La fibrillation atriale engendre une baisse de performances - La Semaine Vétérinaire n° 1222 du 15/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1222 du 15/04/2006

Cardiologie équine

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins-Pesson

Il s’agit de la première cause cardio-vasculaire de contre-performance.

La prévalence de la fibrillation atriale est d’environ 2,5 %, selon une étude portant sur une population équine variée. Les races de chevaux lourds et de trait sont particulièrement concernées. La plupart des chevaux atteints ne présentent pas de maladie cardiaque sous-jacente.

La fibrillation atriale permanente se traduit généralement par une baisse de performances, au niveau maximal d’exercice, et parfois par une épistaxis. Si elle se développe soudainement pendant un effort intense, une syncope est possible.

La fibrillation atriale paroxystique se résout en quelques minutes, heures ou jours suivant l’exercice, ce qui la rend parfois difficile à mettre en évidence. Elle engendre également une baisse de performances.

L’électrocardiogramme permet d’établir un diagnostic définitif

Les caractéristiques de l’auscultation cardiaque dépendent de la cause primaire de la fibrillation atriale. Le rythme cardiaque irrégulièrement irrégulier est fréquent lors de fibrillation permanente.

Une fibrillation secondaire à une maladie cardiaque avec dilatation atriale révèle souvent une tachycardie, un souffle et parfois des signes d’insuffisance cardiaque. Une fibrillation atriale isolée sans maladie cardiaque associée se traduit par une fréquence normale et un rythme qui peut sembler régulièrement irrégulier lors d’une auscultation trop rapide.

Dans tous les cas, le quatrième bruit cardiaque est absent et l’intensité du troisième est augmentée. L’électrocardiogramme permet d’établir un diagnostic définitif, avec un rythme irrégulièrement irrégulier, une absence complète d’ondes P et parfois la présence d’ondes “f”. L’échocardiographie est utile pour déterminer la présence ou non de lésions et évaluer la taille des chambres cardiaques. Un ionogramme sanguin apporte, quant à lui, des informations sur les électrolytes, car la fibrillation atriale peut être associée à des déséquilibres électrolytiques et acido-basiques. En outre, les concentrations sanguines en iso-enzymes de lactate déshydrogénase (LDH) ou de troponine I sont rarement augmentées lors de fibrillation atriale.

Le traitement est adapté selon le contexte de la fibrillation

La décision de traiter une fibrillation atriale dépend de son origine et de l’utilisation du cheval. Lorsqu’elle affecte ses performances et qu’il n’existe pas de maladie cardiaque sous-jacente, le traitement est adapté pour convertir la fibrillation atriale à un rythme sinusal et prévenir sa récurrence. Si les performances du cheval ne sont pas affectées, le traitement n’est pas obligatoire. Lorsqu’une fibrillation atriale et une insuffisance cardiaque sont associées, le traitement vise à tenter de contrôler la seconde plutôt que la première.

Avant même d’envisager une thérapie, toute anomalie d’hydratation et tout déséquilibre électrolytique et acido-basique sont à corriger.

Lorsqu’une fibrillation atriale apparaît brutalement chez un cheval de sport, un repos d’au moins quatre jours est conseillé, car une résolution spontanée est possible.

Plus de 80 % de succès pour une conversion au sulfate de quinidine

Le traitement conventionnel de cette affection est le sulfate de quinidine, un anti-arythmique de classe I, utilisable seulement s’il n’y a pas de signes d’insuffisance cardiaque. Une dose test (10 mg/kg per os) est administrée préalablement par le tube nasogastrique puis, toutes les deux heures, 20 mg/kg de sulfate de quinidine sont donnés jusqu’à la conversion à un rythme sinusal. Des signes de toxicité comme de l’urticaire, de la diarrhée, de l’anorexie, de la faiblesse, de l’ataxie, une tachycardie et un œdème nasal sont possibles. L’apparition d’une fourbure ou une mort subite sont rares. Chez les chevaux qui ne convertissent pas à un rythme sinusal après l’administration de 120 mg/kg de quinidine ou qui développent des signes d’intoxication préoccupants, le traitement doit être arrêté pour vingt-quatre heures puis repris, soit à intervalle de deux heures, soit de six heures.

La variation des réponses au traitement dépend de la durée de la fibrillation atriale et de la biodisponibilité de la quinidine, laquelle diffère d’un cheval à l’autre.

Après la conversion, le cheval est mis au repos complet pendant cinq à sept jours, puis graduellement remis à l’exercice avec une surveillance quotidienne du rythme cardiaque. Les chevaux atteints d’une fibrillation atriale durant plus de quatre mois ont statistiquement moins de chances de convertir à un rythme sinusal normal et sont davantage prédisposés aux récidives après un traitement efficace.

Le taux de succès général pour une conversion au sulfate de quinidine est de 82 à 87 %. Le pronostic vital et sportif est sombre lorsque la fibrillation atriale est associée à une insuffisance cardiaque.

CONFÉRENCIÈRE

Lesley Young, Animal Health Trust, Newmarket (Angleterre).

Article réalisé d’après les conférences sur « les multiples facettes de la fibrillation auriculaire : manifestations cliniques et décisions à prendre » et « la fibrillation auriculaire : traiter ou ne pas traiter ? », présentées lors des journées annuelles de l’Avef à Angers, en octobre 2005.

VOIR AUSSI

• H. Amory, T. Art : « Affections cardiaques et intolérance à l’effort ; les troubles du rythme », Pratique vétérinaire équine, 2000, vol. 32, numéro spécial « médecine sportive » pp. 311-318.

• H. Amory : « Sémiologie cardiaque dans l’espèce équine : l’auscultation », Pratique vétérinaire équine, 2001, vol. 33, n° 129, pp. 35-43.

• H. Amory : « Sémiologie cardiaque dans l’espèce équine : l’anamnèse et l’exemen clinique », Pratique vétérinaire équine, 2001, vol. 33, n° 129, pp. 29-34.

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