Emploi précaire ne rime pas avec reconnaissance

Je tiens à réagir à l’utilisation abusive que font certains confrères du contrat nouvelle embauche (CNE). Depuis sa création, les employeurs peuvent y recourir par facilité ou pour se protéger en licenciant aisément le salarié au gré des volontés de chacun et des fluctuations du marché. Toutefois, je considère comme un manque de respect d’imposer un tel contrat à de jeunes confrères. Tous ont peiné pour obtenir le même diplôme et certains qui, comme moi, bénéficient déjà d’une certaine expérience, ont depuis longtemps prouvé leurs capacités à exercer et à s’intégrer dans une structure telle qu’une clinique vétérinaire. Il me paraît abusif de considérer le salarié vétérinaire comme n’importe quel autre, que l’on pourrait exploiter ou dont on se méfierait. N’accepte-t-il pas déjà beaucoup de choses (horaires à rallonge, astreintes, etc.) en contrepartie de la confiance que l’on veut bien lui accorder ? Alors est-il trop demandé d’avoir, en retour des services rendus, une juste reconnaissance de l’employeur et, surtout, l’assurance d’une situation suffisamment stable pour pouvoir construire une vie ? Une période d’essai de deux ans condamne à l’incertitude du lendemain, un sentiment dont nous espérions être à l’abri après une formation longue et qualifiante. Passe encore pour de jeunes confrères qui sortent de l’école et qui ont besoin de formation. Ceux-ci acceptent bien souvent une situation déjà précaire au travers des remplacements et il est certainement difficile de leur faire confiance sans pouvoir évaluer leurs capacités au vu de leur parcours. Mais je pense qu’il faut y réfléchir à deux fois pour des personnes qui ont déjà fait leurs preuves, d’autant que deux ans ne sont certainement pas nécessaires pour évaluer les capacités d’un vétérinaire salarié. Comment un jeune praticien, embauché dans ces conditions, peut-il se sentir intégré et prendre des initiatives comme un véritable collaborateur et peut-être futur associé ? Quant à la peur qu’ont pu inspirer à leurs employeurs quelques confrères salariés procéduriers, il faut savoir que CNE ou pas, personne n’est à l’abri d’aller un jour se défendre devant un tribunal. C’est donc se voiler la face que de croire se protéger avec de tels artifices. Futurs employeurs, vous qui songez à embaucher via ce contrat, dites-vous bien qu’il est illusoire de proposer un emploi précaire à quelqu’un et d’attendre en retour reconnaissance et motivation.