L’analyse des rations repose sur l’étude des aliments à disposition et de leur utilisation - La Semaine Vétérinaire n° 1213 du 11/02/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1213 du 11/02/2006

Suivi nutritionnel en troupeau laitier

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Anne Thébault

La qualité et la quantité des fourrages (ou aliments grossiers), des concentrés, sources de protéines et d’amidon, ainsi que des compléments minéraux et vitaminiques sont à déterminer.

La nutrition des vaches laitières a une importance particulière. Il est nécessaire d’assurer une alimentation équilibrée, indispensable à la production dans les meilleures conditions de rendement. Le vétérinaire est souvent un interlocuteur privilégié lors de problèmes alimentaires rencontrés dans un élevage laitier. Il peut s’agir d’un “simple” conseil dans le cadre global du suivi d’élevage (au même titre que l’appréciation du logement ou de la génétique des animaux) ou d’une difficulté plus particulière, liée à une maladie clinique. Dans ce cas, il convient, en plus des soins à apporter aux animaux atteints, de corriger, si c’est possible, les troubles subcliniques des autres animaux encore sains, et de prévenir une éventuelle récidive par une meilleure gestion de l’alimentation. Pour cela, il faut en premier lieu étudier ce dont l’éleveur dispose (en aliments) et la façon dont il le met en œuvre.

Les ruminants adaptent les quantités ingérées à l’encombrement de leur rumen

De façon simplifiée, les ruminants sont nourris avec des fourrages, des concentrés et des compléments minéraux et vitaminiques (CMV).

Les fourrages (ou aliments grossiers) sont verts (herbe, etc.), conservés humides (ensilages, etc.) ou secs (foin, etc.). Les concentrés, sources de protéines, d’amidon et pauvres en constituants fibreux apportent soit de l’énergie (grains, aliments riches en amidon, sous-produits industriels, etc.), soit de l’énergie et des protéines (tourteaux, etc.), soit des matières azotées (azote non protéique).

Les ruminants ont une régulation physique de leur appétit. Ils adaptent les quantités ingérées à l’encombrement de leur rumen. Plus un aliment est encombrant, comme le fourrage, moins ils en consomment. Il convient aussi de tenir compte des interactions entre les concentrés et les fourrages qui modifient l’ingestion volontaire de celui-ci et l’efficacité de l’utilisation de l’énergie (voir bibliographie 7).

Pour définir la ration d’une vache laitière, ses besoins sont d’abord établis (entretien, production laitière, voire gestation), afin d’évaluer ensuite les apports nécessaires : ration de base, correcteur d’équilibre, complément de production, compléments minéraux et vitaminiques (voir tableau). En pratique, les fourrages sont souvent distribués à volonté et le rationnement consiste à calculer la quantité et la composition des aliments concentrés (voir bibliographie 7).

Parfois, les besoins ne peuvent pas être satisfaits, comme chez les vaches laitières en début de lactation, en raison de leur faible capacité d’ingestion à cette période. Le rationnement doit alors évaluer le déficit tolérable et le compenser ultérieurement, pour permettre la reconstitution des réserves de la vache.

Le séchage et les techniques d’ensilage influent sur la valeur alimentaire

Les fourrages disponibles sur l’exploitation sont répertoriés. Pour chacun la nature botanique est précisée (prairie permanente ou cultivée, espèce botanique) ainsi que le cycle, le stade végétatif, les conditions de préparation et de conservation : vert, séché en grange ou au champ, ensilé (avec ou sans préfanage, conservateur, haché en brins longs ou courts, etc.). Ces différents procédés entraînent la perte de certains nutriments et donc une modification de la valeur alimentaire. Les traitements chimiques peuvent apporter un enrichissement nutritionnel (utilisation de l’ammoniac sur les foins).

Les tables de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) constituent le document disponible le plus détaillé sur la valeur alimentaire des fourrages. Si ces derniers ont une composition variable, une analyse est effectuée. Elle permet de connaître la valeur alimentaire du fourrage et, pour les ensilages, les conditions de conservation (valeur du pH, teneurs en acide acétique et butyrique, azote ammoniacal par rapport à l’azote total). Ces analyses respectent les règles d’échantillonnage (voir encadré et bibliographie 4).

Les concentrés sont également recensés. S’il s’agit d’aliments du commerce, les étiquettes ne donnent pas d’informations sur la valeur alimentaire. Il convient alors de se renseigner auprès du fournisseur. Pour les autres concentrés, la valeur alimentaire précise n’est pas indispensable, hormis pour les sous-produits variables dans leur composition ou d’aspect anormal (graines de petite taille, par exemple) (voir bibliographie 2).

