Le frottis vaginal est un bon indicateur des phases du cycle

Le frottis vaginal consiste à prélever des cellules à l’aide d’un écouvillon introduit dans la partie antérieure du vagin, puis à l’étaler sur une lame qui est ensuite colorée. Les cellules de l’épithélium vaginal se modifient sous l’influence des hormones pendant les chaleurs. La kératinisation, évaluée par le frottis, donne une image de l’imprégnation œstrogénique de la chienne. La cytologie vaginale permet au praticien de déterminer approximativement le pro-œstrus, l’œstrus, le début du diœstrus, et d’estimer le moment de l’ovulation. L’indice éosinophilique est un bon indicateur de l’œstrus, mais pas de l’ovulation.

Idéalement, le frottis est fixé sur deux lames colorées selon deux méthodes

Il existe plusieurs méthodes de prélèvement. L’écouvillonnage présente l’inconvénient d’endommager les cellules et de salir le frottis par des éléments de l’écouvillon. Il est réalisé à l’aide d’un spéculum et d’un écouvillon stérile de 15 cm de long introduit dans la vulve (préalablement nettoyée), d’abord verticalement pour ne pas buter contre la fosse clitoridienne, puis progressivement basculé à l’horizontale et enfoncé jusqu’au milieu du vagin. L’irritation mécanique du vagin peut se matérialiser par la présence d’hématies sur le frottis.

Le prélèvement est étalé sur une lame propre en roulant l’écouvillon. Trois, voire quatre lignes parallèles sont ainsi réalisées. Il convient de ne pas trop appuyer l’écouvillon contre la lame pour ne pas abîmer les cellules vaginales (voir photos).

L’aspiration au moyen d’un cathéter ou d’une pipette, suivie de l’étalement sur la lame, permet d’obtenir un frottis non endommagé et clair. En revanche, la spatule en métal ne permet de récolter que peu de matériel et celui-ci est difficile à étaler.

Le frottis est aussitôt fixé par de l’alcool à 70 °C ou par un mélange alcool-éther (un cytofixateur du commerce convient), puis coloré. La méthode trichrome de Harris-Shorr permet de différencier les cellules par affinité tinctoriale. Il est ainsi possible de calculer l’indice éosinophilique ou index de kératinisation (taux de cellules kératinisées). Le kit de coloration rapide Diagnœstrus RAL® est couramment utilisé dans ce cadre.

En pratique, il est conseillé de réaliser un étalement pour une coloration de Harris-Shorr et un autre pour une coloration de type MGG. Associées, elles permettent une meilleure analyse cellulaire du frottis (^{voir tableau en page 40}).

La lecture du frottis est effectuée à l’œil nu, puis au microscope

Macroscopiquement, l’aspect de l’écouvillon peut apporter une indication rapide. Une teinte rose ou rouge indique que la chienne est en chaleurs (probablement en pro-œstrus), une teinte marron “sale” qu’elle entre en métœstrus (nombreux polynucléaires sur le frottis) et un écouvillon propre qu’elle peut être en œstrus comme en anœstrus, sans possibilité de conclure (voir encadré).

L’observation microscopique se réalise en deux temps : au grossissement 100 pour déterminer la coloration dominante, le nombre de cellules, leur regroupement, etc., puis au grossissement 400 pour identifier les cellules observées (couleur, taille, forme, aspect du noyau) et calculer l’index éosinophilique. L’épithélium vaginal subit en outre plusieurs modifications cytologiques au cours du cycle sexuel de la chienne (^{voir figure}).

Frottis et dosage permettent de préciser le moment de l’ovulation

Le premier frottis est réalisé environ cinq jours après les premiers signes de pro-œstrus puis, selon le contenu cellulaire, est répété tous les deux à trois jours. Le frottis d’œstrus commence à être obtenu chez des chiennes avant l’ovulation et son aspect caractéristique dure davantage que les quarante-huit heures optimales de la période fécondante. Dans certains cas, il prend un aspect atypique avec de nombreuses cellules basophiles, ce qui constitue un piège pour l’interprétation.

