Les volailles françaises sont “libérées”, sauf dans la Dombes - La Semaine Vétérinaire n° 1226 du 20/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1226 du 20/05/2006

Grippe aviaire. Réévaluation du risque

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Pour l’Afssa, « il n’y a pas de risque significatif prévisible d’origine exogène pour le trimestre à venir ». L’Etat déclare suivre ses recommandations et lève le confinement.

Un arrêté(1) met fin au confinement des volailles de plein air sur le territoire national, à l’exception de soixante-quatre communes de la région de la Dombes (Ain(2)) pour lesquelles les mesures devraient théoriquement expirer le 31 mai prochain. Dans ces communes, le préfet peut toutefois autoriser des dérogations.

D’autres dispositions sont également abrogées par ce récent arrêté. Ainsi, hormis la région de la Dombes, les rassemblements d’oiseaux sont de nouveaux autorisés. La vaccination des canards et des oies non confinés dans les zones humides des départements des Landes, de Loire-Atlantique et de Vendée n’est plus obligatoire. En outre, les visites sanitaires de surveillance vis-à-vis de l’influenza aviaire (mensuelles dans les zones humides à risque et unique dans les autres départements) ne sont plus imposées sur la totalité du territoire, y compris dans la Dombes.

Plusieurs mesures du dispositif de lutte restent toutefois en vigueur

En revanche, d’autres mesures prises en octobre dernier sont conservées. Il reste obligatoire de « limiter » (et non plus de « prévenir ») les contacts directs et indirects entre les oiseaux sauvages et domestiques. Les règles de biosécurité, permettant de réduire ces contacts, sont également toujours en vigueur : il convient ainsi de protéger l’alimentation et l’abreuvement des oiseaux d’élevage. Il est en outre interdit d’utiliser des eaux de surface pour les abreuver et de nettoyer les bâtiments ou le matériel d’élevage (sauf si cette eau a subi un traitement pour en assurer l’inactivation).

La vaccination des oiseaux captifs reste recommandée dans les parcs ornithologiques et zoologiques lorsqu’ils sont susceptibles d’être en contact direct avec des volailles domestiques ou des oiseaux sauvages. Le recensement des basses-cours demeure également obligatoire. Les surveillances active (par capture et prélèvements d’oiseaux) et passive (volatiles morts) sont maintenues. En outre, les dispositions visant à limiter la divagation des chiens et des chats dans les zones de protection et de surveillance dans l’Ain sont toujours de mise, tout comme les interdictions d’importation d’oiseaux vivants et de leurs produits en provenance des pays infectés par le virus H5N1 HP.

Toutes ces mesures pourront être réévaluées selon la situation. En tout état de cause, le dispositif de lutte contre l’influenza aviaire sera revu à la fin de l’été, avant la migration des oiseaux à l’automne, après une nouvelle saisine de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), indique le ministère de l’Agriculture.

L’arrêté est publié un jour après l’avis sur la réévaluation du risque

L’Afssa a été saisie conjointement par les ministères de l’Agriculture et de la Santé sur la réévaluation des risques relatifs au virus de l’infuenza aviaire hautement pathogène, le 27 avril dernier. Son avis(3), rendu public le 12 mai, considère que « le risque d’introduction du virus de l’influenza aviaire H5N1 hautement pathogène par les déplacements de l’avifaune sauvage en provenance d’Afrique ou du nord-est de l’Europe est nul à négligeable (selon ses termes favoris) pour la période qui, à compter de début mai, s’étend jusqu’au début des migrations automnales ». L’agence ajoute que, dans ce contexte, la seule source possible du H5N1 HP pour la période des trois prochains mois est autochtone et localisée dans la région de la Dombes, où le virus a été régulièrement identifié dans l’avifaune sauvage du 13 février au 18 avril dernier. Il est donc nécessaire de maintenir ces zones sous surveillance (soixante-quatre communes). Mais, selon les experts, à l’exception de cette région et compte tenu de l’absence d’autre risque significatif prévisible d’origine exogène pour le trimestre à venir en France, il est possible de procéder à la levée de plusieurs mesures : le confinement (appliqué depuis le 16 février dernier sur tout le territoire national), la vaccination en alternative au confinement, ainsi que l’interdiction des rassemblements d’oiseaux. Ils ajoutent que ces recommandations demeurent temporaires et devront être revues selon la situation, au plus tard avant le début de la période des migrations automnales.

Le gouvernement déclare suivre, comme toujours, l’avis de l’agence…

Après avoir pris connaissance de cet avis de l’Afssa publié le 12 mai, le Premier ministre, Dominique de Villepin, a décidé, le jour même, lors d’une réunion interministérielle consacrée à la lutte contre la grippe aviaire, de lever officiellement le confinement (sauf dans la région de la Dombes), ainsi que d’autres mesures de protection. Le gouvernement a donc, semble-t-il, suivi l’avis des experts de l’Afssa.

