Après l’homme, le chat et le chien, le virus H5N1 HP infecte aussi le saumon - La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1220 du 01/04/2006

Influenza aviaire. Un autre réservoir naturel du virus H5N1 HP

Actualité

Auteur(s) : Éric Vandaële

Le virus H5N1 hautement pathogène (HP) a été isolé chez des saumons de la mer Baltique.

Le virus de l’influenza aviaire H5N1 HP n’est décidément pas un virus influenza ordinaire. Selon un communiqué de la Commission européenne, la découverte de cas chez le saumon de la Baltique est liée à un concours de circonstances inhabituelles. Lors du premier cas danois chez un oiseau sauvage, les prélèvements digestifs contenaient des alevins de poisson à peine digérés. Par curiosité, le laboratoire effectue des analyses sur ces alevins qui se révèlent positives vis-à-vis du virus H5N1 HP. Le degré d’homologie avec les souches asiatiques est supérieur à 98 %. Intriguée, une équipe de chercheurs danois reproduit alors en laboratoire une infection expérimentale au virus H5N1 HP. Or les jeunes saumons infectés expérimentalement ne présentent pas de signe de maladie, mais deviennent porteurs sains et excréteurs du virus dans le milieu aquatique. Parallèlement, les autorités danoises ont fait procéder à des prélèvements chez des saumons issus de la pêche en mer Baltique. Sur les 28 échantillons analysés, 18 (soit 64 %) sont positifs au virus H5N1 HP. Aucun des poissons pêchés ne présente de signes de maladie. Ils pourraient donc être des porteurs sains du virus H5N1 HP.

Le virus de l’influenza aviaire survit plusieurs semaines dans l’eau à 4 °C

Le virus H5N1 HP est relativement fragile dans le milieu extérieur, sauf… dans les eaux froides. Il survit ainsi largement plus d’un mois dans un milieu liquide à 4 °C. Des oiseaux infectés peuvent donc contaminer des étendues d’eau et ainsi… leurs poissons. Ces derniers sont sans doute des porteurs sains qui pérennisent l’infection dans le plan d’eau. Les oiseaux, migrateurs ou non, qui le fréquentent pourraient alors s’infecter au contact ou par ingestion des poissons porteurs sains.

Cette découverte explique aussi a posteriori le rôle prépondérant des zones humides et des oiseaux d’eau dans l’extension du virus influenza aviaire. Tous les foyers se situent dans des zones dites humides, sur des côtes maritimes ou dans des régions de lacs ou d’étangs où les poissons sont évidemment nombreux. Il est encore trop tôt pour évaluer le rôle des déplacements des bancs de poissons dans la transmission de la maladie. Toutefois, il est admis que les voies migratoires des oiseaux ne peuvent pas, à elles seules, expliquer l’apparition de certains foyers. L’hypothèse d’une extension de l’affection via les migrations des poissons n’est donc pas exclue.

Aucun cas humain n’est relié à la consommation d’huîtres ou de poissons crus

Les autorités danoises ont averti depuis plusieurs jours la Commission européenne et les Etats membres de leur découverte. Le ministère français de l’Agriculture et l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) ne sont donc pas totalement pris au dépourvus par la révélation. Depuis quelques jours, le site Internet du ministère indique que « manger de la volaille, des œufs et du poisson cuit ne présente aucun risque ». Il précise en outre que « le virus H5N1 HP ne survit pas à une cuisson du poisson de 70 °C pendant seulement quelques secondes. Il n’y a donc aucun risque à manger des aliments cuits ».

Toutefois, les restaurants japonais qui servent des poissons crus devraient cuire leurs sushis au moins quelques secondes avant de servir ces plats à leurs clients. En outre, certains produits de la pêche, comme les huîtres, se mangent habituellement crues. Aucun cas de contamination par le virus H5N1 HP n’est toutefois encore rapporté chez les coquillages. De même, aucun cas humain n’est relié à une contamination par les produits de la pêche, même dans les pays asiatiques, les plus importants consommateurs de poissons au monde. La seule voie de contamination de l’homme reste l’inhalation de particules virales lors de contact étroit et répété avec les oiseaux infectés et leurs plumes.

Le gouvernement français a bien entendu immédiatement saisi l’Afssa sur la question du risque de la contamination humaine par les produits de la pêche, poissons et coquillages. Sur la base du principe de précaution, il devrait prendre quelques mesures supplémentaires. En cas de baisse brutale de la consommation de poissons ou de coquillages, le Centre d’information des viandes (CIV) deviendrait le Centre d’information des viandes et de la pêche pour organiser des campagnes d’information du grand public destinées à relancer les achats.

Dominique de Villepin confiait récemment aux journalistes qu’il n’avait jamais autant mangé de volailles que ces derniers mois. Il va lui falloir manger désormais autant de poissons que de volailles, en essayant d’éviter les arêtes…

Espèces sensibles aux virus H5N1 HP

Selon l’avis de l’Afssa du 3 mars dernier, en dehors des oiseaux et de l’homme, les espèces sensibles aux virus H5N1 HP, pour lesquelles des cas d’infection naturelle ou expérimentale sont rapportés, sont les suivantes : chat (infection naturelle et expérimentale), chien (infection naturelle), tigre, léopard, panthère nébuleuse, porc domestique, civette d’Owston, macaque, crabier, lapin blanc, furet, souris et rat. Il convient d’ajouter à cette liste le saumon Atlantique et la truite arc-en-ciel.

É. V.
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