EN SE FORMANT, LES PRATICIENS S’ARMENT CONTRE LA ROUTINE - La Semaine Vétérinaire n° 1225 du 13/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1225 du 13/05/2006

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Auteur(s) : Alexandra Beck*, Jean-Pascal Guillet**

Casser le train-train quotidien, tel est l’objectif principal des confrères et consœurs qui suivent des formations complémentaires en France ou à l’étranger.

En outre, il s’agit d’un excellent stimulant intellectuel qui valorise la démarche diagnostique. En rurale, les praticiens sont d’autant plus poussés à se perfectionner que les attentes des éleveurs sont de plus en plus pointues.

Une multitude de formations postuniversitaires sont proposées aux vétérinaires, en France et à l’étranger. Certificat d’études spécialisées (CES), certificat d’études approfondies vétérinaires (CEAV), diplôme universitaire (DU), enseignement postuniversitaire (EPU), internats, etc. Mais qu’est-ce qui pousse les praticiens à retourner ainsi sur les bancs de l’école ? Quel est leur retour sur investissement en termes de temps et d’argent ?

Nos confrères et consœurs semblent en premier lieu attirés par des disciplines qui leur plaisent. Pour beaucoup, il s’agit également d’affiner leur démarche diagnostique. « Je vais bientôt suivre les cours du CES d’ophtalmologie, après quatre ans d’attente. Il s’agit d’abord pour moi de me faire plaisir, dans une discipline que j’aime. Je souhaite pouvoir affiner mes diagnostics et pronostics, pour être plus crédible auprès de ma clientèle lorsque je suis confronté à un cas clinique complexe, explique ainsi Cyrille Thielin, praticien exerçant une activité mixte à Clisson (Loire-Atlantique). Les formations complémentaires valorisent également notre image auprès des clients, auxquels nous proposons davantage de solutions. C’est stimulant intellectuellement. » Pour un autre confrère, titulaire de deux CES (ophtalmologie et dermatologie), ces démarches lui ont demandé beaucoup de travail et valorisent sa pratique de tous les jours : « Cela m’a permis de préciser mes diagnostics et d’améliorer ainsi l’efficacité de mes traitements. Auparavant, je réalisais déjà des examens complémentaires, mais moins ciblés. Je travaille désormais de façon plus pointue, ce qui est valorisant pour moi et vis-à-vis de mes clients. »

Enrichir ses connaissances et diversifier sa pratique pour éviter la routine

Certains praticiens, parfois devenus référents, choisissent des structures dans lesquelles ils peuvent mettre à profit leurs compétences, en exerçant alors exclusivement dans le domaine qu’ils ont décidé d’approfondir (chirurgie, ophtalmologie, comportement, etc.). Sophie Colomer, praticienne au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis), est devenue l’un des deux chirurgiens de la clinique. Notre consœur met en application chaque jour les connaissances acquises lors de son internat à l’école vétérinaire d’Alfort (voir article en page 36). Toutefois, toutes les disciplines n’autorisent pas nécessairement un exercice exclusif, encore moins hors des principales zones géographiques de “concentration” vétérinaire. Le choix de suivre des formations complémentaires doit donc être mûrement réfléchi, si l’objectif est une rentabilité a posteriori, et non une simple extension de connaissances.

Pour d’autres, majoritaires, les ambitions sont moindres. Il s’agit d’abord d’élargir l’activité, mais sans pour autant perdre de l’argent. « Plus généralement, les formations complémentaires permettent de diversifier notre pratique qui pourrait, sinon, facilement tomber dans la routine. Ce CES me permettra de proposer d’autres services, comme des actes chirurgicaux que je n’ose pas encore réaliser. Je m’occuperai sans doute davantage des cas d’ophtalmologie qui nous sont présentés à la clinique. Mais je n’imagine pas en faire une spécialité et devenir référent en la matière. Cela nécessiterait l’achat de matériel coûteux, que je ne suis pas certain de pouvoir rentabiliser par la suite. De plus, l’emploi du temps au sein de notre association serait à réorganiser, ce qui n’est pas à l’ordre du jour », estime ainsi Cyrille Thielin.

« Je reçois peu de cas référés, ajoute un autre confrère. En effet, il aurait fallu que je m’investisse davantage pour développer des consultations spécialisées. En outre, je ne mets pas particulièrement en avant l’obtention de ces diplômes auprès de ma clientèle. » La simple curiosité pousse certains à franchir le pas, comme Christophe Mompas, praticien rural à La Pommeray (Maine-et-Loire), qui a suivi les cours du CEAV de santé publique à l’école des services vétérinaires de Lyon. « Je savais que je n’exploiterais pas cette formation dans le cadre de ma pratique quotidienne. Mais je souhaitais enrichir mes connaissances dans ce domaine. J’étais également curieux de connaître la formation suivie par les vétérinaires inspecteurs, qui font partie de nos principaux interlocuteurs. »

