Le prion pathogène est mis en évidence dans le muscle de cerfs américains - La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006

Maladie du dépérissement des cervidés

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

Des broyats de muscles de cerfs atteints de dépérissement chronique ont été inoculés à des souris transgéniques.

Aucun cas de transmission de la maladie du dépérissement chronique des cervidés (MDCC) à l’homme n’est démontré. Mais la crainte des Américains vis-à-vis de cette affection devrait s’accroître à la suite d’une étude récemment rendue publique. En effet, dans un article mis en ligne le 26 janvier dernier sur le site de la revue Science, des chercheurs annoncent la mise en évidence de la protéine prion pathogène dans le muscle de cerfs atteints de MDCC1.

Pour leur expérimentation, les scientifiques ont utilisé des souris transgéniques auxquelles ils ont administré, par voie intracérébrale, des tissus de cerfs malades, dont des muscles. Douze à dix-huit mois tard, les rongeurs ont développé des symptômes de MDCC. Le délai d’incubation est plus long lorsque des broyats de muscles, plutôt que de cerveaux, sont inoculés. L’équipe scientifique souhaite désormais savoir si la salive et les excréments des cerfs contaminés contiennent également l’agent pathogène de manière à préciser l’épidémiologie de la maladie et la maîtriser. En outre, les auteurs de l’étude n’ont testé que des cerfs présentant des symptômes de MDCC. Ils ne savent donc pas si la distribution du prion est la même chez des cervidés en incubation.

La maladie de dépérissement chronique sévit depuis plus de trente ans en Amérique du Nord

La MDCC est une encéphalopathie spongiforme subaiguë transmissible (ESST) qui affecte trois espèces de cervidés d’Amérique du Nord, vivant librement ou en captivité : le cerf mulet (Odocoileus hemionus), le cerf de Virginie (Odocoileus viginianus) et le wapiti des montagnes Rocheuses (Cervus elaphus nelsoni), appelé également rocky mountain elk par les Anglo-Saxons. La MDCC est la seule ESST rencontrée chez les ruminants sauvages2.

Diagnostiquée pour la première fois en 1967, elle sévit depuis plus de trente ans en Amérique du Nord. Elle est présente dans plusieurs Etats américains (Colorado, Wyoming, Nebraska, Dakota du Sud, etc.) et deux provinces canadiennes (Saskatchewan, Alberta). La prévalence apparente de la MDCC dans les populations sauvages peut atteindre 3 à 5 %. En captivité, les taux sont supérieurs à 50 % chez les adultes des élevages contaminés.

La contamination orale semble être la voie la plus vraisemblable de transmission

La MDCC se transmet directement d’un animal malade à un animal sain, au sein de chacune des trois espèces et sans doute entre elles, par l’intermédiaire de l’environnement. « Nos résultats suggèrent que la transmission horizontale jouerait un rôle prépondérant dans l’entretien de l’épidémie de la MDCC », concluaient les auteurs d’une étude publiée en 20033. La contamination orale est la voie la plus vraisemblable. La transmission verticale n’est pas exclue. Dans des conditions expérimentales, des espèces domestiques et des animaux de laboratoire (bovin, mouton, chèvre, furet, souris, singe écureuil) ont pu être contaminés par voie intracérébrale par l’agent de la MDCC.

La maladie du dépérissement chronique aboutit toujours à une issue fatale

La maladie touche surtout les cervidés adultes, âgés de trois à cinq ans. La période d’incubation moyenne de la MDCC est estimée à seize mois. Les signes cliniques rappellent souvent la tremblante des petits ruminants. Chez les cervidés sauvages, les anomalies comportementales et l’amaigrissement sont des symptômes évocateurs de la maladie. Les animaux d’élevage présentent de la polydipsie, de la polyurie, parfois de l’agressivité et des grincements de dents. La posture de l’animal est anormale et la tête est souvent portée basse. Des tremblements fréquents peuvent être observés. Une salivation excessive est aussi rapportée, ainsi que des difficultés à la déglutition. Comme toutes les ESST, la MDCC évolue toujours vers une issue fatale. L’hypothèse d’une possible transmission de la MDCC à l’homme, via la consommation de gibier contaminé, est émise, mais n’a jamais été démontrée. Cette crainte s’est intensifiée à la suite du décès de plusieurs chasseurs atteints de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, bien qu’aucune étude approfondie n’ait été réalisée.

  • (1) R. Angers et coll. : « Prions in skeletal muscles of deer with chronic wasting disease, » Science, 26/1/2006.

  • (2) Karim Adjou : « La maladie du dépérissement chronique fait trembler les cervidés, » La Semaine Vétérinaire, n° 1175, en page 36.

  • (3) M. Miller et coll. : « Horizontal prion transmission in mule deer, » Nature, vol. 425, 4/9/2003.

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