coût d’un équipement complet varie. Ainsi, le tarif des contre-angles s’échelonne de 200 à 500 € HT selon leur fonction. Pour une utilisation moins spécialisée, il est utile de choisir un modèle qui offre une pièce à main sur laquelle s’adaptent de nombreux inserts (détartrage supra-gingival et sous-gingival, curetage, fraises diverses), d’un coût moindre (de 1 à 10 € HT environ).

Les cupules de polissage, elles, sont à monter sur un contre-angle. Elles sont à usage unique et doivent être utilisées en même temps qu’une pâte abrasive. Il convient donc également de prendre en considération le prix de ces consommables. Au final, le budget à consacrer à un équipement de type détartreur dépend essentiellement de l’usage auquel il est destiné, du détartrage seul à la dentisterie en général (certains instruments qui ne nécessitent pas de recourir au détartreur comme support sont alors disponibles).

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