« Il faut amplifier les programmes de coopération avec les pays africains »

La Semaine Vétérinaire : Vous rentrez d’une mission en Afrique. Comment s’organise la gestion de la grippe aviaire sur ce continent ? Quels sont les écueils ?

Geneviève Gaillard : Je rentre effectivement d’une mission au Sénégal et au Mali, dont l’objet était de faire le point avec les autorités sur les mesures prises en matière de lutte contre la grippe aviaire et de se rendre compte, avec les acteurs qui interviennent sur le terrain, de l’état des oiseaux migrateurs.

La prise de conscience des autorités, tant sénégalaises que maliennes, de la gravité de l’épizootie qui a débuté au Nigeria et au Niger est réelle. Son impact, aussi bien économique que sanitaire, est apprécié avec objectivité et réalisme. Les dispositifs d’information et d’intervention sont prévus avec un savoir-faire professionnel.

La conférence de Dakar, organisée par le président Wade pour l’ensemble des pays de la région ouest de l’Afrique, a permis la mobilisation de tous les Etats, qui restent vigilants, mais qui, en raison des modes d’élevage et du manque d’argent, semblent un peu débordés. Ainsi, l’acheminement des matériels de prélèvement est difficile, de même que les déplacements sur le terrain (manque de fonds pour acheter du carburant). Par ailleurs, rien n’est prévu pour compenser les pertes éventuelles auprès des éleveurs, si bien que la maladie peut rester non déclarée et cachée.

S. V. : La solidarité internationale s’est-elle organisée pour favoriser la gestion de la maladie ?

G. G. : La solidarité internationale n’est pas encore arrivée sur place. Je rappelle que la conférence de Pékin a débloqué 1,9 milliard de dollars pour la lutte contre la maladie aviaire et que rien n’est encore parvenu en Afrique. Nous avons sensibilisé les autorités africaines à faire des demandes urgentes de moyens au niveau international et, dès notre retour, nous avons incité les autorités françaises à demander l’aide mondiale pour l’Afrique. Dès le début de l’épizootie, notre pays a mobilisé la communauté internationale, aussi bien à Genève qu’à Pékin.

Concernant le volet “oiseaux migrateurs”, nous avons constaté leur bon état sanitaire et pu apprécier l’action des organisations non gouvernementales sur le terrain. La mortalité n’est pas supérieure à la moyenne, des prélèvements sont effectués chez les oiseaux morts et certains échantillons proviennent de volatiles vivants.

Je pense que l’une des priorités pour la communauté internationale est de débloquer en urgence des fonds qui seront destinés à l’Afrique. Des demandes de stages sont aussi à envisager, quelques-unes ont été faites. Enfin, plus largement, il est nécessaire de conforter la présence française, qui a fortement diminué depuis quelques années, et d’amplifier les programmes de coopération avec les pays africains qui le souhaitent.