La cefquinome traite les équidés « en seconde intention », par voie veineuse ou musculaire

La cefquinome est une céphalosporine dite de quatrième génération bien connue des praticiens ruraux qui l’utilisent chez les bovins, sous la marque Cobactan® (Intervet), depuis une dizaine d’années. Elle l’est beaucoup moins des praticiens équins qui disposent aussi depuis longtemps du ceftiofur (Excenel®, Pfizer), une céphalosporine de troisième génération.

Intervet commercialisera début juin une forme de cefquinome spécifiquement dédiée aux chevaux, la poudre pour solution injectable Cobactan® IV IM 4,5 %. Elle bénéficie d’une double indication :

- « le traitement des maladies respiratoires des chevaux dues à Streptococcus equi subsp zoo-epidemicus, à la posologie de 1 mg/kg/j pendant cinq à dix jours », à poursuivre pendant deux jours après l’arrêt des signes cliniques ;

- « le traitement des infections sévères à haut risque de septicémie chez les poulains, dans lesquelles E. coli est impliquée, à la posologie de 1 mg/kg/12 heures pendant six à quatorze jours », à poursuivre durant trois jours après l’arrêt des signes cliniques.

Deux indications, deux flacons, deux posologies, deux voies d’administration

La nouvelle spécialité se présente en deux flacons : un petit de 30 ml contenant 1,35 g de poudre et un grand de 100 ml avec 4,5 g. Le petit flacon traite un poulain de 50 kg deux fois par jour pendant six à quatorze jours, pour un prix public aux alentours de 60 € TTC. Le grand flacon est davantage adapté aux chevaux adultes puisqu’il permet de traiter un animal de 600 kg pendant sept jours pour un coût d’environ 150 €.

Dans les deux cas, la reconstitution doit toujours être effectuée avec le solvant aqueux fourni systématiquement avec le flacon de poudre, et non avec de l’eau ppi. En effet, la solution aqueuse est tamponnée pour maintenir, après dilution, un pH neutre (6,5). Ainsi reconstituée et placée au réfrigérateur, elle est stable pendant dix jours. Les flacons de poudre non diluée peuvent se conserver à température ambiante.

Selon le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP), la solution reconstituée s’emploie à la dose de 1 ml/45 kg par voie intraveineuse ou intramusculaire. Par cette dernière voie, les réactions d’intolérance locale sont assez rares (1 à 2 % chez les adultes), transitoires sur un ou deux jours et pas plus fréquentes que celles produites par le seul solvant aqueux.

La cefquinome bénéficie de limites maximales de résidus (LMR) dans la viande et les abats des équidés. Cobactan® IV IM 4,5 % n’est donc pas seulement réservé aux chevaux non destinés à la consommation humaine. Il bénéficie d’un temps d’attente (quatre jours) qui lui permet d’être administré sans restriction légale chez toutes les catégories de chevaux.

Un essai comparatif réalisé chez 75 chevaux atteints d’infection respiratoire

Contre les infections respiratoires, un essai clinique multicentrique comparatif vis-à-vis du ceftiofur a été organisé dans le cadre du dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM).

L’essai est randomisé, sans être réalisé à l’aveugle, compte tenu des caractéristiques légèrement différentes entre les deux spécialités présentées en poudre injectable. Il inclut 75 chevaux : 41 traités par voie intramusculaire avec la cefquinome, 34 par le ceftiofur. Dans cet essai, S. zooepidemicus est le germe pathogène le plus fréquemment isolé, mais il n’est pas le seul : Actinobacillus equuli, E. coli, S. equi subsp equi sont parfois observés. Les traitements symptomatiques à visée respiratoire sont autorisés dans les deux groupes.

Cet essai se conclut par un léger avantage, non significatif sur le plan statistique, en faveur de la cefquinome. La guérison, évaluée sur la base des scores cliniques, est obtenue chez les 41 chevaux (100 %) du lot cefquinome et chez 32 des 34 animaux du lot ceftiofur (94,1 %). La durée moyenne du traitement est de 6,6 jours pour la cefquinome, au lieu de 7,2 jours pour le ceftiofur.

Plus de 80 % de guérison lors d’infections graves chez le poulain

Les infections sévères des poulains, à risque septicémique, sont toujours difficiles à traiter. Aucun antibiotique n’étant officiellement indiqué pour cet usage, l’essai présenté par Intervet chez 39 poulains d’âge moyen de 8,4 jours n’est pas comparatif. Durant les trois premiers jours de traitement, les poulains sont traités à raison de 1 mg/kg toutes les douze heures, par voie intraveineuse puis par voie intramusculaire. Dans cet essai, les omphalites, les infections digestives représentent les cas d’infection sévère les plus fréquents, devant les pneumonies ou les arthrites. Parmi les germes isolés en hémoculture ou dans les prélèvements locaux, E. coli domine, mais des staphylocoques et Cl. perfringens sont aussi retrouvés.

Pour ce type d’infections graves, le taux de guérison est de 87 %, soit 34 poulains sur les 39 inclus à la fin de la période de traitement. Dans 82 % des cas (32 sur 39), l’état général redevient normal après trois jours d’antibiothérapie. Toutefois, sur les 5 cas d’échec, la cefquinome n’a pu empêcher une évolution fatale pour 4 d’entre eux atteints d’arthrite, de péritonite ou d’ulcères gastriques.

Une céphalosporine de seconde intention, fondée sur les antibiogrammes

Denis Marciat, chef de produit spécialisé dans la gamme équine, positionne cette céphalosporine comme un « antibiotique de seconde intention », notamment dans le cadre des infections respiratoires. La notice précise déjà que « son utilisation doit être fondée sur les résultats des antibiogrammes ».

En première intention, Intervet commercialise déjà des antibiotiques indiqués officiellement chez les chevaux : la benzylpénicilline sous différentes formes de suspension injectable (Dépocilline®, Duplocilline®) et une solution injectable de triméthoprime et de sulfadoxine (Borgal®). Selon une enquête réalisée par Biosat auprès de praticiens équins, la benzylpénicilline et les associations de sulfamides et de triméthoprime représentent entre 50 et 70 % des traitements antibiotiques de première intention.