D’ailleurs, une semaine avant la publication de l’avis, le ministère de l’Agriculture annonçait que le confinement était en cours d’évaluation par les experts de l’agence. Le communiqué ministériel indiquait que, « comme cela a été le cas jusqu’à présent, le gouvernement ajustera immédiatement le dispositif de précaution sur la base de l’évaluation scientifique des experts de l’Afssa ». Pourtant, en examinant l’historique des mesures prises en France pour se protéger contre l’introduction du virus H5N1 sur le territoire national, force est de constater que cela n’a pas toujours été le cas…

Une appréciation du risque divergente entre l’Afssa et la DGAL par le passé

En juillet et août derniers, la Russie et le Kazakhstan signalent des foyers d’influenza aviaire de sous-type H5N1 HP. Le 20 août, l’Afssa est alors saisie par les ministères de l’Agriculture et de la Santé sur le danger potentiel d’introduction de la maladie sur le territoire. Dans un communiqué diffusé trois jours plus tard, l’agence indique que « les cartes de migration font apparaître que le risque – immédiat – de contamination des populations aviaires européennes par des oiseaux migrateurs en provenance de Russie est faible. En effet, les zones actuellement concernées par la grippe aviaire en Sibérie occidentale hébergent des oiseaux qui passent essentiellement l’hiver au Proche-Orient et au Moyen-Orient ».

Le même jour, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) adresse un inquiétant courrier aux acteurs de la filière avicole, vétérinaires inclus. Elle y indique que « la plaine de Sibérie occidentale, zone particulièrement humide, présente la caractéristique de rassembler, pour la nidification d’été, un grand nombre d’oiseaux dont les migrations de l’automne aboutissent en Inde, au Moyen-Orient, en Afrique, mais aussi, pour une faible partie d’entre eux, en Europe de l’Ouest ». A ce moment-là, si la DGAL craignait une contamination par cette voie pour l’automne 2005, l’Afssa redoutait plutôt le retour des oiseaux migrateurs en provenance d’Afrique au printemps 2006.

Le confinement, décidé en octobre, est alors jugé prématuré par l’Afssa

En octobre dernier, c’est au tour de la Turquie et de la Roumanie d’annoncer la présence du virus sur leur territoire. L’Afssa est de nouveau saisie par le gouvernement, le 9 octobre, pour évaluer la situation et élaborer des recommandations face à ces nouveaux événements. Dans un avis rendu le 21 octobre, elle estime que « la claustration des volailles de plein air n’est pas conseillée pour l’instant ». Pourtant, trois jours plus tard, un arrêté ministériel ordonne le confinement des volailles dans vingt et un départements (dispositif étendu à cinquante-huit départements en janvier dernier, puis généralisé à l’ensemble du territoire en février). Dans un avis daté du 18 janvier 2006, l’Afssa estime que ce principe de précaution n’est, à ce moment-là, pas justifié. Début février, des oiseaux sauvages (principalement des cygnes) porteurs du virus sont retrouvés morts en Italie, en Grèce et en Slovénie. Ce n’est qu’à cette occasion, dans un avis daté du 14 février, que l’Afssa recommande la claustration des volailles et la vaccination de certaines d’entre elles.

Pour certains spécialistes, les oiseaux sauvages porteurs du virus H5N1 HP et retrouvés morts en Europe cet hiver (des cygnes pour la plupart) ne sont pas des oiseaux migrateurs. Ils se seraient déplacés de l’est vers l’ouest de l’Europe en raison de températures particulièrement basses. Le rôle des oiseaux migrateurs dans la diffusion du virus H5N1, qui divise les experts, a aussi opposé l’Afssa et le gouvernement. Aujourd’hui, ils s’accordent sur le fait que le danger est « momentanément écarté », ce qui a abouti à la levée du confinement des volailles.

  • (1) Arrêté du 12/5/2006 modifiant l’arrêté du 24/10/2005 relatif aux mesures de protection vis-à-vis de l’influenza aviaire, paru au JO du 13/5/2006.

  • (2) Le département de l’Ain est celui où un foyer de H5N1 a été identifié dans un élevage de dindes à Versailleux, le 23 février dernier (voir La Semaine Vétérinaire n° 1216 du 4/3/2006 en pages 14-15).

  • (3) Avis du 11/5/2006 de l’Afssa sur la réévaluation des risques relatifs au virus influenza aviaire hautement pathogène H5N1.

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