Chez certaines races (léonberg, golden retriever ou lévrier afghan), les images cellulaires obtenues ne sont jamais caractéristiques d’un œstrus. Chez d’autres races (chow-chow), celles qui évoquent un frottis d’œstrus sont souvent obtenues précocement au cours des chaleurs, alors que la chienne est loin d’être prête.

Dans de tels cas, se fier au frottis peut être une source d’erreur et d’échec de la saillie, d’où l’intérêt d’associer cette technique au dosage de la progestéronémie qui précise le moment de l’ovulation (entre 5 et 10 ng/ml). Les prises de sang commencent lorsque le frottis vaginal devient caractéristique de l’œstrus. Le coût étant le principal inconvénient de cette analyse, il convient de minimiser les prélèvements grâce à l’évolution du frottis.

L’index éosinophilique reflète l’imprégnation œstrogénique de la femelle. Or, si l’œstradiol augmente notablement durant le pro-œstrus, avec un maximum au pic de LH, l’indice éosinophilique, quant à lui, se maintient à un taux élevé plusieurs jours après la chute de sécrétion de l’œstradiol. Un délai est donc observé entre la chute de sécrétion des œstrogènes plasmatiques et la diminution du taux de kératinisation. L’insémination artificielle ou la saillie en semence fraîche est réalisée lorsque l’indice éosinophilique atteint 90 %.

Selon C. Guérin, C. Petit et F. Badinand (voir bibliographie en page 40), il est fréquent d’observer des chiennes fécondables alors que l’indice éosinophilique n’est pas maximal (souvent inférieur à 80 %). Chez 38 à 57 % des chiennes, selon une limite d’indice éosinophilique de 90 ou 95 %, le frottis n’est pas caractéristique d’un œstrus au moment de la saillie. Inversement, certaines présentent un frottis totalement kératinisé une semaine avant la date de la saillie.

L’interprétation des frottis étant délicate, mieux vaut les renouveler

Les frottis vaginaux sont simples à réaliser et peu onéreux. Ils permettent de suivre l’évolution de la kératinisation de l’épithélium vaginal au cours des chaleurs. Leur interprétation est parfois délicate, aussi doivent-ils être renouvelés plusieurs fois au cours d’une période de chaleurs (notion de suivi) afin d’apprécier la vitesse d’évolution des changements cellulaires.

La lecture du frottis reste subjective et des discordances sont souvent observées entre l’image qu’il fournit et le stade réel du cycle de la chienne. En outre, l’indice éosinophilique est fréquemment inférieur à 80 % au moment optimal de fécondation, certaines chiennes présentant une kératinisation précoce. Chez des races comme les molossoïdes, les frottis sont ainsi systématiquement discordants par rapport au cycle sexuel.

Le frottis vaginal présente certains pièges qu’il faut savoir éviter et interpréter selon le tableau clinique. Il demeure toutefois un bon indicateur du déroulement des chaleurs, mais est insuffisant pour la détermination de la période ovulatoire. Son utilisation reste donc indissociable des dosages de progestérone dans le cadre de la reproduction canine.

BIBLIOGRAPHIE

• • A. Fontbonne : « Les pièges des frottis vaginaux chez la chienne », Le Point Vétérinaire, 1996, vol. 28, n° 176, pp. 115-121.
• • C. Guérin, A. Fontbonne : Les frottis vaginaux et le suivi du cycle œstral chez les carnivores, Intervet. Ed., 1997, Angers, pp. 1-16.
• • C. Guérin, C. Petit, F. Badinand : « Fécondité chez la chienne après saillie ou insémination artificielle », Le Point Vétérinaire, 1997, vol. 28, n° 180, pp. 799-804.
• • J.-P. Mialot, C. Dumon, B. Cassou : « Insémination artificielle chez la chienne : mise en place de semence fraîche avec le pistolet souple Osiris », Pratique médicale et chirurgicale de l’animal de compagnie, 1985, vol. 20, pp. 213-220.
• • M. Neveux : « Les frottis vaginaux chez la chienne », Le Point Vétérinaire, 1999, vol. 30, n° 202, pp. 557-564.