La prévention des coups de chaleur commence dès la conception des bâtiments - La Semaine Vétérinaire n° 1230 du 17/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1230 du 17/06/2006

Elevage avicole et températures élevées

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou

Isolation, ventilation, brumisation ou encore densité des animaux sont des mesures simples à mettre en œuvre.

Durant les périodes de fortes chaleurs, le stress thermique chez les volailles entraîne des réactions en chaîne qui occasionnent des pertes directes (hausse de la mortalité) et d’autres indirectes, liées à une baisse de la croissance. Les pertes et la diminution des performances zootechniques sont surtout dues à l’alcalose respiratoire, à l’origine d’un déséquilibre acido-basique, et aux carences alimentaires.

Si la prévention des coups de chaleur peut passer par une adaptation de l’alimentation et de l’abreuvement(1) des animaux, elle peut aussi s’anticiper. Dès la conception des ateliers d’élevage, le choix de l’équipement, doté de matériel d’aération et de refroidissement, permet une meilleure maîtrise de l’ambiance.

L’implantation des bâtiments doit tenir compte des vents dominants

L’implantation du poulailler doit tout d’abord prendre en considération la nature du sol pour écarter les risques de glissement de terrain éventuels. Il faut éviter sa construction sur des sols humides et argileux et préférer une plate-forme horizontale surélevée. L’emplacement du bâtiment doit être sec, si possible protégé des vents dominants, et posséder un dispositif d’évacuation des eaux pluviales afin d’empêcher les infiltrations.

Il est conseillé d’orienter les bâtiments à ventilation statique selon un axe perpendiculaire aux vents dominants ou avec un angle de 45° par rapport à ces derniers. Lorsque les locaux sont équipés d’une ventilation mécanique, il est préférable de placer les ventilateurs du côté opposé aux vents dominants. Il est aussi utile de planter des arbres brise-vent.

Des matériaux réfléchissants diminuent de 30 % la chaleur radiante du soleil

Un bon bâtiment doit répondre à deux exigences essentielles : éviter l’entrée de la chaleur et permettre l’évacuation rapide de celle-ci, conditions fondamentales dans les pays à climat chaud permanent. Afin d’empêcher l’entrée de la chaleur dans le bâtiment, il faut prévoir l’isolation du toit et, éventuellement, celle des murs. Cette installation est également bénéfique en hiver. Elle évite un refroidissement rapide des lieux et permet donc de réaliser des économies d’énergie.

En été, mieux vaut recouvrir le toit de matériaux réfléchissants. Si la toiture dépasse de l’aplomb du bâtiment, elle empêche la réflexion du soleil sur les murs. Une telle mesure abaisse de 30 % la chaleur radiante du soleil. Une couverture végétale autour du bâtiment permet de diminuer la température du sol. En effet, les végétaux contrent la réflexion des rayons solaires. Des expériences montrent qu’avec un air ambiant de 30 °C, la température au sol reste constante avec un parterre végétal, alors qu’elle peut dépasser 50 °C sur la terre battue.

La brumisation à haute pression permet d’abaisser la température de 5 à 12 °C

En période chaude, l’évacuation rapide de la chaleur des bâtiments nécessite de prévoir des ouvertures assez larges et l’installation d’un système de ventilation bien étudié permettant un renouvellement rapide de l’air. Le but de la ventilation est d’éliminer la chaleur, mais aussi la vapeur d’eau et les gaz toxiques évacués par les volailles et produits par la fermentation de la litière. La ventilation dynamique est plus efficace que la ventilation statique ou naturelle, car elle est fondée sur l’utilisation de ventilateurs puissants (appelés aussi turbines) qui extraient l’air et en assurent un bon renouvellement à l’intérieur du bâtiment.

Lors de très forte chaleur, il faut non seulement renouveler l’air, mais aussi le refroidir en utilisant la technique de brumisation à haute pression (de 50 à 120 bars). Cette méthode a déjà fait ses preuves en France, notamment lors de la canicule de 2003. En outre, elle peut contribuer tout au long de l’année à la désinfection, à la désinsectisation et à la désodorisation. Le principe consiste à installer des rampes en inox, par exemple, avec des buses en laiton ou en inox au niveau de la sous-toiture du côté de l’entrée d’air du bâtiment. Ce système produit des gouttelettes d’eau particulièrement fines (moins de 10 microns). Il permet une diminution de la température de 5 à 12 °C pour un taux d’hygrométrie initial de l’air extérieur entrant dans le bâtiment de 40 %. Le taux d’hygrométrie à l’intérieur de ce dernier ne doit pas dépasser 75 % à 85 %. Si l’humidité excède 80 %, un tel procédé devient inadapté et ne joue pas pleinement son rôle.

Réduire la densité des animaux d’environ 20 % amoindrit la production de chaleur

En marge de la conception des bâtiments, certaines conduites d’élevage doivent également être adaptées. Ainsi, outre l’adaptation de l’alimentation (accroissement de l’apport protéique, vitaminique et énergétique) et l’augmentation du nombre d’abreuvoirs, il convient de prévoir la réduction de la densité des animaux d’environ 20 % lors de périodes chaudes.

Cette mesure permet d’amoindrir la production de chaleur par les oiseaux ou la litière et leur offre une meilleure circulation à la recherche des endroits frais ou aérés. Réduire l’épaisseur de la litière procure également une perte de chaleur par conduction plus importante.

Il est aussi possible d’adapter les volailles à la chaleur dès leur plus jeune âge. En effet, l’exposition de poussins de cinq jours à une température voisine de 36 °C pendant vingt-quatre heures réduit la mortalité en fin de bande. Cette adaptation, ou acclimatation, est surtout jugée efficace quand la durée d’exposition aux fortes chaleurs est limitée dans le temps et que l’hygrométrie reste faible.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1229 du 10/6/2006 en pp. 46-47.

POUR EN SAVOIR PLUS

• E. Viénot : « Prévention des coups de chaleur », dossier spécial, Filières avicoles, 2004, n° 664, pp. 39-53.

• M. Bouzouaia : « Zootechnie aviaire en pays chauds », Manuel de Pathologie Aviaire, éds J. Brugère-Picoux et A. Silim, pp. 53-62.

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