Les attentes des éleveurs encouragent les ruraux à se perfectionner

En rurale, la problématique est un peu différente. En effet, l’évolution des attentes des éleveurs, de plus en plus pointues, pousse les praticiens à suivre des formations complémentaires. « J’ai participé, un peu par nécessité, à un EPU d’une semaine sur l’alimentation de la vache laitière en septembre dernier, à l’école de Toulouse, témoigne Christophe Mompas. J’ai en quelque sorte pris le train en marche. En effet, l’un de mes associés avait déjà assisté à ces cours et a commencé à mettre en place des suivis de troupeau au sein de notre clientèle. Je souhaitais pouvoir répondre aux questions de certains éleveurs à ce sujet. Sans cette formation, je n’aurais pas pu le faire. La nécessité de s’impliquer dans ce créneau vient également du fait que les attentes des éleveurs ne cessent d’évoluer. Ils sont de plus en plus demandeurs de nouveaux services. Si nous n’y répondons pas, d’autres intervenants le feront à notre place. Bien entendu, l’un des objectifs de cet EPU était de trouver des solutions à des problèmes d’élevage. »

La mise en application de ces formations en vue du développement de nouveaux services nécessite un investissement en temps et un changement d’organisation au sein de la structure vétérinaire. « Des suivis de troupeau ont déjà été réalisés chez certains de nos éleveurs. Nous avons installé les logiciels Vet’élevage, Vet’ expert. Mais tout cela prend du temps, surtout au début », ajoute notre confrère.

Des journées ciblées et pratiques sont parfois préférées aux congrès

Dans l’ensemble, les praticiens optent pour des formations facilement et rapidement applicables sur le terrain. Ils sélectionnent celles dont ils savent qu’elles vont leur permettre d’enrichir leur pratique de tous les jours. Christophe Mompas assiste ainsi régulièrement à des formations courtes, ciblées : « Je me suis notamment formé à la bactériologie du lait. Suite à l’achat peu coûteux d’une étuve et de boîtes de Pétri, j’ai pu rapidement appliquer ce que j’avais appris. Dans ce cas, cela m’a permis de développer un nouveau service rentable et d’affiner mes diagnostics et mes traitements. Une formation sur la biochimie de la vache laitière m’a également permis d’exploiter davantage les analyses biochimiques dans ma démarche diagnostique (…). Je préfère ce type d’enseignements, pratiques et tout de suite applicables, aux congrès au cours desquels nous recevons une foule d’informations, peut-être trop sur une courte période. J’ai du mal à faire le tri et ne relis pas forcément les comptes rendus par la suite. »

Les formations sont plus ou moins faciles à “valoriser” en pratique

Certains optent aussi pour des stages, chez des confrères ou des consœurs ou en milieu universitaire, notamment à l’étranger. Une façon de voir une autre approche diagnostique et thérapeutique. Ils partent ainsi chaque année suivre un congrès ou assister à des journées dans le cadre d’une faculté vétérinaire, généralement encadrés par des professeurs avec lesquels ils ont noué des liens, pour découvrir de nouvelles techniques et confronter leurs méthodes. Dans tous les cas, assurer sa formation continue dans un domaine de prédilection ou choisir d’en approfondir une demande un investissement non négligeable, à la fois financier et personnel. Outre leur coût, ces formations impliquent parfois une période plus ou moins longue sans rémunération (de quelques jours ou semaines à plusieurs années, selon les cas), ce qui constitue un réel sacrifice… et un frein non négligeable pour beaucoup.

Il reste aussi à bien étudier les réelles possibilités de valorisation de la formation visée. Certains domaines (proposés notamment à l’étranger) peuvent paraître attrayants, mais se révèlent difficilement exploitables, en tant qu’activité exclusive, dans une structure généraliste française. Ainsi, l’imagerie médicale (hormis pour le scanner et l’imagerie par résonance magnétique) est peu reconnue comme une “spécialité” à part entière, la plupart des vétérinaires estimant être capables d’interpréter une radiographie ou de poser une sonde échographique. Difficile alors, lorsqu’on a suivi une formation complémentaire dans ce domaine, de la valoriser aux yeux de ses confrères. Il en est de même pour l’anesthésie ou les soins intensifs, par exemple, qui sont des disciplines à part entière dans les pays (surtout anglo-saxons) où les vétérinaires travaillent au sein de structures dotées d’un personnel nombreux et peuvent employer un anesthésiste ou un réanimateur entièrement dévolu à cette activité. En France, en revanche, une telle compétence est difficilement exploitable autrement que dans une structure de référés. Toutefois, une formation dans l’un de ces domaines, plus approfondie que l’enseignement reçu à l’école, est toujours un avantage dans la gestion des cas quotidiens. Avant tout sur le plan de la satisfaction purement intellectuelle.

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