Un dépérissement chez des agneaux coïncide avec l’infection par un border virus chez les isards - La Semaine Vétérinaire n° 1222 du 15/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1222 du 15/04/2006

Pestivirus

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Ce cas clinique soulève des questions sur la circulation des pestivirus entre les faunes domestique et sauvage.

En 2002, pour la première fois chez l’isard, une infection par un pestivirus est mise en évidence. Six isards malades et deux morts présentent un état d’engraissement réduit et une amyotrophie généralisée, accompagnés de signes cutanés et d’un pelage éclairci. Les résultats des antigénémies NS2/3, des RT-PCR et des isolements permettent de poser un diagnostic d’infection par un pestivirus. Le séquençage du gène codant pour la protéine Npro du pestivirus isolé montre l’appartenance de cet isolat à un génotype du border disease virus (BDV), différent des génotypes responsables de la maladie des muqueuses, de la border disease et de la peste porcine classique.

En 2004, à la suite des études espagnoles sur la faune sauvage, une nouvelle branche des border virus, la sous-famille BD4, est définie. Celle-ci est pour l’instant constituée uniquement de virus isolés à partir de la faune sauvage, et plus précisément chez l’isard (voir schéma).

Lors des journées européennes organisées par la Société française de buiatrie, les 22 et 23 novembre derniers, notre confrère Pierre Mathevet, directeur de l’activité “ruminants” du laboratoire Merial, a présenté un premier cas pathologique d’ovins contaminés par une souche de pestivirus appartenant à la sous-famille BD4, isolée traditionnellement chez l’isard.

Les animaux appartiennent à une exploitation traditionnelle des Hautes-Pyrénées, mixte, qui comporte une soixantaine d’ovins de race auroise et une quinzaine de bovins. Au cours de l’hiver 2004/2005, les agneaux, nés en bonne santé, présentent à l’âge d’un mois des signes de diarrhée subaiguë. Au vu des résultats des analyses coproscopiques, un traitement anticoccidien est instauré. En dépit de ces mesures, des agneaux continuent à maigrir et à dépérir. Certains sèchent sur pied. Quelques-uns présentent des signes de paralysie, des ballonnements chroniques. Au total, trente agneaux sur quatre-vingts meurent. Aucun épisode de diarrhée aiguë n’est observé.

Le séquençage montre l’appartenance du virus à la sous-famille BD4

Six analyses sérologiques en vue du diagnostic de la border disease chez des agneaux âgés de deux à quatre mois sont réalisées : quatre se révèlent positives. Il n’est pas possible de mener des investigations supplémentaires chez les deux agneaux négatifs, qui meurent ou sont vendus.

Un diagnostic de la circulation virale est engagé via une technique PCR quantitative (kit RT-PCR Taqman LSI). Sur les vingt animaux prélevés, un présente une positivité forte. Il s’agit vraisemblablement d’un agneau infecté permanent immunotolérant (IPI). La date de naissance de cet animal, issu des premières mises bas, n’est pas connue précisément. Le séquençage de la région non codante 5’ du génome viral met en évidence un pestivirus appartenant à la sous-famille BD4, avec une homologie antigénique voisine de 95 %. « Le séquençage de la région d’ARN viral codant pour la protéine E2 a permis de confirmer la classification de la souche ovine comme une souche BD4 », explique notre confrère.

Durant le même hiver, aucune affection n’est observée chez les bovins de l’exploitation. De même, les deux troupeaux ovins qui partagent l’estive avec ces animaux ne souffrent pas de ce type de maladie.

Selon Pierre Mathevet, il est prématuré d’attribuer l’exclusivité étiologique de cette affection, comparable à une forme de dépérissement, à une infection par un pestivirus BD4. Néanmoins, « ce cas soulève la question de la circulation de souches de pestivirus entre les espèces domestiques et les espèces sauvages et d’un éventuel lien épidémiologique entre les pestiviroses des isards et certaines affections ovines, souligne notre confrère. L’isolement de souches génétiquement proches constitue un premier pas. » Les animaux sauvages contaminent-ils les animaux domestiques ? Est-ce l’inverse, voire les deux ? Quels sont les animaux qui jouent le rôle de réservoir de virus ?

Actuellement, malgré de fortes suspicions, aucun isard IPI avec une souche de virus BD de type 4 n’a été diagnostiqué avec certitude.

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