Le choix de la ferrure s’adapte à la discipline sportive à laquelle le cheval est destiné - La Semaine Vétérinaire n° 1232 du 30/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1232 du 30/06/2006

Conseils de maréchalerie

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

L’objectif est double : ferrer le cheval sain d’une part, prévenir les affections professionnelles d’autre part.

Le cheval de concours de saut d’obstacles exécute souvent des virages serrés, notamment à la réception. Il présente donc des contraintes de rotation, de collatéromotion et d’hyperextension du membre qui prédisposent différentes régions à des lésions spécifiques :

- au niveau du pied, il s’agit de l’articulation interphalangienne distale et des ligaments collatéraux 2/3 phalangiens ;

- au niveau des tendons, le fléchisseur profond des doigts (notamment en partie distale) et la bride carpienne sont particulièrement exposés, ainsi que le suspenseur du boulet en région proximale (antérieurs et postérieurs) ;

- le boulet subit des contraintes sur le condyle médial métacarpien.

Les conseils de maréchalerie sont donc de ferrer de façon assez légère, avec un fer roulant, sans trop de support postérieur (suspenseur), en respectant l’équilibre antéro-postérieur du pied.

Le cheval de dressage travaille de manière générale sur de bons sols, souples. Il effectue beaucoup de cercles et de pas de côté qui sollicitent les ligaments collatéraux (rotation et collatéromotion), présente des allures relevées (notion de rebondi qui sollicite les mécanismes biomécaniques passifs, notamment le suspenseur du boulet et les brides radiale et carpienne). C’est en général un animal d’un poids important (et parfois en surcharge pondérale), dont la carrière s’inscrit dans la durée, exposant ses articulations et tendons au vieillissement. Les lésions spécifiques du cheval de dressage concernent donc logiquement le pied (articulation interphalangienne distale et ligaments collatéraux), le suspenseur du boulet et la bride carpienne, ainsi que les articulations métacarpo-phalangiennes (stress, fractures). La maréchalerie préconise un fer assez léger, roulant, qui respecte l’équilibre antéro-postérieur.

Le cheval de concours complet est à la fois un cheval de sport et de course. Il est donc prédisposé, de surcroît, aux contraintes de l’hypertension du boulet et du carpe. Les lésions dont il souffre préférentiellement sont situées au niveau du tendon fléchisseur superficiel du doigt, du suspenseur (antérieurs et postérieurs), du boulet et du grasset (traumatismes sur les obstacles fixes). Les conseils de ferrure concernent l’entraînement (fer roulant et, éventuellement, ajout de plaques avec du silicone) et la compétition (ferrure très ajustée et assez adhérente, notamment pour le cross : le cheval ne doit impérativement pas déferrer pendant cette épreuve). Il est important de surveiller les dates des compétitions phares de l’année, car il est préférable d’avoir un maximum de potentiel sur la boîte cornée au moment voulu. En général, le cheval est ferré douze à quinze jours avant l’épreuve.

Le cheval d’endurance, quant à lui, travaille sur des sols plutôt durs et non pénétrants, irréguliers et caillouteux : sa ferrure est avant tout exposée à une usure prématurée et importante. Il est prédisposé aux affections dégénératives articulaires (boulets et pied), à celles du suspenseur (proximalement et au niveau des branches) et aux contusions de la sole. La ferrure doit donc être assez légère et privilégier la diminution maximale des leviers et la protection de la sole (fers avec un bon rolling de type Saint-Croix avec plaques et résines).

Les différentes lésions des chevaux de sport sont des maladies professionnelles

Trois grands types de lésions sont rencontrées : les lésions symétriques et les lésions asymétriques des tendons, ainsi que les lésions articulaires.

Les lésions symétriques intéressent les tendons fléchisseurs des doigts et le suspenseur du boulet. Pour traiter une tendinite du perforant, il convient d’élever les talons et de diminuer le levier en pince (flexion interphalangienne distale et relâchement du tendon en phase de propulsion). Il faut parer et ferrer le pied de manière à obtenir un bon rolling antérieur et en mamelle externe du pied, avec une ajusture à la française. Cela peut s’obtenir avec un fer à l’envers ou un egg bar shoe. Lors de lésions chroniques, il est nécessaire de maintenir le roulement antérieur et de privilégier une bonne couverture postérieure du pied (ferrure à oignons par exemple). Les tendinites du fléchisseur superficiel et du suspenseur répondent aux mêmes principes biomécaniques : il faut réaliser une ferrure à pince couverte et diminuer l’appui en partie postérieure pour permettre l’enfoncement des talons dans le sol, en abaissant la couverture des éponges et en les biseautant sur la rive externe. Le fer est très ajusté.

Lors de lésions asymétriques (branches de suspenseur ou de perforé, ligaments sésamoïdiens obliques), le principe est de soutenir le pied par une branche asymétrique plus large du côté de la lésion et d’augmenter le roulement du côté opposé, par une branche plus étroite et biseautée. Ces ferrures doivent être provisoires, posées lors de la phase aiguë des tendinites.

Les ferrures peuvent également être d’une grande utilité lors d’affections articulaires. Par exemple, en cas d’arthropathie interphalangienne distale, les principes sont de limiter les percussions et les chocs à ce niveau (ferrure amortissante) et de réduire les mouvements de rotation et de collatéromotion (ferrure avec des leviers antéro-postérieurs et latéro-médiaux limités, ferrure de type full rolling moving shoe comme les Natural Balance Shoes (NBS), les PG Shoes, etc. En présence d’atteinte de l’os sous-chondral (ostéolyse du condyle médial métacarpo-phalangien par exemple), une lésion douloureuse en compression, il convient de favoriser le roulement du côté de la lésion (banche étroite et biseautée à ce niveau).

  • Source : EPU de maréchalerie organisé au Cirale les 16 et 17 mars 2006 par le professeur Jean-Marie Denoix, ainsi que Bernard Duvernay et Antoine Corona, maréchaux-ferrants.

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