Une distribution individuelle des concentrés fait l’objet d’un plan de rationnement précis

Parfois, les fourrages et les concentrés sont donnés séparément. Dans ce cas, les fourrages sont en général distribués “à volonté”, sauf pour quelques animaux (femelles taries, prétroupeau, etc.) dont les besoins sont moindres. Il convient de veiller à ce que les animaux puissent réellement consommer des fourrages à n’importe quel moment de la journée, en libre-service (silo) ou à l’auge. La largeur du silo ou de l’auge doit être suffisante, les parties moisies et/ou refusées enlevées une à deux fois par jour, le détassage du silo ou la distribution à l’auge effectués deux fois par jour.

La quantité de fourrage ingéré est souvent imprécise et difficile à déterminer, sauf pour les rations servies à l’auge ou celles en bottes ou en balles dénombrables et dont le poids est connu. Pour les ensilages distribués en libre-service, seule une estimation des volumes ingérés peut être réalisée, avec les imprécisions dues à l’appréciation de la densité du silo et aux variations individuelles de consommation. Les concentrés sont servis individuellement, en salle de traite ou en distributeur automatique de concentrés (DAC). Une telle distribution doit faire l’objet d’un plan de rationnement précis (nombre de “coups de tirette” pour chaque vache en salle de traite, programmation du DAC) et être fiable pour les quantités distribuées (contrôle à chaque changement de nature ou de présentation du concentré). Son principal inconvénient est de proposer des repas de concentrés trop importants, surtout en salle de traite (voir bibliographie 2). La vache n’a pas le temps d’ingérer sa quantité de concentrés et l’ingestion n’est pas répartie au cours de la journée. Les synthèses microbiennes dans le rumen et l’utilisation digestive des nutriments ne sont donc pas optimales (voir bibliographie 4).

En revanche, une distribution des fourrages et des concentrés sous forme de mélange permet d’obtenir un rapport fourrages/concentrés à peu près constant. Ces “rations complètes” sont généralement distribuées à volonté. Il suffit de contrôler l’homogénéité du mélange et de vérifier que celui-ci n’a pas provoqué de hachage excessif des fibres ou une dilacération longitudinale, préjudiciable à la rumination (voir bibliographie 2). Ce mode de distribution est adapté à la répartition des animaux par lots homogènes (vaches en pleine production, vache en fin de lactation, vaches taries) (voir bibliographie 4).

  • Source : bibliographie 4.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - F. Enjalbert : « Alimentation et composition du lait de vache », Le Point Vétérinaire, 1994, vol. 25, n° 156, pp. 769-778.
  • 2 - F. Enjalbert : « Conseil alimentaire et maladies métaboliques en élevage », Le Point Vétérinaire, 1995, vol. 27, numéro spécial, pp. 713-718.
  • 3 - C. Federici : « Suivi global du troupeau laitier : mode d’emploi », La Dépêche Vétérinaire, 1997, n° 524, pp. 18-19.
  • 4 - M. Fontaine : Vade-mecum du vétérinaire, éd. Vigot, Paris, 1987, 1 642 pages.
  • 5 - D. Grandjean et F. Etienne : « Quelques bases en alimentation », in TP de productions animales. Chaire de zootechnie et d’économie rurale, 1989, ENVA, pp. 101-109.
  • 6 - A. Hoden, J.-B. Coulon et P. Faverdin : « Alimentation des vaches laitières », in Alimentation des bovins, ovins et caprins, R. Jarrige, 1988, Inra, Paris, pp. 135-158.
  • 7 - M. Journet : « Optimisation des rations », in Alimentation des bovins, ovins et caprins, R. Jarrige, 1988, Inra, Paris, pp. 121-133.
  • 8 - H. Seegers, B. Grimard et I. Leroy : « Abord global de l’élevage bovin laitier », département des productions animales, ENVN et ENVA, 119 pages.

Recommandations pour les prélèvements

• Fourrages : Foin : faire un prélèvement moyen (le foin est hétérogène) dans un sac de 3 kg. Ensilage : prélever les échantillons en six endroits au moins du front de silo, à 10 ou 15 cm de profondeur pour éviter l’ensilage refermenté au contact de l’oxygène atmosphérique ; prélever environ 1 kg, dans un sac plastique propre et bien tasser ; préciser l’adjonction de conservateurs, urée ou ammoniac (quantité, etc.), sinon signaler « sans conservateur ».

• Concentrés/farine : Prélever 200 g et joindre l’étiquette du fabricant ou la nature des matières premières pour une farine fabriquée sur place.

A. T.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr