La carence protéique et minérale est le risque alimentaire majeur - La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 03/06/2006

Reptiles en croissance

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Les besoins physiologiques sont aussi divers que le nombre d’espèces de reptiles en captivité (près de huit mille). Quelques règles sont toutefois à respecter.

La maîtrise de l’alimentation est une étape fondamentale en terrariophilie. Elle constitue, avec le respect des conditions environnementales, la clé de voûte de la réussite d’un élevage de reptiles. Les affections d’origine nutritionnelle sont en effet nombreuses. Il est cependant difficile de faire appel à des recettes toutes prêtes, car près de 8 000 espèces de reptiles en captivité sont dénombrées, et chacune a des besoins spécifiques. S’il est impossible d’offrir une alimentation aussi diversifiée et équilibrée en terrarium que dans la nature, il faut tenter de respecter au mieux les exigences physiologiques de l’animal.

Trois groupes aux besoins nutritionnels différents sont distingués : les carnivores (carnassiers, insectivores, etc.), les herbivores (folivores, frugivores, etc.) et les omnivores (voir tableau 1). Le régime des reptiles carnivores doit être essentiellement composé de protéines animales et de matières grasses, alors que celui des reptiles herbivores doit comporter moins de matières grasses, mais plus de glucides d’origine végétale. Le calcul des besoins énergétiques des reptiles est calqué sur les formules des carnivores domestiques : BEE (kcal/24 h) = k x 32 x P0,77, P étant exprimé en kilos et k étant compris entre 1 et 2,5, selon l’activité de l’individu. Ce coefficient k est à moduler d’après le stress (k = 2,5), la température ambiante (si elle augmente, l’activité augmente, donc k également), le degré d’activité, la gestation (k = 1,25) ou la croissance (k = 2).

La croissance continue des reptiles nécessite des apports complets tout au long de leur vie

Outre les besoins énergétiques, il convient de veiller aux apports en vitamines et en minéraux :

- vitamine A : de 1 500 à 10 000 UI/kg MS (matière sèche) ;

- vitamine D3 : de 2 000 à 5 000 UI/kg MS ;

- vitamine E : 400 UI/kg MS ;

- calcium : de 0,8 à 1,4 % MS, soit 1,8 à 3 mg/kcal ;

- phosphore : de 0,5 à 0,9 % MS

Le rapport phosphocalcique doit être compris entre 1 et 4, selon les auteurs et les espèces.

Les besoins dépendent aussi du stade de croissance. Ainsi, les jeunes ont besoin d’un apport accru en calcium, en protéines, en vitamine D3 (endogène et exogène). Cette dernière est indispensable, car elle favorise l’absorption intestinale du calcium alimentaire dans l’intestin grêle. Les besoins sont plus élevés en période prépubertaire (croissance maximale). Cependant, les reptiles grandissent tout au long de leur vie, ce qui nécessite des apports complets et riches en permanence. De plus, leur maturité sexuelle est généralement conditionnée non par l’âge, mais par la taille.

Il faut cependant veiller à éviter l’excès de calcium, qui peut induire des calcifications pathologiques. Mieux vaut ne pas ajouter plus de 1 g de calcium sur une salade entière. Pour les espèces carnassières, la supplémentation n’est pas indispensable, contrairement aux espèces insectivores, sujettes aux carences minérales et vitaminiques. Pour ces dernières, une supplémentation est indispensable, notamment en UVB et en calcium.

Les reptiles peuvent être classés selon l’espèce, puis le régime alimentaire

Il est possible de différencier les consommateurs par espèces de reptiles (voir tableau 2).

• Les serpents sont tous carnivores. Ils apprécient les repas composés de rongeurs, d’oiseaux, de lézards, de poissons, d’amphibiens et beaucoup plus rarement d’insectes.

• Les lézards se répartissent en végétaliens (iguanes verts, fouette-queues, certains caméléons), carnivores (varans, caméléons, geckos) et omnivores (téjus, scinques à langue bleue, agames barbus, etc.).

• Les tortues sont aquatiques (toutes carnivores, elles apprécient les poissons, les batraciens, etc.), terrestres (essentiellement herbivores, elles aiment les végétaux, les baies et les fruits) ou palustres (généralement omnivores, elles se nourrissent de végétaux, d’insectes, de batraciens, etc.).

• Les crocodiles sont tous carnivores. Ils apprécient les poissons, les mammifères et les autres reptiles.

Il existe toutefois des exceptions, car de nombreuses tortues sont opportunistes. Ainsi, il n’est pas rare qu’une tortue terrestre se nourrisse occasionnellement de proies carnées (limaces, lombrics, escargots) et qu’une aquatique consomme des végétaux… L’aliment doit donc être adapté au besoin et au comportement alimentaire, et parfaitement équilibré, tout se jouant à la croissance. Les périodes physiologiques sont à respecter, afin de ne pas exposer l’animal à des carences, notamment en protéines et en calcium.

Les carences en calcium et vitamine D3 amènent une ostéodystrophie métabolique

Chez les reptiles, les ostéodystrophies métaboliques sont fréquentes et résultent généralement de trois causes simultanées :

- la carence en apport calcique : c’est l’ostéofibrose. L’hypocalcémie peut également avoir pour origine une insuffisance rénale ;

- le déséquilibre du rapport phospho-calcique, engendré par une nutrition exagérément riche en phosphore ou, à l’inverse, pauvre en calcium : c’est l’ostéoporose ;

- la carence en vitamine D3 d’origine alimentaire, secondaire à des perturbations du métabolisme de cette vitamine (insuffisance rénale) ou à un manque d’exposition à des rayonnements UVB : il s’agit du rachitisme chez le jeune et de l’ostéomalacie chez l’adulte.

Lors de ce type d’affection, les signes cliniques sont principalement un ramollissement du tissu osseux (carapace, mandibules), une faiblesse musculaire généralisée et parfois une boiterie. La radiographie permet de confirmer l’hypothèse clinique en mettant en évidence une diminution de la densification de la trame osseuse, des fractures, des ostéodermes présentant une trame osseuse en “toile d’araignée”.

Le traitement repose sur des injections intramusculaires quotidiennes de gluconate de calcium (100 mg/kg) jusqu’à ce que la calcémie devienne supérieure à 120 mg/l et que le squelette se consolide (un à trois mois). Il convient également de corriger le régime alimentaire (voir tableau 3) et de lutter contre la carence en vitamine D3 via l’emploi d’un néon ou d’un spot UVB, voire des injections intramusculaires de 100 UI/kg de vitamine D3, deux fois à une semaine d’intervalle, dans les cas les plus graves.

Normalement, les serpents et les crocodiliens ne peuvent souffrir d’ostéodystrophie métabolique, car ils consomment des proies entières riches en vitamine D3, avec un rapport phosphocalcique adapté.

CONFÉRENCIER

Lionel Schilliger, praticien à Chilly-Mazarin (Essonne).

Article réalisé d’après les conférences « Nutrition des reptiles en croissance » et « Ostéopathies métaboliques des reptiles en croissance », présentées lors du congrès annuel de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), du 2 au 4 décembre 2005 à Toulouse.

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