Que pensez-vous des gardes partagées entre plusieurs clientèles ?

Ce système est satisfaisant

En région lilloise, nous bénéficions du système de garde de l'Association des vétérinaires de la communauté urbaine (AVC). La majorité des confrères et consœurs de cette communauté y adhèrent. Nous sommes donc quatre-vingts vétérinaires à nous partager les gardes dans cette zone. Dans le but d'éviter aux propriétaires d'animaux d'avoir à effectuer des trajets trop importants, deux structures géographiquement opposées sont ouvertes. Ce système est tout à fait satisfaisant, puisque chaque vétérinaire n'a qu'une garde de nuit à assurer toutes les six à huit semaines. Cela confère un confort de vie non négligeable. Par ailleurs, aucun détournement de clientèle n'est à déplorer, car nous nous sommes fixé comme règle de ne jamais revoir un client qui a consulté dans ce cadre. Un compte rendu est systématiquement envoyé aux confrères pour tout animal vu en urgence dont ils assurent habituellement le suivi.

Le dispositif mis en place est assez souple. Par exemple, le message enregistré sur le répondeur de l'AVC n'indique jamais l'adresse des vétérinaires qui assurent la garde. Seules leurs coordonnées téléphoniques sont communiquées aux clients. Ainsi, les confrères qui le souhaitent peuvent rester d'astreinte chez eux. En outre, nous avons choisi de ne pas définir de tarifs de gardes communs. Chacun détermine les prix comme il l'entend. Et, jusqu'à présent, nous n'avons jamais eu à déplorer de soucis de ce côté-là.

Il est également important de préciser que l'ambiance qui règne au sein de l'association est excellente. Pour preuve, nous organisons des réunions deux à trois fois par an, complétées par un week-end convivial où nos familles respectives sont conviées. Ces rendez-vous réguliers, auxquels les laboratoires participent financièrement, permettent d'entretenir la confraternité établie. Il s'agit là d'une valeur qui me semble incontournable dans le cadre du bon fonctionnement d'un système de gardes partagées.

Cela demande une certaine ouverture d'esprit

Lorsque nous nous sommes installés, le système des gardes partagées était déjà en place et fonctionnait bien. Nous n'avons donc pas hésité à le rejoindre. Nous tournons aujourd'hui à six structures, dont la plus éloignée se trouve à une vingtaine de kilomètres.

Le confort que nous procure un tel système est particulièrement appréciable. Il est néanmoins indispensable que l'entente entre confrères soit bonne et que la charge de corvées soit équitablement répartie. Dans l'ensemble, je crois que nous sommes plutôt satisfaits du système. Les clients disposent d'un service continu sept jours sur sept et doivent apprendre qu'ils ne peuvent pas toujours avoir affaire à leur propre vétérinaire. Sans doute certains clients nous font-ils des infidélités mais, après tout, il est normal qu'ils consultent le vétérinaire chez qui ils se sentent le mieux. En outre, ce phénomène ne semble pas très important. Le système est souple : nous n'envoyons pas de compte rendu et passons juste un coup de téléphone au confrère si cela est nécessaire.

Au-delà de notre confort de vie, ce dispositif nous permet de nous retrouver régulièrement autour d'un repas confraternel et d'entretenir une relation cordiale. Cela demande néanmoins une certaine ouverture d'esprit, pour accepter des méthodes de travail différentes des nôtres. Il est bon de pouvoir partir l'esprit tranquille en se reposant sur d'autres confrères.

Toutes nos tentatives se sont soldées par des échecs

La clinique dans laquelle j'exerce emploie quatre vétérinaires, dont un à mi-temps. Avec mes deux associés, nous nous partageons les gardes de nuit et de week-end. Bien que cela représente la partie de mon travail qui me pèse le plus, n'en assurer que le tiers me semble idyllique par rapport à mes expériences antérieures. Nous avons envisagé de pratiquer des gardes alternées avec d'autres confrères, mais toutes nos tentatives se sont soldées par des échecs, bien qu'il n'y ait eu aucune mésentente. Les principaux freins sont la distance (le confrère le plus proche est à 20 km) et le type d'activité. En effet, nous exerçons principalement en canine et, dans une moindre mesure, en équine. Or les confrères aux alentours ne souhaitent pas assurer les gardes d'équine, parce qu'ils ne s'estiment pas compétents ou que l'ampleur du déplacement serait préjudiciable à la continuité de leur service de garde.

Je pense que les gardes peuvent être partagées avec des confrères qui ont la même activité, le même abord de la déontologie et avec qui les relations sont bonnes. Mais même dans ces circonstances, le système peut être à l'origine d'une perte de clientèle. Je reçois des cas référés de dermatologie et, par esprit déontologique, je refuse de revoir ces propriétaires. Cela se traduit par une perte du client pour moi et le confrère.