Conscience professionnelle et contrat ne sont pas liés

Récemment, une consœur s’est exprimée dans cette rubrique sur le contrat nouvelle embauche⁽¹⁾. Ses propos m’incitent à sourire, mais le problème est grave, car il s’agit d’un chantage. Selon elle, « il est illusoire de proposer un emploi précaire à quelqu’un et d’attendre en retour reconnaissance et motivation ». Si je comprends bien, il n’y a de conscience professionnelle qu’avec un contrat à durée indéterminée !

En d’autres temps, la majorité des jeunes vétérinaires étaient fiers d’aller travailler. Plus nous étions chargés de travail et plus nous étions contents, car nous apprenions plus vite. Certains, encore étudiants, allaient même se former gratuitement chez les confrères pendant une partie de leurs vacances.

Nous appartenons à une profession “protégée” (peu d’exercice illégal de la médecine vétérinaire). Les conséquences sont un enfermement sur soi et un manque de remise en cause. J’ai personnellement suivi une formation en alternance dans un Institut d’administration des entreprises (IAE), dix ans après ma sortie de l’école. Cela m’a beaucoup ouvert les yeux. Mes camarades cherchaient à changer d’orientation (informaticiens, directeurs de coopérative agricole, techniciens supérieurs, enseignants, etc.) et à se perfectionner pour s’adapter aux attentes des entreprises. Il y a tout lieu de croire que 25 % des vétérinaires changeront d’orientation au cours des dix années suivant l’obtention de leur diplôme. Que dire d’un pays où la majorité des jeunes désirent être fonctionnaires (ah ! les 35 heures) ?

Mes enfants ont suivi des études de commerce ou d’ingénieur. Il leur est davantage demandé qu’à des jeunes vétérinaires, mais ils consacrent beaucoup de temps à leur travail et s’y investissent à fond. Leur employeur sait le reconnaître (promotions, primes, etc.). Une clinique vétérinaire est une entreprise qui fonctionne bien si tout le monde y met du sien. Lorsqu’elle sera chef d’entreprise, cette consœur verra quelles sont les contraintes du patronat. Et vive la vie !

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1218 du 18/3/2006 en page 9.