Le réchauffement climatique de la planète fait peser une menace sur la biodiversité - La Semaine Vétérinaire n° 1229 du 10/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1229 du 10/06/2006

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FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Alain Zecchini

Face à l’altération de leur environnement, de nombreuses espèces devront s’adapter ou disparaître.

Durant le XXe siècle, la surface de la terre s’est réchauffée de 0,6 °C et les océans de 1 à 2 °C. Les émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxydes nitreux, CFC(1)), qui retiennent désormais 80 % de la chaleur du soleil, sont les responsables. Le taux de CO2 a progressé de 30 % depuis cent cinquante ans, et celui du méthane de 150 %. Ces émissions proviennent essentiellement des activités humaines : agriculture, production d’énergie, industrie, transports et utilisation de l’habitat.

Les hausses de température peuvent paraître faibles, mais elles engendrent des effets en cascade importants. Les écarts thermiques sont de plus en plus marqués, les glaciers et les banquises fondent et entraînent une élévation du niveau des mers (20 cm depuis un siècle). L’ensemble des écosystèmes est désorganisé et la biodiversité est menacée.

Les espèces inféodées à leur habitat pourront difficilement s’adapter

Les plantes et les animaux dépendent du climat pour leur phénologie, c’est-à-dire les phénomènes biologiques saisonniers les concernant, par exemple la floraison des plantes, la reproduction et la migration des animaux. Pour quantité d’espèces, le réchauffement climatique ne laisse que deux alternatives : s’adapter ou disparaître. Et d’ores et déjà, de nombreux changements sont constatés.

Dans l’hémisphère nord, les arbres poussent plus haut et plus vite et colonisent de nouveaux territoires. Une progression du châtaignier vers le nord de l’Europe est notamment attendue. Mais les espèces végétales inféodées à leur habitat risquent d’être éliminées. Ce serait le cas de celles qui caractérisent les massifs de moyenne altitude dans les Alpes. En Grande-Bretagne, les trois-quarts des populations de quarante-deux espèces recensées de papillons ont diminué depuis trente ans avec la hausse de 1 à 1,5 °C de la température. Seuls quelques papillons généralistes se sont adaptés et déplacés vers le nord. Les autres, surtout les spécialistes (dépendant étroitement de leur habitat), n’ont pas pu s’adapter.

Aux Pays-Bas, une population de gobe-mouches noirs a été réduite de 90 % dans les vingt dernières années. Espèce d’oiseau migratrice, le gobe-mouche se nourrit surtout des chenilles. La période d’éclosion de celles-ci a été avancée par la hausse de la température. Cependant, les oiseaux, eux, n’ont pas modifié la programmation de leur migration aux Pays-Bas et ils sont arrivés trop tard pour trouver leur nourriture habituelle. Néanmoins, d’une manière générale, insectes et oiseaux ont un avantage sur les autres familles animales : ils se déplacent plus facilement. Ce qui est moins le cas pour les mammifères, les amphibiens, les batraciens et les reptiles qui sont davantage prisonniers de leur mode de vie.

Dans le cercle arctique par exemple, la fonte de la banquise réduit le territoire et les proies des ours blancs, et les prévisions de survie pour les décennies à venir de cette espèce sont minces.

Un quart de la faune et de la flore du monde serait éliminé en 2050

Le réchauffement climatique induit donc une série d’effets qui affectent l’ensemble des chaînes alimentaires. Depuis 1979, six épisodes majeurs de blanchiment (c’est-à-dire de mortalité) dus au réchauffement des eaux se sont produits pour les récifs coralliens dans les océans. Et avec eux, de nombreuses espèces végétales marines et de poissons, dépendantes du corail, ont succombé. Les scientifiques suivent avec attention l’évolution du plancton, qui conditionne toutes les chaînes alimentaires marines.

En Antarctique, durant le quart de siècle écoulé, le krill (un crustacé, principale ressource de nombreux mammifères marins) a diminué considérablement. Sa nourriture, le phytoplancton, s’est réduite avec le réchauffement des eaux. Et que ce soit sur terre ou en mer, la désorganisation des chaînes alimentaires accroît les invasions d’espèces, puisque ces chaînes sont fragilisées. Ce qui, à son tour, multiplie les risques de disparition d’espèces.

Rien d’étonnant, donc, à ce que les prévisions soient assez sombres. Le taux de CO2 émis pourrait doubler d’ici à l’an 2100 et les températures augmenter de 1,5 à 5,8 °C, peut-être davantage. Plus de la moitié des mille trois cent cinquante plantes européennes représentatives pourraient être éliminées en 2080. Plus globalement, un quart de la flore et de la faune répertoriée, soit plus d’un million d’espèces, pourrait subir le même sort à l’horizon 2050. Dans les vingt-cinq “points névralgiques” (hotspots), des régions qui concentrent une forte proportion d’espèces endémiques du monde, 39 à 43 % de ces dernières disparaîtraient d’ici à 2100. Certes, il existe encore de nombreuses incertitudes sur les conséquences du réchauffement. Les interactions entre climatologie et biologie, notamment, sont loin d’être parfaitement connues. Mais la tendance est nettement exprimée : si les hommes ne modifient pas radicalement leurs habitudes d’exploitation et de consommation, l’appauvrissement de la biodiversité sera d’une grande ampleur.

  • (1) CFC : chlorofuorocarbure.

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