La dysplasie coxo-fémorale est à dépister précocement - La Semaine Vétérinaire n° 1224 du 06/05/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1224 du 06/05/2006

Prévention et information des propriétaires de chiots

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandra Beck

L’importance de cette affection doit être abordée dès la première consultation vaccinale pour les chiots de races réputées prédisposées.

Le dépistage précoce de la dysplasie coxo-fémorale est le meilleur moyen de mettre en place un traitement préventif, afin d’éviter ou de limiter le développement d’arthrose, en vue d’améliorer le confort de vie du chien. Trop souvent, les propriétaires d’un jeune adulte qui souffre de cette affection regrettent de ne pas avoir été informés plus tôt.

Il convient donc d’aborder cette question avec les propriétaires de chiots de races à risque, dès la première consultation vaccinale. La première question à poser concerne le lieu et les conditions d’achat du chiot. Il est aussi utile de leur demander s’ils connaissent cette affection, mieux connue sous le terme de “dysplasie des hanches”. Un propriétaire déjà confronté au problème avec un précédent chien sera particulièrement réceptif.

Les explications à donner devront avant tout être simples et succinctes. La dysplasie peut, par exemple, être expliquée à l’aide d’outils (un bassin, un fémur, une radiographie) : elle consiste en un trouble du développement de la hanche qui engendre une instabilité de l’articulation, une démarche anormale puis, ultérieurement, l’apparition d’arthrose. Il s’agit d’une affection héréditaire, dont le développement dépend de nombreux facteurs extérieurs (mode de vie, alimentation). « L’objectif, pour notre confrère Didier Fontaine, est de faire prendre conscience qu’il s’agit d’un problème complexe, eu égard aux difficultés à la fois de diagnostic précoce pour les vétérinaires et de sélection pour les éleveurs. Toutefois, ces derniers doivent comprendre que l’enjeu pour leurs chiens est de déceler l’affection le plus tôt possible. »

Le propriétaire est informé de ses droits en tant qu’acheteur d’un chiot

Toujours lors de la consultation vaccinale initiale, le praticien joue un rôle de conseiller auprès du propriétaire, en l’informant de ses droits après l’achat d’un chiot. Cela permet de le motiver pour le suivi du dépistage.

Des conseils généraux sur l’hygiène de vie et l’alimentation peuvent d’ores et déjà être donnés. Il est recommandé de limiter l’excès d’exercice (sauts, courses) chez les chiots de races à risque. A l’inverse, l’animal ne doit pas rester sédentaire, pour éviter la prise de poids. Pour Didier Fontaine, « une vie de “famille” est parfaitement adaptée à ces chiots ». Par ailleurs, l’excès de minéraux pendant la croissance augmente l’expression de la dysplasie coxo-fémorale (ainsi que d’autres affections ostéo-articulaires) chez les races prédisposées. Le plus simple est alors de conseiller un aliment industriel de qualité, adapté à l’âge et à la race, de contrôler régulièrement le poids du chiot et de proscrire toute complémentation minérale.

En cas d’anomalie de la démarche, le propriétaire doit être amené à consulter. En effet, avant l’âge de six ou sept mois, des attitudes anormales, généralement non associées à de la douleur, apparaissent souvent chez les chiens prédisposés. Un chiot lymphatique, qui s’assied de façon asymétrique, qui présente une démarche particulièrement chaloupée de l’arrière-train ou encore qui déplace simultanément ses membres postérieurs, sont des signes d’alerte, que le propriétaire doit pouvoir identifier. La consultation motivée par l’observation d’un de ces symptômes comprend un examen clinique et des radiographies (en incidence ventro-dorsale classique et en distraction).

Une consultation de contrôle est recommandée vers l’âge de cinq ou six mois

Comme les symptômes d’alerte ne sont pas toujours évidents à identifier par le propriétaire, une consultation spécifique est nécessaire vers l’âge de cinq ou six mois, chez tous les chiens des races prédisposées. Elle permet de contrôler leur développement pondéral et d’observer la démarche et la façon de s’asseoir.

Quelques questions peuvent être posées, concernant la facilité à monter un escalier ou encore à sauter dans la voiture.

L’examen clinique comprend la manipulation des hanches (sur un animal vigile), dans le but de mettre en évidence une douleur, et des tests de laxité (tests de Bardens ou d’Ortolani), pratiqués sous anesthésie. Si des clichés radiographiques n’ont pas encore été réalisés, cette consultation est l’occasion de le faire, selon les deux incidences déjà citées.

Si les tests et les radiographies se révèlent négatifs, les conseils sur l’hygiène de vie et l’alimentation sont maintenus. S’il s’agit d’un chien de race, il peut toutefois être utile d’informer le propriétaire de l’intérêt du dépistage officiel et de ses modalités. Si les tests et les radiographies sont douteux ou faiblement positifs, les conseils sont renforcés et un second contrôle est préconisé deux mois plus tard. En outre, en cas de positivité des tests et des radiographies, les différentes options thérapeutiques sont à expliquer.

CONFÉRENCIER

Didier Fontaine, praticien canin à Nantes (Loire-Atlantique).

Article réalisé d’après la conférence « comment expliquer une dysplasie coxo-fémorale aux propriétaires ? », présentée lors du congrès annuel de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), du 2 au 4 décembre 2005 à Toulouse.

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