Les usages détournés de la kétamine restent confinés - La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006

Stupéfiants. L’anesthésique vétérinaire hors de cause

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies vient de publier son rapport sur les « phénomènes émergents liés aux drogues en 2004 ». Sur ses cent soixante-dix-huit pages, cinq sont spécifiquement consacrées à la kétamine comme drogue hallucinogène, ce qui traduit bien la (faible) importance de la kétamine dans les phénomènes émergents en matière de drogue. Le rapport ne constate pas de développement de son usage qui reste très « confiné », selon l’observatoire.

Surprise : la “drogue” kétamine provient principalement de l’importation depuis quelques pays européens voisins. Le cambriolage de cliniques vétérinaires ou le détournement d’usage des solutions injectables de cet anesthésique vétérinaire ne sont même pas mentionnés comme un approvisionnement possible par les adeptes de ce produit. Le rapport ne plaide donc pas en faveur de mesures réglementaires supplémentaires vis-à-vis de cet anesthésique vétérinaire.

Aujourd’hui, les solutions injectables de kétamine sont des médicaments inscrits sur la liste I des substances vétérinaires. Elles suivent donc les mêmes règles d’approvisionnement, de prescription et de délivrance éventuelle que les antibiotiques. Toutefois, elles devraient être détenues dans une armoire ou un local fermé à clef avec un dispositif de sécurité renforcée. La conservation au réfrigérateur ne serait pas une nécessité, selon les études de stabilité des dossiers d’autorisation de mise sur le marché (AMM). En outre, les vols ou détournements éventuels doivent être déclarés aux autorités de police (commissariat), à l’inspection régionale de la pharmacie (généralement la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales) et à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps, unité des stupéfiants et psychotropes1).

Toutes les autres formes de kétamine (poudres, matières premières, etc.) sont classées dans la catégorie des stupéfiants, ce qui permet un meilleur contrôle et une traçabilité plus efficace des quantités employées.

Réservée au « courant underground du mouvement techno » des free raves

Pour l’observatoire français des drogues, l’usage de la kétamine comme drogue hallucinogène reste marginal et « réservé » à « une élite [de] l’espace festif techno » constituée, pour l’essentiel, de « nomades », de « travellers » : « Le courant underground du mouvement techno » (!). Son usage est observé, pour l’essentiel, dans les free raves et les teknivals. Elle est le plus souvent « sniffée » à la paille (après évaporation pour obtenir une poudre), plus rarement injectée ou ingérée (diluée dans des boissons).

Chez les non-usagers, la kétamine est plutôt mal perçue : « Une substance aux effets incontrôlables et incompatibles avec l’esprit festif », « un produit de malade ou de zombi ». Cette drogue « fait peur ». Les usagers en ont au contraire une « bonne image liée à un statut de produit rare réservé à une élite », « un super LSD ».

Selon l’observatoire, la kétamine n’est pratiquement pas disponible en France en dehors des free raves et des teknivals. Ce sont donc les « travellers ou nomades », adeptes de ces rassemblements en Europe qui, au cours de leurs voyages, la collecte et la ramène depuis la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie ou l’Angleterre.

La kétamine ne séduit pas les jeunes consommateurs

Une enquête de 2003 menée sur un échantillon de 21 151 jeunes (toxicomanes ou non) lors de la journée d’appel de préparation à la défense nationale (anciennement les “trois jours”) permet de mieux cerner l’importance relative des différentes drogues chez l’ensemble de la population des dix-sept ou dix-huit ans.

Seulement 0,6 % d’entre eux auraient “consommé” au moins une fois de la kétamine durant toute la période de leur adolescence, 0,3 % à dix-sept ans et 0,8 % à dix-huit ans. A cet âge, la quasi-totalité des jeunes ont déjà goûté à l’alcool (92 %) et au tabac (78 %). Le cannabis est, de loin, la première drogue prohibée consommée. Elle l’est déjà par plus de la moitié de ces jeunes. En matière de consommation de kétamine, les régions les plus touchées sont surtout les plus urbaines (Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur en premier lieu). Les zones rurales sont peu, voire pas du tout concernées.

L’âge de la première expérimentation de kétamine est assez “tardif”, de seize à dix-sept ans. Pour leur part, le tabac, l’alcool et le cannabis sont expérimentés dès l’âge de treize à seize ans en moyenne.

  • (1) Tél. : 01 55 87 35 93.

POUR EN SAVOIR PLUS

• Phénomènes émergents liés aux drogues en 2004. Sixième rapport national du dispositif TREND, Pierre-Yves Bello, Abdalla Toukik, Michel Gandilhon, Isabelle Evrard, Observatoire français des drogues et des toxicomanies.

• Eric Vandaële : « La kétamine : un vrai-faux stupéfiant », Le Point Vétérinaire, mars 2001, n° 213, pp 8-10.

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