Trois espèces de chauves-souris frugivores africaines sont porteuses du virus d'Ebola

Trois chauves-souris frugivores africaines ont été identifiées comme réservoirs du virus d'Ebola⁽¹⁾. Il s'agit de l'hypsignathe monstrueux (Hypsignathus monstrosus), de l'épomophore de Franquet (Epomops franqueti) et de la petite myonyctère à collier (Myonycteris torquata). Les constats ont été faits en 2005, à l'issue de la collecte de plus d'un millier de petits vertébrés (chauves-souris, oiseaux, et autres) lors des épidémies d'Ebola au Gabon et en République démocratique du Congo, entre 2001 et 2005. L'immunoglobuline G spécifique du virus a été détectée dans le sérum de ces trois chiroptères, ainsi que des séquences virales dans le foie et la rate. Le virus lui-même n'a pas été isolé, en raison, d'après les scientifiques, de la très faible charge virale des tissus. Mais les conclusions de ces études sont sans appel. Elles montrent aussi de grandes différences entre les animaux, qui pourraient s'expliquer par des variations des réponses immunitaires et des processus de réplication virale.

Les épidémies d'Ebola s'accentuent à la saison sèche, où les ressources alimentaires de quantité d'espèces sont fortement réduites. Les arbres à fruits qui restent exploitables sont visités à la fois par les chauves-souris et les primates, ce qui pourrait faciliter l'infection de ces derniers. De plus, à cette époque de l'année, des changements dans la fonction immunitaire des chauves-souris se produisent, notamment selon les déficits alimentaires, avec pour résultat de favoriser la réplication virale. La contamination des populations humaines, elle, pourrait être certainement accentuée par l'habitude, répandue, de consommer des chauves-souris. Mais la chaîne globale des contaminations n'est pas connue avec suffisamment de précisions. Les chercheurs estiment donc qu'il est nécessaire de poursuivre assidûment les travaux sur l'écologie des trois chiroptères identifiés.

• (1) E. Leroy et coll. : « Fruit bats as reservoirs of Ebola virus », Nature, 1^er/12/2005.