La fixation du H5N1 dans les voies respiratoires profondes est un obstacle à sa transmission - La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006

Virus de l’influenza aviaire. Etude sur la transmission interhumaine

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Les modes d’attachement des virus de la grippe aviaire ou humaine sur les cellules des organes cibles de plusieurs espèces ont été étudiés par deux équipes de chercheurs, néerlandaise et japonaise. Leurs résultats ont été publiés le 23 mars dernier, respectivement dans les revues Sciences et Nature.

Le but est de comprendre pourquoi la transmission interhumaine du virus de la grippe aviaire n’est pas aisée. En effet, les quelque deux cents cas de contamination humaine (qui ont donné lieu à une centaine de décès)(1) relevés dans les pays touchés par l’épizootie de grippe aviaire se sont produits à la suite d’un contact direct et prolongé avec des volailles. Seuls un ou deux cas suspects de contamination interhumaine ont été évoqués l’année dernière, entre membres d’une même famille. Toutefois, aucune preuve officielle n’est fournie. Mais une nouvelle fois, le contact long et direct entre les personnes est incriminé.

Les chercheurs ont mis en évidence l’affinité des virus grippaux aviaires, dont le fameux H5N1, pour des récepteurs particuliers de l’arbre respiratoire humain.

Plus difficilement expulsable par la toux ou l’éternuement

L’équipe néerlandaise a utilisé le virus aviaire H5N1 hautement pathogène isolé chez un garçon au Viêtnam en 2004 et a pris comme cible des tissus normaux de l’appareil respiratoire inférieur (alvéoles, bronchioles et bronches). Les chercheurs expliquent que chez l’homme, le virus H5N1 s’attache essentiellement aux pneumocytes de type 2, aux macrophages alvéolaires et aux cellules épithéliales cuboïdes, surtout présentes dans l’appareil respiratoire profond. Plus il remonte vers le haut de l’appareil respiratoire, moins le virus “s’attache” facilement aux cellules. Selon les scientifiques, la prédilection du virus pour ces pneumocytes et pour les macrophages contribue à la sévérité des lésions pulmonaires observées, d’autant qu’il se réplique bien dans les poumons humains. Le fait que le virus privilégie la profondeur des poumons des personnes touchées explique en partie la difficulté de la transmission d’un homme à l’autre par voie respiratoire. Pour être facilement expulsé à l’extérieur dans les gouttelettes de la toux ou par éternuement, il faudrait en effet que la production de virus soit surtout localisée dans la trachée et les grosses bronches (donc dans la partie supérieure du système respiratoire), ce qui ne semble pas être le cas, selon les travaux des chercheurs.

Les virus grippaux humains, à l’inverse du virus aviaire, se fixent principalement sur des récepteurs essentiellement présents dans les voies aériennes supérieures de l’homme, en particulier au niveau des cellules qui tapissent la muqueuse nasale, les sinus, le pharynx, la trachée et les grosses bronches.

Par ailleurs, les travaux montrent que le schéma de l’infection pulmonaire chez le chat et le furet se rapproche beaucoup de celui observé chez l’homme, ce qui en feraient de bons modèles animaux pour étudier la pneumopathie humaine provoquée par le H5N1.

Les recherches de l’équipe japonaise aboutissent aux mêmes constatations.

Si ces résultats sont plutôt rassurants, les spécialistes rappellent toutefois qu’une ou plusieurs mutations du virus lui permettant de se lier à plusieurs types de récepteurs cellulaires sont toujours possibles, ce qui faciliterait la transmission interhumaine.

  • (1) 184 cas confirmés dans huit pays (Azerbaïdjan, Cambodge, Chine, Indonésie, Irak, Thaïlande, Turquie, Viêtnam), dont 103 mortels (données InVS au 22/3/2006).

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