Les praticiens réalisent-ils trop d’examens complémentaires ou pas assez ? - La Semaine Vétérinaire n° 1231 du 24/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1231 du 24/06/2006

Entre nous

FORUM

L’examen clinique prime, mais il n’est plus suffisant

François Decante, praticien à Chateaubriant (Loire-Atlantique).

Les clients sont demandeurs. Les examens complémentaires les confortent dans la perception qu’ils ont du diagnostic après l’examen clinique. Je pense qu’actuellement, à part pour la “bobologie” quotidienne, le diagnostic clinique doit être validé par un examen complémentaire. Il est certain que nous ne proposons pas à chaque consultation des investigations lourdes et onéreuses comme des myélogrammes, des scanners (en référé !), etc., mais nous réalisons quotidiennement des examens ultra classiques (frottis, calques, biochimie, ECG, radiographies, etc.).

Si l’examen clinique prime, il n’est plus suffisant. Lorsqu’un pédiatre diagnostique une angine chez l’un de mes enfants, j’apprécie qu’un écouvillonnage lui indique rapidement si le recours à l’antibiothérapie est nécessaire. Je pense que les propriétaires d’animaux ont le même type d’attente. Un client qui observe lui-même de nombreuses Malassezia au microscope adhère mieux au traitement prescrit, même si celui-ci est long et contraignant. Il est évident que les examens complémentaires doivent être réfléchis, mais nous avons tout intérêt à les effectuer et à les facturer à leur juste coût : pour un meilleur diagnostic, pour la satisfaction de notre clientèle et pour la santé économique de nos structures professionnelles.

Ces examens sont souvent inutiles et trop nombreux

Stéphane Littner, praticien à Paris.

En tant que vétérinaire homéopathe, je pense que notre médecine, comme la médecine humaine, va vers une simplification via des actes techniques qui oublient la biologie et la relation de l’être vivant avec son milieu. De mon point de vue, il y a trop d’examens complémentaires, dès lors que l’acte se résume à la recherche effrénée d’un diagnostic au sens allopathique du terme, alors que le praticien se trouve face à une maladie de terrain. Je préfère utiliser les examens complémentaires afin de connaître le stade lésionnel de la maladie et son pronostic pour cadrer la situation.

Par exemple, un scanner réalisé chez un teckel algique dont la radiographie sans préparation mettait en évidence des signes de hernie discale nous a permis, deux jours plus tard, de réaliser une opération de décompression dans des conditions optimales.

A l’inverse, je reçois quotidiennement des cas référés pour homéopathie dans lesquels, à l’évidence, la seule démarche allopathique avec une batterie d’examens complémentaires est, ou a été, impuissante. Lorsque le praticien est placé face à une maladie chronique de terrain, les examens complémentaires sont souvent inutiles (a fortiori quand ils sont invasifs), car la cause de l’affection se trouve alors à un autre niveau que celui auquel ils nous donnent accès. En fait, ce sont les propriétaires qui, bien souvent, nous amènent la solution à travers leurs explications. Il suffit de bien les écouter et de “traduire”. Les examens complémentaires retrouvent alors leur vraie raison d’être, ils viennent “en complément”, si nécessaire, mais la consultation n’est plus centrée sur eux.

Ce n’est que dans ces conditions que nous pouvons tenter d’exercer notre médecine qui est avant tout un art, centrée sur l’individu, ceux qui l’accompagnent, et la relation qui existe entre eux.

Avoir un sens et être cohérents

Jean-Hugues Bozon, praticien à Versailles (Yvelines).

Nous avons pour philosophie de proposer assez rapidement la réalisation d’examens complémentaires aux propriétaires d’animaux qui fréquentent notre structure. Nous disposons pour cela d’un plateau technique relativement complet, ce qui nous permet d’effectuer des tests assez poussés afin d’obtenir un diagnostic le plus précis possible.

Bien entendu, l’examen clinique demeure fondamental, et cette étape de la démarche clinique permet d’orienter le choix des examens complémentaires que nous offrons. Certains clients en sont particulièrement demandeurs. Nous essayons alors de leur faire comprendre que ces examens doivent avoir un sens et qu’il est nécessaire qu’ils soient cohérents avec l’examen clinique effectué auparavant. Généralement, nous nous rendons compte que les propriétaires connaissent bien leurs animaux et que l’examen demandé se révèle souvent utile.

Par exemple, je me rappelle que l’un d’eux m’a un jour demandé la réalisation d’une rhinoscopie en première intention pour son animal qui présentait des éternuements occasionnels, sans autre signe clinique. Cette requête nous a permis d’extraire un immense brin d’herbe logé en région distale des cavités nasales.

D’une façon générale, nous suggérons toujours aux propriétaires les examens que nous jugeons nécessaires, en leur explicant les raisons qui motivent ce choix. Puis nous prenons la décision de les réaliser ou non, en concertation avec eux, selon les attentes qu’ils expriment et les moyens financiers qu’ils souhaitent et peuvent engager.

Mais, en première intention, nous suggérons toujours ce que nous estimons être le meilleur pour l’animal, sans préjuger du coût que cela induira.

En effet, il nous semble préférable de faire face à un reproche par excès plutôt qu’à un reproche par défaut de réalisation d’examens complémentaires.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr