Comment bien conserver les médicaments vétérinaires ?

1 STOCKAGE AU DOMICILE PROFESSIONNEL.

La détention des médicaments vétérinaires ne peut se faire qu’au(x) seul(s) domicile(s) professionnel(s) du vétérinaire, dans l’officine du pharmacien ou le local du groupement. Le vétérinaire ne peut pas détenir, sous sa responsabilité, des médicaments dans d’autres lieux, même s’il y donne habituellement des soins, y compris dans un organisme de protection animale. Lorsque les médicaments sont délivrés au détail, ils ne sont plus sous la responsabilité pharmaceutique de l’ayant droit, mais sous celle du détenteur des animaux à qui ils sont prescrits. Cet éleveur ne peut pas les céder à d’autres, même gratuitement. Dans le cas du colisage, les conditions de transport, forme particulière de délivrance, sont de la responsabilité du fournisseur (ici de l’ayant droit) et non de l’éleveur. De même, le grossiste est responsable des conditions de livraison des ayants droit.

2 BÉNÉFICIAIRES.

Les médicaments sur prescription (ceux des listes I et II des substances vénéneuses) ne doivent pas être disposés de façon à être directement accessibles au public. Cela concerne donc la majorité des médicaments. En revanche, les rares produits pour lesquels une prescription n’est pas exigée peuvent être laissés en libre accès, par exemple sur un présentoir.

3 KÉTAMINE ET MORPHINIQUES SOUS CLÉ.

Quelques rares spécialités doivent réglementairement être enfermées dans une armoire ou un local fermé à clef et spécifiquement dédié à cet usage, comme le sont les stupéfiants en médecine humaine. Les morphiniques “humains” détenus pour un usage professionnel dans les cabinets vétérinaires, la kétamine ou la tilétamine sont à placer sous clef dans les locaux ou armoires spécifiques, munis d’un système d’alerte ou de sécurité renforcé contre toute tentative d’effraction. Il n’est pas nécessaire de stocker au réfrigérateur les solutions injectables de kétamine, selon les études de stabilité et les notices d’emploi officielles.

4 ATTENTION AU GEL ET À LA CANICULE.

Les médicaments les plus sensibles à la chaleur, qui sont stockés dans un réfrigérateur comme les vaccins, ne sont évidemment pas sensibles aux variations climatiques dès lors qu’ils n’en sont pas sortis. Dans le cas général des produits sans précautions particulières de stockage, les études de stabilité sont réalisées à des températures standard constantes de 25 ou 30 °C à 60 ou 65 % d’humidité (RH), sans reproduire les écarts éventuels de température jour-nuit. Le plus souvent, le développement de ces médicaments inclut aussi des études de stabilité dites accélérées à 40 °C et 75 % RH pendant six mois. Dans les locaux professionnels, la température ambiante ne descend pas en dessous de 0 °C, même par grands froids. Lors de canicules, cette température ne dépasse pas 40 °C, ou seulement pendant quelques heures ou jours. Selon l’Agence du médicament humain, les conditions climatiques extrêmes ne conduisent donc pas à inactiver ou dégrader les médicaments étiquetés comme à conserver à moins de 25 ou 30 °C, même si la température atteint parfois 40 °C. Toutefois, le stockage des médicaments dans les bâtiments d’élevage, non chauffés en hiver, peut poser problème en cas de gel. Les essais de stabilité des médicaments courants n’incluent pas d’étude “froide” permettant de prévoir la conservation après un gel et un dégel, qu’il s’agisse des formes liquides ou solides. Les comprimés contiennent en effet une humidité résiduelle et leur comportement lors de congélation n’est pas étudié. En outre, certaines formes galéniques sont plus sensibles que d’autres à la chaleur ou au gel, notamment les pâtes, les pommades (intramammaires, etc.), les crèmes, les émulsions. Un changement d’aspect de la forme galénique doit évidemment amener à ne pas utiliser le médicament.

5 LE SUREMBALLAGE EST UTILE.

La conservation des médicaments dans le conditionnement d’origine a plusieurs avantages. D’abord, il les protège de la lumière. Ensuite, l’emballage, même non isotherme, peut éviter que le médicament soit exposé “à cœur” à des températures aussi élevées qu’à l’extérieur, surtout au soleil derrière une vitre. Dans ce cas, la température interne peut être inférieure de 5 à 10 °C si le produit est protégé par un suremballage, même non isotherme. Enfin, surtout dans le cas de présentations “en vrac”, le suremballage est le seul à être étiqueté de manière complète (éventuellement avec la notice d’emploi qu’il contient).

6 LE MAILLON FAIBLE RESTE LA VOITURE.

Les véhicules des professionnels, vétérinaires ou médecins, constituent le maillon faible du transport/stockage de longue durée des médicaments. Sur un cycle de 24 heures, les températures peuvent être inférieures à 0 °C la nuit, avec le risque de congélation de certains liquides, et atteindre avec le soleil plus de 40 °C, soit des écarts allant jusqu’à 30 ou 40 °C. En été, la température peut se maintenir pendant plusieurs heures au-dessus de 60 °C, voire atteindre plus de 80 °C sous la vitre arrière. Il est alors recommandé de stationner les voitures à l’ombre, dans l’idéal dans des garages ou sous des auvents les protégeant à la fois du gel en hiver et de la forte chaleur en été. Les vitres traitées thermiquement sont aussi conseillées, mais sans doute insuffisantes lors de grand froid ou de canicule. Dans les cas extrêmes, l’Agence du médicament humain recommande un renouvellement rapide des stocks embarqués (même non périmés). La conservation de tous les médicaments (pas seulement ceux considérés comme sensibles) dans des emballages ou caissons isothermes est recommandée dans les voitures. De plus en plus de véhicules ruraux en sont équipés. Il n’est alors pas nécessaire de disposer d’un petit réfrigérateur. Les emballages isothermes suffisent généralement au transport durant quelques heures des médicaments les plus sensibles (vaccins, etc.) qui ne doivent évidemment pas être stockés plus d’une journée dans une voiture.

7 PAS D’ENTAMÉS DE PLUS DE 28 JOURS.

Le risque principal de la conservation des flacons entamés est celui de la contamination infectieuse. Quelques précautions simples d’asepsie lors des ponctions, réduites en nombre, permettent de limiter le risque. Au cabinet vétérinaire ou dans l’élevage, le stockage des entamés au réfrigérateur (sans gel) limitera aussi la prolifération bactérienne. L’étiquetage des nouveaux flacons multiponctionnables inclut une période de conservation de quelques heures (au minimum pour certains vaccins après reconstitution) et jusqu’à 28 jours pour des antibiotiques injectables notamment. Il est alors recommandé de noter la date de la première ponction sur le flacon et d’utiliser des flacons plus petits si la rotation est insuffisante.