La PPC engendrerait une létalité de 70 à 90 % chez les marcassins des Vosges du Nord - La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006

Peste porcine classique chez le sanglier sauvage

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Norchen Chenoufi*, Nathalie Masse-Provin**, Sophie Rossi***, Marie-Frédérique Lepotier****

Une maladie peut être sous-détectée si les cadavres sont difficiles d’accès et disparaissent vite sur le terrain.

La surveillance de la peste porcine classique (PPC) chez le sanglier sauvage repose sur l’analyse systématique des individus tués à la chasse, des cadavres découverts et des animaux malades (ce qui implique le réseau Sagir(1)). De nombreux cadavres de sangliers ont été retrouvés dans les Vosges du Nord en 1992 et 1993. En revanche, cela n’a pas été le cas lorsque la maladie est réapparue en Moselle et dans Bas-Rhin, dans les années 2000. La létalité associée aux souches virales chez le sanglier aurait donc pu être remise en cause, compromettant également l’efficacité de l’épidémiovigilance fondée sur la découverte de cadavres. Pour comprendre cette ambiguïté, et dans le cadre plus large d’un programme de recherche sur l’efficacité vaccinale dans les Vosges du Nord commandé par le ministère de l’Agriculture, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a étudié la létalité réelle induite par le virus chez les jeunes sangliers entre mai et août derniers. Ce suivi a été mis en place par l’unité sanitaire de la faune, assistée du centre national d’études appliquées sanglier-cervidés, des services départementaux du Bas-Rhin et de la Moselle, des agents de la ville de Strasbourg, de nombreux chasseurs bénévoles, des laboratoires vétérinaires départementaux du Bas-Rhin, de la Meuse et des Côtes-d’Armor, du laboratoire de référence (Afssa de Ploufragan) et des services vétérinaires du Bas-Rhin et de la Moselle.

Pour cette étude, des animaux marqués ont été capturés, pesés et ont fait l’objet, à plusieurs reprises, de prélèvements en vue de la réalisation d’une analyse virologique. Les résultats de ces travaux démontrent que les marcassins infectés par le virus de la PPC meurent presque systématiquement (taux de létalité apparente de 70 à 90 %).

Des lésions mortelles caractéristiques retrouvées chez trois marcassins

Parallèlement à ce constat, une recherche de cadavres a été mise en place sur les sites d’étude. Mais en dépit d’une présence humaine quotidienne sur le terrain, seuls trois marcassins ont été trouvés morts ou mourants. Les autopsies pratiquées par le laboratoire vétérinaire du Bas-Rhin ont montré que le premier marcassin, découvert mort, présentait une inflammation des amygdales, de la paroi vésicale, ainsi que de larges plages de nécrose intestinale associées à une perte de poids depuis une précédente capture. Le deuxième sujet, mourant, a été euthanasié. Il présentait des suffusions sanguines sur le myocarde, des pétéchies sur la corticale rénale et l’épiglotte, ainsi qu’une congestion de l’ensemble des nœuds lymphatiques. Il était en outre atteint de lésions de pneumonie aiguë pouvant être liées à une infection virale ou à une surinfection bactérienne. Cet animal présentait également une faible croissance pondérale et des lésions cutanées évocatrices de gale. Chez le troisième marcassin, découvert mourant et euthanasié, des pétéchies ont été décelées sur le cortex rénal, ainsi qu’une nécrose des amygdales, une congestion intestinale et une décoloration hépatique. Outre ces lésions, le virus de la PPC avait infecté la rate et les amygdales des trois animaux.

Le virus sauvage de la PPC semble donc occasionner des lésions mortelles chez les marcassins, bien qu’il soit difficile de détecter leurs cadavres sur le terrain, sans doute à cause d’une consommation rapide par les nécrophages.

Le taux de létalité serait moins important chez les subadultes et les adultes

Au cours de l’étude, aucun cadavre de sanglier âgé de plus d’un an n’a été découvert sur le terrain. Pourtant, les chances de trouver les dépouilles de ces animaux, plus lourds, avant leur consommation par les nécrophages semblent a priori plus importantes. Cela suggère que la létalité engendrée par le virus est peut-être moins forte chez les sangliers subadultes et adultes que chez les marcassins.

Quoi qu’il en soit, ce suivi clinique et lésionnel démontre qu’une maladie occasionnant une forte mortalité peut être largement sous-détectée dans la faune sauvage lorsque les cadavres sont difficiles d’accès (végétation dense) ou sont consommés rapidement par les nécrophages (animaux jeunes ou de petite taille). Cette sous-détection devrait être prise en considération dans le cadre du suivi épidémiologique d’autres affections de la faune sauvage, dont celui de la grippe aviaire réalisé actuellement dans l’avifaune dans de nombreuses régions du monde.

  • (1) Réseau de surveillance sanitaire de la faune sauvage qui repose sur la découverte de cadavres ou d’animaux mourants.

Précisions

La PPC est présente en Europe chez le sanglier sauvage depuis de nombreuses années. Elle fait peser un danger permanent sur les élevages de porcs (comme le démontrent les récents foyers allemands, déclarés en mars et avril 2006). En France, cette infection est présente dans les Vosges du Nord (frontière allemande) depuis avril 2003.

Une vaccination orale des sangliers est menée dans ce secteur pour éradiquer le virus. Six campagnes de vaccination annuelles sont réalisées à l’aide des chasseurs de Moselle et du Bas-Rhin.

S. R., N. M.-P., S. R., M.-F. L.
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