« L’effet Lazare », ou comment des animaux disparus réapparaissent soudainement - La Semaine Vétérinaire n° 1230 du 17/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1230 du 17/06/2006

Evolution cachée

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Alain Zecchini

Supposés éteints depuis longtemps, ils sont repérés parmi les fossiles ou dans la nature.

En 2005, un rongeur inconnu est découvert au Laos par l’équipe de Robert Timmins, de la Wildlife Conservation Society. L’animal, appelé localement kha-nyou, possède de longues moustaches, des pattes courtes et une queue touffue. Les analyses morphologiques et moléculaires révèlent qu’il n’appartient à aucune famille répertoriée. Il est baptisé Laonastes aenigmamus, et représente une nouvelle famille, les Laonastidae. Mais, dans la communauté scientifique, les remous suscités par cette classification sont importants. Des spécialistes des rongeurs se montrent réservés. Et en mars dernier, l’équipe de Mary Dawson (Carnegie Museum of National History) démontre que le kha-nyou est en fait un survivant. Il appartient à la famille des Diatomydae, éteinte depuis onze millions d’années. Laonastes est une espèce-relique, qui manifeste “l’effet Lazare”(1), c’est-à-dire la réapparition d’un taxon (espèce, genre ou famille) dans les fossiles ou dans la nature, après une période plus ou moins longue.

Des espèces ignorées par la science sont souvent connues des populations locales

L’extinction des cœlacanthes avait été datée de quatre-vingts millions d’années, au Crétacé supérieur. Mais, en 1938, un cœlacanthe vivant est découvert au large des côtes d’Afrique du Sud. Son espèce est baptisée Latimeria chalumnae. La même découverte au large des côtes indonésiennes, en 1998, conduit à nommer une deuxième espèce, L. menadoensis.

L’oppossum austral(2), Dromiciops australis, avait été décrit d’après des fossiles en 1894 et classé parmi les Didelphidae. Mais, en 1955, puis en 1982, des révisions ont été apportées. Cet oppossum est maintenant identifié comme le dernier survivant des Microbiotheriidae, une famille vieille de cinq millions d’années.

La même réévaluation a été faite pour le pécari géant, Catagonus wagneri, qui habite les régions arides du Chaco, au Paraguay, en Bolivie et au Brésil. En 1930, quand ses fossiles furent identifiés, il était considéré comme disparu depuis 1,8 million d’années. Mais, en 1972, des crânes récent, d’abord, puis des individus furent authentifiés au Paraguay. L’animal était bien connu des populations locales, mais pas des scientifiques, un cas qui se présente assez souvent.

Parmi les oiseaux, “l’effet Lazare” est observé sur des périodes plus courtes. Le plus récent exemple est celui du pic à bec d’ivoire, Campephilus principali. Il n’avait plus fait l’objet d’observations depuis 1944 aux Etats-Unis et depuis la fin des années 1980 à Cuba. Mais, en 2004, puis en 2005, en Arkansas, aux Etats-Unis, quelques individus ont été aperçus. Le retentissement a été énorme, puisque l’espèce était déjà considérée comme rarissime dans les décennies précédant sa disparition. Un autre oiseau, le courvite de Jerdon (Rhinoptilus bitorquatus), a été rayé des espèces vivantes pendant quatre-vingt-six ans, avant de réapparaître dans les forêts de l’Andra Pradesh, en Inde.

Des questions se posent sur les probabilités de survie d’espèces dont l’acte de décès est établi. L’exemple le plus connu est celui du tigre de Tasmanie, ou thylacine, Thylacinus cynocephalus. Dans la nature, il a été exterminé par l’homme. Le dernier individu captif est mort au zoo de Hobarth, en Australie, en 1936. Mais depuis cette date, des témoignages anecdotiques, tant en Australie continentale qu’en Tasmanie, font état régulièrement d’individus qui auraient été repérés… Ce qui alimente notamment les forums de cryptozoologie, une discipline qui consiste en l’étude d’animaux dont l’existence même est sujette à caution. A ce propos, le bovidé Pseudonovibos spiralis fait l’objet d’une âpre polémique depuis sa description, en 1994(3). Dans son habitat, au Viêtnam et au Cambodge, il possède des noms locaux. La seule preuve de son existence s’appuie sur ses cornes, mais des études ont montré qu’elles pouvaient être fausses, façonnées à partir de cornes de bœuf.

  • (1) En référence à la résurrection de Lazare par le Christ.

  • (2) L’oppossum austral, le « colocolo », est un petit marsupial arboricole largement insectivore, qui vit uniquement dans les forêts du sud du Chili central.

  • (3) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1119 du 6/12/2003 en page 38.

  • (4) World Wildlife Fund : Fonds mondial pour la nature.

Le mammifère mystérieux de Bornéo

En décembre 2005, le WWF(4) annonce l’existence d’un nouveau mammifère carnivore dans une forêt de Kalimatan (partie indonésienne de Bornéo). Il est décrit comme étant un peu plus grand qu’un chat, avec une fourrure rousse et une longue queue. Aucune autre espèce de mammifère semblable n’a été recensée à Bornéo depuis plus d’un siècle.

Cependant, deux points sont problématiques. Les populations locales ne connaissent pas cet animal et, s’il a été photographié en 2003, il ne l’a plus été depuis, ni davantage aperçu. Erik Meijaard, un scientifique de l’association The Nature Conservancy, en Indonésie, suggère la présence, chez cet animal, d’une membrane entre les membres antérieurs et postérieurs. S’agirait-il du premier carnivore pouvant se déplacer entre les arbres en planant ? Ce scientifique penche plutôt pour une confusion avec l’une ou l’autre des deux espèces d’écureuils volants qui, elles, existent bien à Bornéo : le pétauriste géant (Petaurista petaurista) et l’écureuil volant de Thomas (Aeromys thomasi). Elles sont sensiblement de la même taille que l’espèce inconnue et ont la même fourrure rousse.

A. Z.
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