La visite d’achat n’est pas seulement une visite vétérinaire et chaque cas est unique - La Semaine Vétérinaire n° 1231 du 24/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1231 du 24/06/2006

Congrès d’Amsterdam

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Mariane Neveux

Une table ronde sur la visite d’achat a été organisée lors du congrès d’Amsterdam, du 22 au 24 avril dernier.

La visite d’achat est toujours l’occasion de nombreuses discussions ! », a déclaré notre confrère Gijs Jan van Selm (Pays-Bas) en préambule. Une affirmation avec laquelle tous les intervenants sont d’accord.

En effet, il est toujours “aisé” de trouver un élément qui n’est pas totalement normal lors de la visite qui précède l’achat. Mais la difficulté réside dans le pronostic qui est associé aux anomalies relevées. Ces dernières ne sont pas systématiquement corrélées à un trouble lors de la carrière sportive du cheval.

En outre, il existe un consensus sur la nécessité de bannir les expressions : « Le cheval a passé la visite » et « le cheval a échoué à la visite ».

Le caractère de la visite d’achat n’est pas uniquement vétérinaire. Elle prend en considération la discipline à laquelle le cheval est destiné, son niveau de performance, les objectifs sportifs du cavalier, etc. « Il convient de regarder le cheval lui-même et pas seulement les clichés radiographiques, a souligné notre confrère allemand Marc Koene. En outre, c’est à l’acheteur de voir jusqu’où il veut pousser les examens complémentaires et quels risques il souhaite prendre. » « Nous ne pouvons pas prédire l’avenir d’un cheval, a ajouté Frerik Ter Braake (Pays-Bas), mais nous pouvons décrire ce qui est observé. »

Chaque cas est particulier et il est impossible d’apporter une réponse type

Notre consœur néerlandaise Marianne Sloet a exposé le cas particulier d’une jument de dressage âgée de sept ans chez qui la visite d’achat met en évidence une lésion obturatrice de la veine jugulaire gauche. Le dernier traitement administré par voie intraveineuse date de plus de deux ans chez cette jument qui n’exprime aucune réaction de douleur à la palpation de la veine. L’échographie de celle-ci révèle une absence de flux. Cependant, l’animal présente de bonnes performances. Faut-il l’exclure de la compétition ? « Bien que le trouble soit important, je pense que cela ne constitue pas un vrai problème dans ce cas, puisque le processus est stable depuis plus de deux ans », a estimé Marianne Sloet. La lésion est ancienne et ne semble pas affecter les performances. Une circulation collatérale pallie certainement la déficience de la veine pour l’irrigation de la tête. Il convient néanmoins de noter l’existence d’une telle lésion sur le document de visite d’achat du cheval.

Notre consœur a également relaté le cas d’un hongre âgé de dix ans présentant un rythme cardiaque irrégulier (sans souffle audible) et de bonnes performances sportives. L’irrégularité disparaît à l’effort. L’animal est un sujet expérimenté et calme, ce qui permet la mise en évidence d’une telle arythmie, moins facile à déceler chez des individus un peu excités. Les électrocardiogrammes montrent l’absence de risque à acheter ce cheval.

Certaines lésions sont parfois déroutantes. Marianne Sloet a décrit le cas d’un cheval de concours de saut d’obstacles (CSO) présentant des lésions dermatologiques pouvant évoquer la teigne. L’examen révèle que le cheval souffre en fait d’une Alopecia aerata dont le diagnostic est difficile à établir, car « les biopsies ne sont pas toujours positives ». Ces lésions sont parfois longues à disparaître. Dans ce cas précis, le cheval a retrouvé un pelage normal treize ans après la première constatation des lésions…

Les troubles locomoteurs continuent de soulever des interrogations

A l’occasion de cette table ronde, les affections locomotrices, notamment osseuses, ont fait l’objet de plusieurs discussions, mettant en évidence les approches parfois particulièrement variables d’un pays à l’autre. Par exemple, la marche à suivre en présence d’ostéochondrose est loin d’être tranchée.

En Europe, plusieurs grades sont établis d’après les lésions observées. Mais la situation « est nettement moins formelle aux Etats-Unis », a remarqué notre confrère américain Scott Palmer.

Le recueil d’un prélèvement sanguin a également fait l’objet d’échanges. En effet, il peut être utile d’effectuer un screening, notamment pour détecter la présence d’anti-inflammatoires qui pourraient biaiser l’observation de la douleur ou des troubles locomoteurs durant la visite d’achat. « Certains propriétaires tentent de tricher avec le vétérinaire, a témoigné Marc Koene. C’est pourquoi nous réalisons des prises de sang, les échantillons pouvant être stockés plusieurs mois et utilisés plus tard pour une analyse si cela se révèle nécessaire. » « La visite d’achat n’est pas, bien entendu, une situation identique à la compétition en termes de dopage », a ajouté notre confrère, qui préfère toutefois qu’un protocole dans lequel la prise de sang est notifiée soit signé. « Cela peut apporter une preuve lors de litige, a renchéri notre confère britannique Joe Collins. Au Royaume-Uni, nous encourageons les vétérinaires à effectuer des prises de sang. » Des difficultés techniques et pratiques peuvent en revanche être associées à cette démarche, ne serait-ce que « la possibilité de disposer d’un congélateur immense ! », s’est exclamée Marianne Sloet. En outre, un protocole strict est requis : mention de la personne qui réalise la prise de sang, de celles présentes, obligation de disposer d’un congélateur fermé au public, etc.

Les performances du cheval constituent, bien entendu, un ensemble

L’examen du cheval nécessite de connaître le niveau de compétition pour lequel il est acheté ou auquel il est destiné. Il est possible que la visite d’achat révèle un trouble auparavant silencieux chez un animal acquis pour un niveau de compétition plus élevé que celui auquel il était destiné anciennement. « L’élévation de niveau peut mettre en exergue des problèmes non révélés avant », a résumé Marc Koene.

Par ailleurs, même si la diplomatie s’impose dans le contexte de la visite d’achat, il n’est pas inutile de prendre en considération les performances du cavalier. « Bien entendu, ce n’est pas au vétérinaire de les évaluer », a expliqué Joe Collins. Mais il convient d’être attentif, car un cavalier précautionneux peut masquer certains troubles, alors qu’un autre, moins expérimenté, peut les mettre en exergue.

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