L’aide au diagnostic lors d’une suspicion d’infection prostatique se précise - La Semaine Vétérinaire n° 1232 du 30/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1232 du 30/06/2006

Affections de la prostate

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Xavier Lévy

De nouveaux traitements médicaux, alternatifs à la castration chirurgicale, n’altèrent pas la fertilité.

Le congrès européen de la reproduction du chien et du chat, organisé par l’Association européenne pour l’étude de la reproduction des petits animaux, qui s’est tenu du 7 au 9 avril dernier à Budapest, s’est intéressé aux affections de la prostate. Celles-ci sont fréquentes chez le chien mâle âgé de plus de cinq ans, notamment l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) et les prostatites. De nombreux auteurs attribuent ces dernières aux infections à bactéries aérobies principalement (E. coli, Staphylococcus sp., Streptococcus sp., etc.), mais aussi à des bactéries anaérobies et à des mycoplasmes. Cependant, peu d’études se sont penchées sur cette réelle proportion d’infections, pas plus que sur les méthodes de diagnostic les plus fiables pour les confirmer ou les exclure.

L’utilisation parfois non raisonnée des antibiotiques fait apparaître, en médecine vétérinaire, des résistances bactériennes de plus en plus fréquentes. Des travaux ont été menés pour savoir si leur utilisation se justifie en cas de prostatite. Présentés au congrès de Budapest, ils concernent quarante-deux chiens amenés en consultation pour un syndrome prostatique ou une hématospermie(1). Les auteurs se sont penchés sur les différentes techniques utilisables en médecine vétérinaire destinées à diagnostiquer les infections prostatiques et la sensibilité bactérienne aux différents antibiotiques (échographie génitale, biopsie prostatique échoguidée, urine collectée par cystocentèse, liquide de massage prostatique, fraction prostatique de l’éjaculat).

Seulement un tiers des prostatites chez les chiens étudiés étaient d’origine infectieuse

D’une part, la biopsie, considérée comme la technique de référence, révèle qu’un tiers seulement des prostatites chez ces chiens étaient d’origine infectieuse, avec comme principales bactéries mises en culture Escherichia coli, Staphylococcus intermedius, Pseudomonas aeruginosa et Streptococcus canis.

D’autre part, lors de syndrome prostatique associé à des symptômes du bas appareil urinaire (dysurie, pollakiurie, strangurie, hématurie), une uroculture réalisée en première intention (sur cystocentèse) permet de confirmer ou d’exclure une infection prostatique dans 80 % des cas. En revanche, lors d’anomalie de la semence stricte (hématospermie, tératozoospermie, etc.), la biopsie prostatique est le seul examen paraclinique fiable. Face à une prostatite infectieuse, les bactéries se révèlent moyennement sensibles aux antibiotiques usuels : la sensibilité est inférieure à 60 % pour la céfalexine et à 70 % pour les sulfamides-triméthoprimes, mais leur sensibilité aux fluoroquinolones reste cependant élevée (98 % pour la marbofloxacine).

Réduire le volume prostatique lors d’hyperplasie bénigne et de prostatites

Le vétérinaire peut proposer au propriétaire la castration chirurgicale ou médicale du chien. La première a l’avantage d’entraîner une réduction du volume prostatique rapide (diminution de 50 % en trois semaines) et définitive. Cependant, cette solution est souvent mal vécue et incompatible avec une carrière de mâle reproducteur ou de chien de travail. Différents traitements médicaux existent, mais ils ont tous un effet provisoire sur la réduction du volume prostatique, ainsi qu’un certain nombre d’inconvénients. Les progestagènes à activité anti-androgénique actuels ont une durée d’action variable selon les chiens, de deux à six mois, et peuvent engendrer de nombreux effets secondaires transitoires (polyuro-polydipsie, polyphagie, baisse de la vigueur sexuelle et de la qualité de la semence possible pendant une durée indéterminée) qui contre-indiquent leur emploi pour les étalons reproducteurs, les chiens de travail ou diabétiques. Un inhibiteur de l’enzyme 5Α-réductase (finastéride, commercialisé en médecine humaine) est actuellement la seule molécule utilisable pour les étalons reproducteurs ou les chiens de travail. En effet, le finastéride inhibe la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone et induit une diminution du volume prostatique sans modifier la production de testostérone. Ainsi, le mâle conserve sa libido et la qualité de sa semence. Cependant, le traitement doit être administré au chien pendant au moins trois à six mois et l’effet est tardif (diminution du volume de 50 % en six semaines). De plus, le volume prostatique augmente dès l’arrêt du traitement.

Une nouvelle molécule, l’acétate d’osatérone, réduit le volume prostatique rapidement

Philippe Mimouni et son équipe ont présenté les résultats obtenus avec une nouvelle molécule, l’acétate d’osatérone, en cours d’autorisation de mise sur le marché, dans le traitement des hyperplasies prostatiques. Dans l’étude, dix-huit chiens de différentes races inclus dans le protocole reçoivent par voie orale la dose de 0,25 mg/kg/j pendant sept jours d’acétate d’osatérone.

Cette molécule (famille des progestagènes) semble réduire le volume prostatique rapidement (50 % en deux semaines) et de façon durable (absence d’augmentation quatre mois après le traitement) sans altérer la libido du chien ni la qualité de sa semence.

Cette nouvelle molécule devrait donc bientôt enrichir l’arsenal thérapeutique dans la gestion des affections prostatiques.

  • (1) X. Lévy (résident en reproduction animale à l’ENVA) et coll., 2006.

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