Les risques de la téléanesthésie nécessitent des connaissances - La Semaine Vétérinaire n° 1226 du 20/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1226 du 20/05/2006

Anesthésie des animaux sauvages

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Norin Chai

Ce procédé a les mêmes exigences qu’une anesthésie classique.

La téléanesthésie, activité courante des vétérinaires de parcs zoologiques et des confrères sapeurs-pompiers, est une immobilisation par voie chimique fondée sur l’emploi de fusils hypodermiques et de flèches. Elle limite les inconvénients du stress de capture et évite les comportements de défense ou de fuite. Cette discipline particulière a fait l’objet d’un atelier pratique lors de la troisième édition du Congrès international vétérinaire francophone sur les nouveaux animaux de compagnie (NAC) et les animaux sauvages, qui s’est tenue à Paris début avril.

Les instruments de tir s’adaptent à des distances qui varient de 2 à 50 m

Selon la distance de tir, qui peut varier de 2 à 50 m, trois types de projecteurs hypodermiques sont utilisés : les fusils, les pistolets et les sarbacanes. Le fonctionnement des premiers, par propulsion, est assuré en général par des cartouches de dioxyde de carbone fixes prévues pour une quarantaine de tirs ou par une simple pompe à pied, plus économique, mais également plus encombrante. Les flèches en plastique dur possèdent deux chambres, l’une pour le produit anesthésiant, l’autre pour l’air. Cette dernière est mise en surpression au moyen d’une seringue classique. Grâce à un manchon en caoutchouc placé sur les orifices de l’aiguille, le produit à injecter est maintenu sous pression dans la chambre antérieure. Lors de l’impact, le déplacement du manchon assure l’injection immédiate.

Dans l’idéal, la cible est immobile, bien dégagée, à une distance parfaitement estimée et orientée de profil pour que l’impact soit perpendiculaire à une grosse masse musculaire. Ces conditions étant rarement réunies, les paramètres de tir (pression, visée, etc.) ne sont jamais identiques, mais spécifiques à une situation donnée.

L’étorphine, la médétomidine et la xylazine répondent à tous les critères d’administration

La téléanesthésie répond aux mêmes exigences de sécurité et d’efficacité que l’anesthésie d’un animal domestique. D’un point de vue pratique et plus spécifique, la facilité d’administration est le critère primordial. La molécule doit pouvoir être injectée par voie intramusculaire et agir de façon optimale sans provoquer de lésions des tissus au point d’impact. La marge de sécurité doit être aussi grande que possible en raison de la difficulté d’appréciation du poids de l’animal, de la variation de la sensibilité individuelle et de la possibilité d’une injection intraveineuse accidentelle. Pour des raisons balistiques évidentes, les substances qui nécessitent de faibles volumes sont les plus utilisées. Les produits présentés sous forme lyophilisée offrent des concentrations importantes avec de plus faibles volumes et présentent ainsi un réel intérêt. L’induction doit être rapide afin de réduire la distance parcourue par l’animal après son fléchage, mais la durée d’action doit être suffisamment longue. En outre, les molécules antagonisables, qui écourtent l’anesthésie et limitent ainsi les risques, sont préférées. Ces critères sont réunis pour l’étorphine, la médétomidine et la xylazine. Elles sont antagonisables respectivement par la diprénorphine, l’atipamézole et la tolazoline.

Si l’animal ne dort pas, une deuxième dose est administrée ou il est immobilisé manuellement

Le Zolétil® (mélange de tilétamine et de zolazépam) n’a pas d’antagoniste. L’expérience montre que mieux vaut surestimer (modérément) le poids de l’animal. Un sous-dosage risque d’éterniser la période d’induction pour n’aboutir finalement à aucune immobilisation. La surestimation se justifie également par l’existence d’antagonistes et par la grande marge de sécurité des produits. Il arrive néanmoins que l’animal ne dorme pas. S’il ne montre aucun symptôme de narcose, une seconde dose est alors administrée. En revanche, s’il présente quelques signes d’affaissement, une immobilisation manuelle peut être envisagée à l’aide de cordes, après une évaluation réfléchie des dangers.

L’animal doit se coucher définitivement entre quinze et vingt minutes. Au-delà, un second fléchage peut être tenté. Le Zolétil® et l’Immobilon® (association d’étorphine et d’acépromazine) cumulent leur pouvoir anesthésiant à la différence du Rompun®, pour lequel les administrations ne sont pas additives.

  • Sources : N. Chai et X. Legendre : « Téléanesthésie : méthodologie et produits utilisables », Le Point Vétérinaire, n° 25, mai 2001. V. Vienet et G. Grandidier : « La téléanesthésie n’est pas un acte anodin », La Semaine Vétérinaire n° 1066 du 21/9/2002 en page 14.

Les limites de la téléanesthésie

Sur le terrain, les vétérinaires sapeurs-pompiers sont confrontés à des situations complexes. Pour l’un d’eux, Dominique Grandjean, la téléanesthésie a ses limites. Les risques doivent être évalués. Certaines espèces, comme les cervidés, sont particulièrement sensibles à l’anesthésie et les accidents ne sont pas rares. Par ailleurs, certaines situations, notamment en milieu urbain, rendent difficile la mise en place d’une sédation. Recourir à la téléanesthésie chez un animal sauvage, égaré dans l’enceinte d’un magasin par exemple, aura pour effet de le stresser fortement et, avant de se coucher, il multipliera les dégâts. C’est pourquoi, dans la mesure du possible, la contention manuelle ou la mise en place d’appâts sont préférables. Dans d’autres situations, comme la présence, assez courante, de sangliers en ville, aucune manœuvre de contention n’est envisageable et le recours à la téléanesthésie est indispensable.

Les diverses situations rencontrées doivent être analysées au cas par cas et toutes les solutions de capture, nécessitant quelquefois de l’imagination, sont à envisager.

Carole Ballin
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