Les oiseaux sauvages sont partiellement dédouanés dans la diffusion du virus H5N1

Le rôle des oiseaux sauvages dans la dissémination du virus H5N1 de l’influenza aviaire hautement pathogène était le thème phare d’une conférence internationale, coorganisée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), qui a réuni quelque trois cents scientifiques à Rome, les 30 et 31 mai derniers. Leurs premières conclusions indiquent que les oiseaux sauvages n’auraient qu’une responsabilité partielle dans la propagation de la grippe aviaire.

Certes, il est prouvé que les oiseaux migrateurs peuvent transporter le virus sur de longues distances. Ils semblent bien avoir introduit le virus en Russie (depuis l’Asie du Sud), puis en Europe de l’Est en 2005. Mais leur rôle dans sa propagation en Afrique n’est pas prouvé. Les experts pointent du doigt également le commerce de volailles. « Les oiseaux sauvages peuvent introduire le virus dans une zone, mais la propagation de la maladie est généralement due aux actions humaines, comme la mauvaise hygiène de certaines exploitations et une piètre surveillance du commerce des volailles », a déclaré Juan Lubroth, du service de la santé animale de la FAO. Cela a certainement été le cas récemment sur le territoire africain, où l’ampleur de la grippe aviaire a été moins forte que prévue et où aucun indice n’a pu mettre en évidence le lien entre les foyers domestiques et les oiseaux sauvages. De même, le retour des oiseaux migrateurs d’Afrique, tant redouté, n’a pas causé une contamination de grande ampleur dans les pays du Vieux continent.

Renforcer la recherche pour mieux appréhender l’épidémiologie de la maladie

Les oiseaux sauvages seraient donc partiellement dédouanés de leur responsabilité dans la diffusion du virus H5N1. Toutefois, les spécialistes s’accordent sur la nécessaire poursuite des recherches concernant ces oiseaux (espèces les plus prédisposées, temps de survie et de durée de vol lorsqu’ils sont infectés, etc.). Seules de nouvelles études sont en effet susceptibles de révéler si la souche virale hautement pathogène peut devenir endémique chez les oiseaux sauvages et causer des épizooties sur toute la planète dans les années à venir. « Nous ne savons pas réellement si ces oiseaux peuvent devenir des réservoirs du virus à long terme. Et, au cas où ils ne serviraient pas de réservoirs, mais seraient plutôt victimes de la contamination par des volailles domestiques, la prévention devrait alors rester circonscrite au niveau de ces derniers. Si les oiseaux sauvages jouent un rôle, la seule réponse consiste à les observer », a ajouté Joseph Domenech, chef du service de santé animale de la FAO.