Comment vous préparez-vous à l’éventuel espacement des vaccinations ? - La Semaine Vétérinaire n° 1221 du 08/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1221 du 08/04/2006

Entre nous

FORUM

Cette disposition ne m’inquiète pas outre mesure

Thierry Benalloul, praticien à Paris.

Dans notre clientèle, certaines personnes commencent à nous parler de l’éventualité d’un passage à un rappel vaccinal tous les trois ans, notamment à la suite de la lecture d’articles parus dans des revues de vulgarisation. Néanmoins, il ne faut pas oublier la réalité médicale. Certes, il est possible d’espacer les rappels de certaines valences, mais il paraît difficile de se le permettre avec, par exemple, la piroplasmose ou la leptospirose, en recrudescence actuellement.

Quoi qu’il en soit, cette mesure ne m’inquiète pas trop, car les propriétaires sont habitués à venir consulter au moins une fois par an. A nous d’en profiter pour faire passer le message, en insistant sur la nécessité de cette visite de suivi médical annuelle, indépendante de la vaccination (utile pour le dépistage de tumeurs mammaires, la surveillance bucco-dentaire, le bilan sanguin, etc.).

Nous pouvons aussi envisager de proposer d’autres vaccinations moins classiques, par exemple vis-à-vis de la borréliose, selon la zone géographique que fréquente l’animal, tout en restant honnête vis-à-vis du propriétaire quant à l’intérêt de cet acte pour son compagnon.

Il est cependant évident que l’espacement des vaccinations aura des répercussions sur le chiffre d’affaires et qu’il faudra s’adapter à cette situation. Faisons attention à ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis.

Cela ne modifiera pas les habitudes des propriétaires

Christophe Deforet, praticien à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne).

Pour le moment, comme rien n’est clairement défini en termes d’espacement des rappels de certains vaccins chez les carnivores domestiques, je n’anticipe pas et, surtout, je ne m’affole absolument pas. Il est clair que certaines vaccinations, comme celle contre la leptospirose, nécessiteront de toute façon la réalisation de rappels annuels. La conduite à tenir dépendra, entre autres, de la publicité que les médias accorderont à ce sujet. Si cela fait les gros titres de la presse, l’effort à fournir pour communiquer auprès de nos clients sera un peu plus important.

Quoi qu’il en soit, je ne changerai rien au courrier que nous adressons chaque année aux propriétaires de chiens et de chats. Il les invite d’ores et déjà à se déplacer à la clinique pour une visite de santé annuelle au cours de laquelle la vaccination peut éventuellement être effectuée. Peut-être nous faudra-t-il désormais en profiter pour insister davantage auprès d’eux sur les bienfaits du dépistage de diverses affections. Les clients sont habitués depuis longtemps à ce rendez-vous annuel et je ne pense pas que l’espacement des rappels vaccinaux modifiera quelque chose à cela. Ainsi, nous n’avons constaté aucune baisse des vaccinations antirabiques depuis que la France est indemne de rage.

Miser sur la visite de suivi annuelle

Nicolas Jaquemin, praticien à Maisons-Alfort (Val-de-Marne).

Il est évident que si nous nous voyons imposer la réalisation des rappels tous les trois ans pour les valences “CHP”(1), et si nous ne réagissons pas à une telle disposition, nos chiffres d’affaires risquent d’en pâtir. En effet, il n’existe plus d’obligation de vacciner tous les animaux contre la rage et je ne pense pas que les propriétaires de chiens et de chats soient suffisamment persuadés du bien-fondé de la vaccination contre la leptospirose uniquement pour empêcher que nos cabinets et cliniques enregistrent une baisse de fréquentation.

Face à une telle disposition, il nous faudra mettre l’accent sur la visite de suivi annuelle et la rendre incontournable. Ainsi, il serait judicieux de formaliser ce rendez-vous, par exemple en remettant au propriétaire une fiche sur laquelle figureront les éléments à surveiller chez son animal (en matière de soins dentaires, de diététique, de comportement, etc.). Afin de fidéliser la clientèle, il est également possible de proposer des bilans de santé, de type prépubertaires, en indiquant la fréquence des visites à prévoir. Par ailleurs, il est inutile de se leurrer : pour lutter contre une éventuelle baisse de la fréquentation de nos cabinets et cliniques, il sera nécessaire que nous nous rabattions sur la réalisation d’examens complémentaires. Il nous faudra alors être suffisamment persuasifs vis-à-vis des clients pour en augmenter le nombre tout en haussant parallèlement le prix. Actuellement, nous effectuons des bénéfices sur les vaccinations.

Cela permet aux petites structures de mettre en œuvre certains actes, notamment des radiographies, à des tarifs attractifs pour les propriétaires d’animaux. Si ces bénéfices nous sont enlevés par l’espacement des rappels vaccinaux, il est clair que la facturation de ces examens complémentaires augmentera, au moins pour leur permettre d’atteindre le seuil de rentabilité.

  • (1) Maladie de Carré, hépatite, parvovirose.

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